Dans son village, Madelon était connue pour ses longs jupons qui lui donnaient une démarche chaloupée au son de doux frous-frous.
Un jour, on ne la vit pas rentrer au village à la nuit tombée et chacun s’inquiéta. Que lui était-il arrivé ?
Comme d’habitude, elle s’était rendue dans un petit bois dont elle connaissait chaque coin. Elle aimait récolter les fruits de saison et composait de magnifiques bouquets qu’elle vendait le soir même pour embellir l’intérieur des ménagères.
Elle occupait ses soirées à confectionner des bijoux artisanaux avec les trouvailles collectées dans les sous-bois ou à filer la laine, tisser la soie et broder.
Ce jour-là, en apercevant une orchidée, elle ne vit pas une ombre l’envelopper et la prendre pour l’emporter, aveuglée, ficelée sur la selle d’un cheval ou d’une monture inhabituelle.
Les yeux bandés, elle ne vit pas son point de chute. Une poigne solide la souleva et la déposa dans une pièce où elle découvrit, à tâtons, un sofa confortable.
Elle s’y installa, guettant le retour de celui qui l’avait enlevée.
C’est une jeune femme aux gestes doux qui détacha son bandeau ; la pièce qui lui était réservée était charmante. Lit à baldaquins, armoire contenant de jolies toilettes, secrétaire en bois de rose garni de parchemins et de stylos, piano, meublaient la pièce ; un cabinet de toilette jouxtait la pièce avec le nécessaire hygiène et beauté.
La servante qui se prénommait Angélique lui apporta un repas sur une desserte. Chaud-froid de volaille, salade composée, crèmes à l’eau de rose et fondant au caramel ravirent les sens de la jeune fille qui en oublia, l’espace d’un instant, l’étrange situation dans laquelle elle se trouvait. De l’hydromel et de l’eau parfumée à l’orange facilitèrent sa digestion.
Angélique lui proposa une promenade dans les jardins, ce qu’elle accepta avec joie.
Elles traversèrent de longs corridors, descendirent les marches du perron et marchèrent dans des allées bien entretenues, séparant des carrés potagers ou fleuris.
Avisant un chêne centenaire, Madelon souhaita s’en approcher. Parvenue au pied de l’arbre royal, elle eut la surprise de découvrir une orchidée toute semblable à celle qu’elle avait vue avant son enlèvement.
« Serai-je en train de vivre une aventure d’Alice Outre-Miroir » se demanda-t-elle. Pour ne pas abîmer la fleur, elle sortit un petit sac qu’elle détenait dans ses jupons ainsi qu’un matériel à dessins.
Elle croqua l’orchidée sous tous les angles, se promettant d’en réaliser une aquarelle.
Ce travail achevé, le soir tombant, les deux femmes rentrèrent au manoir.
Angélique lui prépara un bain, l’aida à revêtir une magnifique chemise de nuit brodée d’un semis de boutons d’or et lui souhaita une bonne nuit.
Madelon trouva l’alcôve confortable et s’endormit, espérant que le lendemain verrait sa délivrance.
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