vendredi 18 juillet 2025

Légende en péril


 

La robe en feu, les dryades ont tenté d’échapper aux flammes qui ont ravagé le cœur de Brocéliande, le Val sans Retour et son Arbre d’Or, Tréhorenteuc et son église dédiée aux chevaliers de la  Table Ronde , en vain !

Elles se sont tordu les mains de désespoir mais les flammèches de l’incendie ont couru dans la lande et ont détruit une flore qui se reconstruisait à peine.

Que reviennent Merlin et la fée Viviane pour que la forêt légendaire soit mise à l’abri des incendiaires qui mettent à mal le pays des légendes !

Le royaume des fleurs oubliées

 



Dans le royaume des fleurs oubliées, des pavots d’or annoncent à son de trompe l’arrivée de la reine dont la jupe tulipe se gonfle au vent léger, lui donnant l’allure d’une voile.

La belle Salomé, sa suivante, lui emboite le pas.

Rose, pivoine et lilas la caractérisent et lorsqu’elle danse, ses anneaux de cheville tintent à la manière d’un xylophone ou d’une flûte de Pan.

Mais voici le prince Muguet qui laisse dans son sillage des parfums qui évoquent l’enfance, la course dans les bois et la révolution couvant sous les braises des chansonniers.

La princesse Myosotis succombe au charme du prince Muguet et le couple s’éclipse discrètement pour vivre leur passion dans un palais de marbre, d’ivoire et de bois de rose.

Ils dorment enlacés dans un grand lit à baldaquin et rêvent d’une vie entièrement vouée à l’amour.

Les églantines, les coquelicots, les pâquerettes et les boutons d’or forment un berceau qui incite à la rêverie et à la douce poésie aimée par Ronsard.

Le prince des poètes, Louis Aragon surgit dans cet écrin de beauté et il rappelle à la ronde l’essence de la fraternité.

«  Il régnait un parfum de grillons et de menthe » chante dans nos mémoires et nous croyons voir les miroirs de nos âmes qui nous renvoient le souvenir de nos amours.

La reine se promène dans ce domaine et sa jupe, enflée comme une montgolfière, lui donne un air surnaturel.

Telle la déesse de la beauté, elle va et son éventail et son ombrelle éloignent les prédateurs et les enchanteurs malveillants.

Sa promenade achevée, elle rentre chez elle et demande aux jardiniers d’entretenir les plates-bandes de millepertuis, de chèvrefeuille et de jasmin.

Elle leur demande également de planter des orangers et des citronniers et elle souhaite que l’on construise une fontaine comprenant un dispositif musical.

On déclenchera ainsi l’air de la fée Clochette, de la reine de la nuit ou un grand air de la Traviata.

Rêvant à ce projet ô combien poétique , la reine s’endort et un cortège d’oiseaux, de fleurs et de joyaux s’organise pour qu’elle ne soit pas seule dans le royaume de Morphée, aimable ou inquiétant selon l’état d’âme de celui qui franchit la frontière du réel pour plonger dans l’inconnu !   

Sur la harpe du vent

 



Sur la harpe du vent j’ai épelé ton nom mais seul, l’écho m’a répondu.

Alors j’ai invoqué la déesse des bois et des tourterelles sont venues jusqu’à moi.

Escortée par ces oiseaux symbolisant l’amour et la paix, je me suis rendue au mausolée imaginaire où repose le souvenir d’un poète disparu dont les sonnets ont charmé tant d’amateurs de la poésie classique.

Je lui ai apporté les roses du souvenir et je les regarde s’épanouir dans un vase de cristal, regrettant que tu ne sois plus là pour les admirer et respirer leur parfum.

Je regagne ma demeure en me récitant quelques vers des Cieux Déracinés et je regrette que depuis ton départ, aucune grande voix ne se soit fait entendre pour que la parole de l’orphelin trouve sa place dans le panthéon de la poésie qui impose au lieu de subir le joug des forces dominantes ! 

jeudi 17 juillet 2025

Voyage gothique

 

 


Vêtue d’un sarouel et d’une saharienne, chaussée de bottines en daim, Madelon prit place sur une selle disposée près de l’encolure de Saphir.

L’envol fut fantastique. Madelon traversait les nuages avec bonheur. Vu du ciel, le paysage terrestre prenait une toute autre dimension.

Saphir eut tôt fait de gagner le petit bois où reposait la fleur convoitée.

Il atterrit en douceur. Madelon le remercia en  lui caressant délicatement les oreilles ce qui provoqua chez le dragon une ondée de plaisir qui fit jaillir des saphirs. La jeune fille les collecta et les déposa dans une pochette qu’elle portait à la ceinture.

En arrivant près du chêne, elle découvrit la pierre en forme de cœur qui contenait l’orchidée stylisée. Elle lut son nom gravé dans un entrelacs fleuri et enfin, elle vit joliment adossé à la pierre de granit un petit cœur rose signé Florian.

Madelon fut sensible à cet hommage et elle plaça le petit cœur dans la pochette qui contenait les saphirs.

Elle s’assit au pied de l’arbre et dessina, de mémoire, la silhouette de Florian, jeune tailleur de pierre qui lui adressait une splendide déclaration d’amour.

Comprenant la situation, Saphir prit son envol sans mot dire et repartit vers son château, le cœur meurtri.

Il ordonna à ses serviteurs que l’on porte au village de Madelon les toilettes qu’elle avait portées, un miroir auquel elle tenait et un coffre empli de saphirs dont il lui faisait cadeau.

Ses dessins, toiles et matériel de peinture furent ajoutés.

De retour chez elle, Madelon reçut un à un les habitants du village venus lui dire le bonheur de la savoir de retour.

Florian attendit la tombée de la nuit pour frapper à la porte de l’élue de son cœur.

Intimidé par le nouveau statut de la jeune fille, Florian hésitait à la demander en mariage mais Madelon le mit à l’aise en lui disant que des pierres précieuses ne pouvaient pas créer une distance.

«  Tous les trésors du monde ne valent pas ce cœur de granit que vous avez sculpté avec tant de talent » dit -elle et elle proposa que le prénom Fleur d’Orchidée soit donné à la première petite fille issue de leur union.

Quant à Saphir, il eut la chance de rencontrer une jolie dragonne et il oublia son chagrin d’amour en lui faisant la cour.