lundi 18 juillet 2022

L'habit de lumière

 



Vêtu d'or et de lumière, Johnny incarna un rêve, celui d'une idole et il toucha sans relâche le cœur de ses fans, refusant les subterfuges destinés à diminuer le poids des ans.
Pas de tromperie chez l'idole des jeunes qui vieillirent avec lui, gardant au fond du coeur le rubis ardent de leur amour.
Les années passèrent, Johnny demeura fidèle à lui même, dispensant les paillettes d'or de son immense talent sur les scènes françaises.
Éternelles beautés pivotant sur des talons de verre, les femmes de sa vie n'en formaient qu'une, de la Maritza au Mississippi.
Sylvie, la première, la mère de son fils unique, le rejoignit parfois sur la scène, renouant avec l'amour de leur jeunesse, à jamais inscrite dans leur répertoire.
Johnny aux cheveux d'or, aux yeux myosotis, tu demeureras toujours celui qui suscita un immense émoi dans l'âme tourmentée d'adolescents en perpétuel devenir.

Olympe aux yeux de myosotis



Dans un royaume insulaire baigné par des eaux propices aux ébats des dauphins, vivait une princesse nommée Olympe.

Ses yeux myosotis et caressants semblaient refléter les mystères du ciel et chacun rêvait d’avoir le droit de s’y plonger.

En guise de couronne, elle portait une coiffe de jacinthes dont le subtil parfum enivrait quiconque l’approchait.

Elle aimait danser et plaisanter avec ses dames d’honneur et elle se plaisait à entendre les poèmes d’amour chantés par les troubadours.

Elle en composait elle-même, destinés à un prince imaginaire à qui elle prêtait toutes les vertus.

«  D’où qu’il vienne, il sera le bienvenu pourvu qu’il m’aime » disait-elle à l’encan.

Ce fut un prince noir qui activa le heurtoir de son manoir.

Noire était son âme même si son visage était beau.

« Quelle étrange alliance » pensa la princesse mais elle n’en dit mot et fit semblant de prêter l’oreille favorablement aux propos amoureux du prince.

Ce dernier ne visait en réalité que les trésors du royaume, ses coffres de perles, d’or et de pierres précieuses.

Alors que le prince Volodia entreprenait de séduire la princesse lors d’une promenade dans les jardins, une tourterelle se posa sur l’épaule d’Olympe et déposa délicatement dans ses mains formant une coupe une petite clef d’or puis elle disparut en laissant dans son sillage des plumes arc-en-ciel.

«  Voilà qui est singulier, Madame !  Avez-vous l’idée de ce qui peut correspondre à cette clef ouvragée demanda le prince, dissimulant son avidité à grand-peine.

Je l’ignore mais je prends ce cadeau avec tout le bonheur qu’il sous-tend et je demanderai à ma dame d’atour d’attacher la clef à un ruban que je porterai sur mon cœur ».

Le prince s’assombrit en constatant qu’il n’était pas associé à cette merveille et il souhaita se retirer dans ses appartements en prétextant un refroidissement.

Il échafauda un plan qui lui permettrait de s’emparer de la clef.

Il fit parvenir à la dame d’atour de la princesse, Roxane la bien nommée, des présents fastueux et lui fit une cour pressante, rêvant de mettre la main sur la clef au moment où elle attacherait cet objet à un ruban selon les désirs de la princesse.

Fine mouche, Roxane évita les approches du prince, trouvant bien étrange qu’il s’intéresse subitement à sa personne.

Soupçonnant qu’il souhaitait s’emparer de la clef d’or et ne pouvant s’en ouvrir à la princesse du fait de son statut de servante, elle décida de ne jamais quitter la princesse sous quelque prétexte que ce fût.

Dès que cette dernière lui eut remis la clef d’or, elle envoya une femme de chambre chercher un nécessaire à couture ainsi qu’un échantillon de rubans.

Le choix de la princesse se porta sur un ruban couleur de feu et Roxane se mit immédiatement au travail.

L’ouvrage terminé, elle attacha elle-même le précieux ruban au cou de la princesse et se retira dans ses appartements.

Olympe parcourut son palais à la recherche de la serrure qui correspondrait à la clef mais c’est dans le jardin qu’elle eut une révélation : elle se souvint d’une petite porte qui lui rappelait l’histoire d’Alice au pays des merveilles et que nul n’avait pu ouvrir, faute de clef.

C’est effectivement cette petite porte qui s’ouvrit, découvrant un jardin magnifique qu’elle parcourut avec ravissement.

Près d’une fontaine, il y avait un petit banc de pierre qui incitait à la rêverie.

Elle s’y assit et attendit la révélation suivante.

C’est alors qu’un charmant prince, l’exacte réplique du prince noir aux intentions sournoises, lui demanda avec le plus beau des sourires la permission de s’asseoir à ses côtés.

Elle accepta cette chaleureuse présence avec bonheur et le prince lui conta le sortilège dont il avait été l’objet.

Il avait fait la connaissance, lors d’un bal, d’une jeune personne qui avait jeté son dévolu sur lui. Comme il n’éprouvait aucun sentiment amoureux en dépit de sa beauté, il la raccompagna à sa place, la danse achevée et fit semblant de ne pas comprendre les messages muets qu’elle lui envoyait, sourires, soupirs et battements de cils entre autres.

Dépitée, la jeune personne qui avait les dons d’une fée lui jeta un sort en l’enfermant dans ce jardin que nul ne connaissait et elle créa un avatar de sa personne, le dotant d’une âme maléfique.

Au comble de l’émotion, Olympe posa délicatement sa tête sur l’épaule du jeune homme et à cet instant on entendit un grand bruit de tonnerre : l’avatar maléfique du prince Volodia disparut dans un orage de grêlons tandis que le prince délivré embrassait sa promise, la belle Olympe aux yeux myosotis qui désormais ne brilleraient plus que pour lui !

 

jeudi 7 juillet 2022

La môme aux cheveux de soie

 


On l’appelait ainsi, la môme aux cheveux de soie tant sa chevelure avait la douceur de ce fil miraculeux qui offrit à la Chine une renommée mondiale.

Son prénom, Pénélope, incitait les jeunes gens qui l’invitaient à danser à glisser leurs doigts subrepticement dans l’océan de soie qui lui servait de traîne royale.

Or, un jour, un oiseau venu d’Afrique, emporta un cheveu alors qu’elle admirait le lever du soleil par la fenêtre et il déposa ce précieux don sur l’oreiller d’un prince couleur ébène qui désespérait de trouver la femme de ses rêves.

En découvrant ce cheveu, véritable fil d’or, le prince Boubacar sentit son cœur bondir dans sa poitrine.

Il s’ingénia à créer le portrait de la femme qui arborait une telle chevelure et il réussit, à force d’esquisses et de portraits, à sculpter la silhouette de la belle Pénélope.

Emportant avec lui des effets d’apparat et des bijoux précieux, il partit pour l’ Europe où devait certainement vivre la belle aux cheveux de soie.

Montrant son portrait à qui acceptait de lui parler, il finit par arriver dans le village où la jolie Pénélope régnait sans partage du fait de sa beauté.

Il demanda humblement l’autorisation de lui parler et il déposa à ses pieds les bijoux les plus rares de son royaume.

Néanmoins ce ne furent pas les bijoux qui émerveillèrent Pénélope : elle connut à son tour un embrasement fougueux à la vue de la peau dorée par le soleil du prince Boubacar. Il lui semblait si doux et si souriant, découvrant de belles dents nacrées !

Le prince s’installa dans une auberge dont il devint un hôte apprécié de par ses bonnes manières et sa gentillesse.

Il fit honneur aux plats régionaux, notamment les fars sucrés et salés ainsi que les cotriades riches en poissons délicats qui lui rappelaient son pays natal.

Lors d’un bal donné en son honneur, il invita Pénélope à se joindre à lui et il apparut à tous qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.

Lorsqu’il fit sa demande en mariage, le prince Boubacar offrit à Pénélope le cheveu apporté par l’oiseau et déposé sur son oreiller.

Il l’avait fait sertir dans un écrin d’or fin.

Heureuse d’avoir été mêlée à ce qui ressemblait à un conte de fées, Pénélope donna son consentement au prince et le jour de leur mariage, elle confirma à son époux que la douceur de sa peau valait bien celle que l’on prêtait à ses cheveux.

samedi 2 juillet 2022

Une larme-monde



Dans le cristal d’une larme, j’ai vu défiler les paysages chers à mon âme, des rivières aux perles d’eau remontant à la source, des champs de blé émaillés de bleuets et de coquelicots et mille sentiers menant vers des forêts légendaires.

Je n’ai pas toujours pris le bon chemin mais dans ce labyrinthe étonnant et riche en aventures, il y avait tant d’indices qu’il fallait découvrir en temps voulu.

Des routes de traverse m’ont parfois précipitée dans des ornières où se cachaient des êtres venimeux.

Mais fort heureusement, un sentier de sable fin m’a permis de te trouver, Bernard et nos mains ne sont plus jamais dénouées jusqu’à ce que tu lâches prise, le dernier soir de ta vie, pour mon plus grand chagrin et une douleur vive qui jamais ne se cicatrisera.

Dans une larme-monde, je suis à tes côtés , prête à te rejoindre lorsque l’appel du destin m’y invitera.