Loin de s’imaginer que Madelon vivait comme une princesse dans un mystérieux manoir, les villageois s’inquiétaient de la disparition de la jeune fille. Des chiens célèbres pour la qualité de leur flair suivirent la piste jusqu’à l’orchidée. Ils ne prirent pas la position du mort mais tournèrent en rond pour signifier une interrogation dont l’origine leur était inconnue.
Florian, un jeune tailleur de pierre, amoureux discret de Madelon se permit de cueillir l’orchidée, dans l’intention de garder le contact avec l’objet du désir de la jeune artiste.
Il se dirigea vers la carrière de granit, son domaine, après avoir vitrifié la fleur et tailla un cœur géant dans le granit, plaçant l’orchidée dans un cercle de rubis qu’il tenait de sa grand-mère. Il grava le nom de Marjolaine et utilisa une carriole pour transporter et déposer le présent au pied du chêne où l’on avait relevé les dernières traces de la jeune fille.
L’effet était spectaculaire. Le lieu ainsi sanctuarisé, Florian entreprit divers voyages pour tâcher de retrouver la disparue.
C’est ainsi qu’après avoir longtemps marché, il aperçut au loin les tourelles d’un château fortifié dont il ignorait l’existence.
Il avança prudemment et se cacha derrière des buissons, attendant, le cœur battant, la venue probable de celle qu’il aimait. Un tel décor est nécessairement adapté à sa personne se disait-il et une petite voix lui recommandait de se tenir éloigné d’un péril assuré : le maître des lieux était forcément un personnage puissant et s’il avait enlevé Madelon, il n’avait pas l’intention de la laisser partir.
Sa patience fut récompensée ; alors que ses paupières menaçaient de fermer le rideau des perceptions oculaires, il vit apparaître sa princesse, fuseau à la main, en compagnie d’une jeune femme qui semblait avenante.
Elles s’assirent sur un banc et Marjolaine fila la laine avec application. Lorsque la pelote fut achevée, les deux femmes se dirigèrent vers le château, laissant Florian pensif.
Marjolaine ne semblait pas malheureuse. Était-elle venue de son plein gré ou avait-elle été véritablement enlevée ?
Il prit le chemin du retour, un énorme doute au fond du cœur.
Durant quelques jours, il se rendit au pied du chêne en guise de pèlerinage.
Il tailla de petits cœurs en granit rose, grava son nom et repartit vers les jardins du château, cœur en poche.
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