vendredi 22 avril 2022

Un bouquet de lilas

Les étoiles parfumées du lilas s’épanouissant en bouquet dans un vase aux couleurs violine m’emmènent bien loin dans ces clairières de tendresse où tu étais encore là pour me prendre la main.

Avril était notre mois privilégié, celui de nos anniversaires, toi le 15 et moi le 22.

Ces dates incontournables, la nuit du Titanic pour le 15 et la naissance de Lénine pour le 22, nous aimions les fêter de concert, l’un étant le miroir de l’autre.

Les notes du bonheur jaillissaient comme l’écume des rivières de notre enfance, roulant dans ses eaux profondes les galets dorés de notre jeunesse.

Les chansons que nous aimions, je ne peux plus les écouter sans ressentir un pincement au cœur car tu n’es plus là pour les entendre avec moi.

Tant de souvenirs nous lient qu’il me semble que je marche à cloche-pied et de guingois.

Alors, pour me consoler, je me réfugie dans les effluves du lilas dont les racines unissent la terre au ciel en un chant où se mêlent le chagrin et l’amour en un crescendo divin.

 

 

lundi 18 avril 2022

Pluie de roses ardentes

 



Une pluie de roses ardentes a embaumé le jardin d’amour de la reine, lui rendant le sourire et l’espoir.

Quand reviendra-t-il, son chevalier ? Elle lui a confié son écharpe de soie beige brodée de roses pour qu’elle lui serve d’oriflamme et à présent, du haut du donjon de son château de brume, elle scrute l’horizon, rêvant de voir se déployer au loin son cadeau d’amour.

Mais c’est un cheval noir, portant un drapeau noir qui apparaît, drapé dans une housse fleurdelisée : c’est le corps de son bien aimé qui lui est rendu, en retour de la terre sainte où il avait porté le fer pour délivrer un tombeau sacré, celui du Christ.

«  Plus jamais ses doigts fins ne se lieront aux siens, plus jamais ses lèvres couleur cerise ne cueilleront un baiser, le sien qui fera trembler son corps ardent, plus jamais des strophes azurées ne jailliront de sa voix chaude aux accents occitans ».

Voilà ce que se répète la reine puis elle se laisse conduire par ses dames d’atour et son écuyer pour rendre un dernier hommage à celui qui n’habitera désormais que dans sa mémoire.

Une pluie de lys sombres s’abat alors sur son jardin d’amour et elle s’y rend pour que perdure l’âme de son aimé.

dimanche 17 avril 2022

Un singulier concours

 



Lassé de devoir choisir la dame de ses pensées parmi les belles et nobles personnes qu’on lui présentait, un prince qui avait fait de livres de recettes gourmandes son principal thème de prédilection, fit savoir à son de trompe et de tambour qu’il élirait celle qui monterait sur le trône royal à la suite d’un concours gastronomique : des critères savants, alliant élégance, saveur, sens de l’économie et de l’utilisation des ressources du royaume furent répertoriés et remis à chaque postulante.

La belle Soraya enchanta les convives par sa pastilla aux amandes et aux pigeons suivie d’une pastilla à la crème de roses, de fruits confits et de raisins secs. Charmante et gaie, la jeune Aurore présenta un plat de poulet à la sauce poulette, accompagné de légumes en cocotte et son dessert obtint tous les suffrages car il consistait en une pyramide de choux caramélisés, délicatement fourrés d’une merveilleuse crème parfumée à la bergamote.

Douce qui portait joliment son prénom eut l’audace de proposer aux gourmets une ronde de pains en tout genre, rappelant à chacun les charmes de sa province : fouace, pains au sésame, brioches poitevines, sucrées ou salées, pains de sarrasin fleurant bon la Bretagne, toute une évocation provinciale qui ne pouvait qu’évoquer des souvenirs d’enfance ou d’événements heureux.

Marion venue des Hauts de France servit des plats fleurant bon le genièvre, le pain d’épices et la bière blonde : du coq au vin glissa dans les palais comme du velours et son accompagnement de pommes dauphine ravit les amateurs de mets tenant au corps tout en étant digestes. Des tartes à la cassonade, à la rhubarbe, à la crème de pruneaux et au lait crémeux firent l’unanimité.

Enfin, la délicieuse représentante de l’Aquitaine servit une soupe dite garbure, une salade gasconne, du saumon à la sauce hollandaise et des cannelés pour dessert. Une tourtière arrosée à l’Armagnac, la plus ancienne eau de vie de France fut le bouquet final.

Ces délices absorbés, le jury se retira pour délibérer et choisir la cuisinière qui leur aurait fait la plus forte impression.

Le prince Abdallah de l’île aux perles, le comte Louis de Champagne, le marquis Erwan de Fouesnant, le baron Charles de Mont de Marsan, Henri de Chambéry, Sylvain de Noailles chantèrent les louanges de ces jeunes demoiselles qui avaient fait montre de leur talent avec brio et de telle sorte qu’aucun plat ne pouvait se détacher avec netteté.

Le prince proposa que l’on passe au vote, ce qui fut accepté avec enthousiasme.

Dame Pervenche, la première gouvernante du palais, apporta de jolies enveloppes parfumées à la rose et chacun glissa le nom du plat qui l’avait ému.

Le prince ne voulut pas choisir le plat de son enfance, la fameuse pastilla et il choisit, pour leur pertinence en période de disette, la ronde de pains, merveilleuse, nourrissante et légère.

Chacun voulut honorer le plat régional de son voisin de sorte qu’il fut impossible de donner une priorité nette à une réalisation.

Dame Pervenche suggéra que l’on départage les ex aequo en offrant des points pour la présentation des plats et l’élégance du contenant, faïence, grand plateau d’argent ciselé pour la pastilla et jolies coupelles de porcelaine pour les gâteaux à la rose qui l’accompagnaient, faitout de belle facture pour un plat mijoté et ainsi de suite.

On revint donc à la case départ et les membres du jury se retirèrent dans le salon d’argent pour trouver un moyen d’élire la princesse aux mille charmes, digne de régner auprès de son prince.

Richement meublé de sofas profonds, de fauteuils élégants et de tables miroir pourvues de fruits en pyramide ou de cornes de gazelle et fruits déguisés enrobés de pâte d’amande, le salon incitait à la détente et à la réflexion.

Il se prolongeait par une verrière qui donnait sur le jardin où abondaient les roses, les arbrisseaux et les groseilliers rubiconds.

Les idées circulèrent à la ronde et au terme de nombreux débats animés, il fut décidé que ces dames seraient départagées par leur talent oratoire et leur sens poétique.

Thibaut de Champagne fut le promoteur de cette  thèse selon laquelle, le prince devant partir en guerre ou faire partie d’une ambassade qui l’éloignerait de son pays, il serait bon que la reine fût capable de remédier à la vacance du pouvoir.

Aliénor d’ Hossegor, la première à intervenir par tirage au sort, suscita l’émerveillement par l’adéquation parfaite entre son élégante prestance, l’excellence de ses plats et son éloquence pour mettre en valeur les beautés de sa région.

«  Aquitaine de mes amours, empreinte de soleil, de poésie et d’Histoire tournée vers les océans, je souhaite que ruisselle le bonheur, du simple coquillage trouvé sur tes rivages aux pépites d’or recueillies dans les pays lointains auxquels nous sommes attachés, j’aurai à cœur de défendre tes couleurs, sans ostentation excessive et avec le sens aigu de  l’appartenance à un pays de rêve.

Que les plis de ma robe safran s’enroulent dans les sequins de nos richesses, non pour le seul plaisir de jouir d’un bonheur sans partage mais bien pour obtenir un avenir radieux réservé à tous !

Roi d’une terre où abondent les fruits du savoir, les perles de la poésie et les sillons de cultures multiples, je promets d’œuvrer à tes côtés pour que notre pays attire les savants et les philosophes ainsi que les mathématiciens de renom : de cette manière nous ouvrirons les frontières des lendemains stellaires qui chantent déjà à nos oreilles.

Roi du monde, je m’incline devant toi et je promets que tu auras en moi une épouse sans faille qui saura t’accompagner durant toute une vie.

Je m’en remets humblement à vos jugements, jurés d’un cercle doté de tant de charme et d’intelligence vive.

Que l’eau vive des torrents de nos montagnes éclabousse de lumière votre jugement devant lequel je m’incline, quel qu’il puisse être » !

Un ange passa après l’intervention de la belle Aliénor, si sage et si éloquente puis chacun se mit en devoir d’écouter chaque participante.

Marion de Valenciennes ravit chaque membre du jury en apparaissant vêtue d’une tunique de lin brodée de coquelicots et de bleuets. La blondeur de sa chevelure jetait des notes solaires et son dernier plat présenté, une tarte aux pruneaux aux croisillons de pâte aromatisée et dorée provoqua des émotions gustatives auprès de chacun.

«  Reine du Nord, des ducasses et des géants, des pavés qui inspirent aux sportifs des étapes d’anthologie, je me soumets à la grandeur de tes paysages ondulant sous les blés et serpentant au gré des rivières qui inspirèrent tant de poètes !

Val des cygnes à nul autre pareil, perle de cette province qui jamais ne se soumit, je jure de ne jamais transgresser les lois de notre royaume et je mettrai, s’il le faut, la cuirasse des guerrières pour défendre l’intégrité de ton territoire !

Roi de tous les rivages, je mets un genou à terre et je baisse ma tête couronnée de tresses en signe d’allégeance s’il te plaît de me voir à tes côtés » !

Sur ces mots, la belle disparut dans un halo fauve et lumineux et chacun se mit à rêver.

Ce fut en vérité une courte pause car l’arrivée de la splendide Soraya coupa le souffle de ces messieurs qui se voulaient si sages : Sa danse des sept voiles projeta chacun dans un univers onirique digne des Mille et Une Nuits.

Lorsqu’elle s’abattit aux pieds du roi, ce fut avec la grâce d’une fleur fraîchement coupée, répandant les sucs pleins de miel de sa tige.

Et que dire de son éloquence si ce n’est qu’elle sembla être le summum de l’élégance et de la courtoisie faite femme. Les mots coulaient de ses lèvres comme autant de perles et de rubis et lorsqu’elle se tut, chacun retint son souffle, craignant de la voir se dissoudre dans un nuage doré ?

Aurore et Douce se montrèrent à la hauteur de leurs consœurs et lorsque le tournoi prit fin, les membres du jury se retirèrent afin de délibérer en toute légalité.

Force fut de reconnaître qu’il était à nouveau impossible de départager ces dames tant leurs prestations, diverses et talentueuses étaient dignes d’une reine.

« Amis, nous n’imposerons pas une nouvelle épreuve à ces gentes dames tant leur talent est évident : je propose donc qu’on leur laisse la liberté de nous choisir.

Je m’engage solennellement à m’incliner devant celle, quelle qu’elle soit, qui viendra me tendre la rose des amours et je l’épouserai avec l’accord de tous » !

Ainsi parla le prince Abdallah de l’île aux perles et ce fut un tollé de joie et de remerciement au cœur de ses amis.

Qui gagnera la couronne et qui trouvera l’amour auprès d’un noble seigneur, le conteur vous laisse le loisir de l’imaginer, voire de donner une suite à ce charmant et inédit concours !

 

 

mercredi 13 avril 2022

Souplesse et velours

 



Avec la grâce du félin, Johnny a fait glisser ses bottes sur les scènes de notre pays, offrant à ses fans subjugués la tendresse féroce de son regard bleu fjord émaillé de points d’or.

Ce regard à nul autre pareil, il l’a légué à sa fille Laura qui peut, à présent, user d’un charme cinématographique mis en lumière par les rôles inédits et réussis de Johnny.

La douceur en amour, connue uniquement des élues de son cœur, il l’a déposée dans l’âme de David, son fils unique, au rythme enchanteur de ses compositions musicales.

Quant à ses filles, Jade et Joy, venues du royaume légendaire où naissent les perles dans la baie d’Ha Long aux mille îles éclatées, il les a dotées de son âme, brute et polie comme les facettes d’un diamant.

Ange blond de notre jeunesse et de nos amours, Johnny nous dispense, du haut des nuages où il réside désormais, les plumes irisées de l’arc-en-ciel de l’espérance afin que nous attendions en toute quiétude et en musique le moment de le rejoindre dans un royaume céleste où en compagnie d’un chœur inédit, Johnny nous accueillera comme le maestro des cieux.

dimanche 10 avril 2022

La route du rêve

 


S'échappant de son berceau de nuages, Johnny s'empresse de prendre sa guitare, sa préférée, incrustée des diamants du rêve et il s'en va par les chemins, comme le faisaient les troubadours et les ménestrels pour chanter une mélodieuse déclaration à leur dame d'amour.
Avisant un joli jardin entouré de rosiers, d'églantiers et de buissons odorants, mimosa et jasmin, Johnny compose la plus belle chanson qu'il ait jamais chantée, inspiré par son ange qui l'accompagne comme jadis ses musiciens et amis.
Des perles d'amour s'échappent de ses yeux et roulent sur l'herbe tendre jusqu'à ce qu'une dame délaissée et oubliée les recueille pour en faire un collier de tendresse.
Sa tâche achevée, Johnny reprend les chemins du ciel, attendant un nouvel appel pour retrouver la route du rêve.

samedi 2 avril 2022

Dans le coeur d'une rose pourprée aux pétales de soie

 



Dans le cœur d'une rose pourprée aux pétales de soie, une fée sommeillait. Un papillon d'amour l'emporta sur ses ailes diaphanes et tous deux arrivèrent dans un royaume merveilleux où les perles et les rubis abondaient.

La fée chaussa ses ballerines aux rubans de satin et elle improvisa sur le sable fin de la crique de l’île un pas chorégraphique qui n’était pas sans rappeler celui de la fée Dragée.

Un orchestre invisible diffusa des valses impériales et lorsque la fée termina sa prestation divine, des oiseaux, mésanges, rouges-gorges, tourterelles et pinsons firent entendre une fort jolie symphonie, en hommage à la nature et à la féerie de l’instant.

Un elfe aux ailes d’argent s’approcha de la fée de la danse, ordonna qu’on lui serve un goûter à base de gâteaux légers et fruités et de sirops d’orgeat et de cerise.

Tous deux bavardèrent ensuite et se livrèrent à une joute littéraire à la gloire des grands auteurs qui n’avaient pas hésité à accorder une place singulière au monde des lutins et autres créatures évanescentes du monde de la nature des hautes herbes et des roselières habitées par les cygnes et les colverts.

Leurs amours seraient dignes du Roman de la Rose mais l’auteur de ces lignes se refuse à en faire un tombeau poétique.

Laissons ces êtres féeriques à leur bonheur et retirons nous sur la pointe des pieds dignement et fermement ! Retournons à nos occupations quotidiennes et rêvons à ces amours royales dont nous ignorons le parfum.

Cultivons des roses et des tonnelles aux senteurs de jasmin pour nous aider à prendre pied dans ce royaume évanescent où dansent les créatures féeriques de notre divine enfance !