samedi 29 septembre 2012

Le chant d'un oiseau




Comme un poème adressé aux anges, le chant d’un oiseau se propage dans le ciel pour finalement inscrire sa portée musicale dans le cœur d’un poète, d’un berger ou d’un promeneur de l’aube au bord d’une rivière qui roule les pierres au rythme des saisons.
Moi qui passais par-là, j’entendis ce chant et l’inscrivis sur la mémoire vive de mon prochain livre de contes, bruissant des ailes déployées de ces symboles vivants du trait d’union entre la terre et le ciel.
La fée des oiseaux parée de plumes flamboyantes donne la main aux enfants qui écoutent les histoires éternelles des mondes en mouvance.
Un grand bal costumé permet à chacun de revêtir les plus belles parures d’une multitude d’oiseaux, éventails légers, aigrettes, robes, capes ou boléros agrémentés de plumes chatoyantes.
De nombreux serments furent échangés et oubliés…. Pas tout à fait cependant puisqu’ils tapissent l’intérieur des nuages où rêvent les anges.

Tendresse Automnale




Pourpre et or sur une toile grise où volent les palombes, les bois frissonnent des crinolines bleues qui habillent les belles aux lourds cheveux tressés.
Elles cueillent les dernières roses, coupent des grappes de raisin, récoltent des coings et se réfugient dans leur cuisine pour cuire des croustillants aux fruits d’automne.
Un flambage à l’armagnac et le tour est joué : ils peuvent venir les princes !
Ils trouveront de quoi se régaler. Mais nos belles ont la fibre poétique et rêvent de tablées où figureraient des poètes venus de tous les horizons. Pour rappeler que les dames ont participé aux joies de l’esprit, elles ont intitulé leur soirée Anna de Noailles et ont imposé une lecture de ses plus beaux poèmes.
Après s’être échappées des toiles des impressionnistes, les dames en crinoline s’en vont, la nuit venue, à la recherche de leurs amours perdues.

lundi 24 septembre 2012

Au pays des moulins à vent




Au pays des moulins à vent règnent les tulipes et les nuances des toiles de Vermeer de Delft. Faïences et beautés nées du pinceau du maître nous offrent la douceur de la féminité, femme enceinte lisant une lettre, voluptueuse Dame au Chapeau Rouge et mon préféré La Jeune Fille à la Perle à qui un ami a eu la bonté de me comparer en ma jeunesse.  Je n’oublie pas La Laitière et La Dentellière si penchée sur son ouvrage que l’on voit surtout la splendeur et la netteté de sa coiffure.
Je crois sentir une brise vivifiante qui me projette sur les pavés du passé entre deux brassées de bleuets et de coquelicots mêlés dans une gerbe de blé dont je respire le parfum de crème brûlée. Sur le chemin de l’enfance retrouvée, je cours chercher les lucioles et les fées des sources et j’en parsème mes contes sous les ailes du moulin de Jean Le Fol, personnage central d’un livre de lecture intitulé « Une semaine avec …. » où je rencontrai également Abeille d’Anatole France avec toute la beauté du monde lacustre et de ses rivages fleuris.
Le Nord est propice à la rêverie, il suffit de le regarder avec les yeux de Van Gogh, des peintres flamands et plus simplement avec l’amour des mariniers pour ces belles rivières qui s’en vont vers la mer ….

Le Prince des elfes




Dans le cœur d’un vieux chêne, un elfe sommeillait. Il attendait que s’ouvre à lui une ronde de fées aux pieds argentés et aux chevilles ornées de bracelets dorés. Mais le roi des elfes avait interdit à ces belles créatures de troubler son sommeil c’est pourquoi il était entouré d’une coque de brume et de pierres de lune.
Une fée cependant brava l’interdit et s’approcha de l’arbre dans le désir fou d’un amour absolu. Prisonnière de la carapace brune de l’écorce centenaire, elle chanta une romance si troublante que l’enveloppe de l’elfe endormi se lézarda, se fendilla pour finalement exploser et libérer le prince des elfes destiné à succéder à son roi.
La première chose qu’il vit fut le joli visage de la fée dont il devint instantanément amoureux. Sous l’impulsion de cette passion naissante, une porte fleurie se creusa dans le chêne et tous deux s’envolèrent vers leur nouveau royaume, un étang enchanté dont les rivages se perdaient pour se confondre en un palais de verre qui avait abrité des amants mémorables.
Le prince et sa fée se marièrent devant le petit peuple des lieux sublimés par la marque du destin.
On chanta, on dansa, on but de la cervoise et on mangea des tourtes végétales aromatisées à des parfums de la lande, marjolaine et plantes qui n’existent qu’en terre de Brocéliande auprès de la fontaine sacrée. Ce furent de bien belles noces et chacun retint son souffle, rêvant du retour d’un bel enfant à la destinée royale.
Nous l’attendons toujours !

samedi 22 septembre 2012

Bal Musette






Une rose aux dents, un bel hidalgo enlace sa cavalière et la fait tourner sur la piste sablée au son de Perles de Cristal et la lance plus qu’il ne la raccompagne à sa place, le cœur vibrant au bord des lèvres.
 Insensible, le jeune homme lui offre la rose en guise d’adieu et s’en va chercher une nouvelle conquête en arborant cette fois, un catleya qu’il prendra soin de ne pas froisser, en hommage à Marcel Proust.
On peut aimer la java, l’accordéon et ne pas fréquenter l’opéra et les violonistes.
Charlie sourit mécaniquement à la pauvrette qui imagine être aimée au son de la musique.
Puis on entend la grande voix de Jacques Brel et la célébrissime chanson Vesoul sur la valse de Marcel Azzola.
Charlie aimerait être seul pour savourer cet inoubliable moment. Alors il prétexte un coup de fatigue, garde le catleya et quitte la piste de danse définitivement, au grand dam de toutes les cavalières qui espéraient voir s’incliner le meilleur danseur du bal et il part devant elles sous la lune, nouveau Pierrot, en esquissant une valse d’adieu à toutes ces belles qui l’ennuient.
Avec pour unique compagne, la valse éternelle, il rentre en son logis, allume le feu et regarde danser les flammes, ses seules amies.