Loïc et ses compagnons eurent un réveil difficile. Ils se
trouvaient dans un lieu insalubre, saturé d’humidité et de moisissures.
Un quignon de pain et de l’eau saumâtre, voilà ce que leurs geôliers
leur offraient pour toute nourriture.
Un mot résonna dans la tête douloureuse du comte de Locronan :
« édelweiss ».
C’est sans doute ce que je dois apporter à notre reine se
dit-il et il fixa sa pensée sur cette étrange fleur aux pétales immaculés,
douce comme le velours.
Il se souvenait d’une représentation stylisée de la fleur des
neiges reposant dans un livre.
Il nous faut trouver le moyen de fuir cet endroit immonde,
indigne de notre rang et de notre reine !
Comme si cet appel muet était entendu, une clef tomba à ses
pieds, la clef de la lourde porte de chêne de leur geôle !
Une colombe avait dérobé ce sésame béni au gardien endormi et
l’avait projeté par une minuscule ouverture qui permettait la diffusion de la
lumière du jour.
Loïc réveilla ses compagnons puis il introduisit la clef dans
la porte qui s’ouvrit vers la liberté.
Assommé par le choc, le gardien n’eut pas le temps de sonner
l’alarme. On le bâillonna de surcroît et nos chevaliers montèrent lentement les
marches de l’escalier qui les conduisait au chemin de ronde.
Dame Héloïse avait donné à son époux une magnifique écharpe
tissée par ses soins. C’était le symbole de son amour réalisé en fleur de lin. Cet
accessoire d’élégance servit l’évasion des chevaliers.
Loïc noua solidement l’écharpe à un créneau de la muraille et
il se laissa glisser en murmurant le nom de son épouse. Ses compagnons le
suivirent, le dernier réalisant la prouesse de dénouer l’écharpe de son
seigneur pour que cet objet sacré ne tombe pas aux mains de leur ennemi.
Loïc s’enveloppa dans cet entrelacs passionné et sentit
battre le cœur d’Héloïse contre son épiderme.
Les chevaliers retrouvèrent leurs chevaux qui avaient été
parqués dans un enclos et piquèrent des deux pour fuir cet endroit insalubre.
Bientôt le château diabolique disparut de leur champ de
vision et forts de cette liberté retrouvée, ils se mirent à la recherche de l’édelweiss,
la fleur miraculeuse qu’ils devraient rapporter à leur reine, la grande Zoé qui
siégeait à la Table Ronde de son château en souveraine absolue.