samedi 30 juin 2018

Les yeux de Laura


Les yeux de Laura
Dans les yeux de Laura, il y a d’immenses voiliers blancs, chargés de lys et de lilas.
Des mouettes accompagnent les voyageurs qui s’en vont vers l’île où repose le roi du folksong et du rock endiablé apparu, sous son empreinte, dans les années 60.
Véritable figure de proue, sculpturale et divine, Laura, les cheveux dénoués, défie les vents de tempête et dompte les sirènes par l’éclat de ses pupilles.
Fendant les flots, le voilier de Laura cargue ses voiles en forme de cœur et lors de l’accostage à Saint-Barth, laisse partir la divine jeune femme, incarnation incontestable du chanteur que tout le monde pleure.
Des dauphins emportent des jonchées de fleurs pour en faire une route d’honneur et Laura, la reine au sourire enchanteur et troublant, saute gracieusement sur le sable et court vers son père qui lui ouvre grand les bras d’écume et de vent.
Alanguie près du Mausolée, Laura rêve tant qu’à son réveil, il lui semble vivre encore et toujours la renaissance du roi Johnny et pour preuve de cette existence de l’au-delà du songe, une guitare, celle qui lui est destinée lui est offerte par une sirène qui plonge ensuite dans l’océan où viennent, par vagues, les passagers des voiliers, s’apprêtant à fleurir et honorer le lieu où repose celui qu’ils n’oublieront jamais, leur Dieu.

jeudi 28 juin 2018

Le blason oublié


Le blason oublié
Il se raconte, le soir, dans les chaumières, que le blason des comtes du Hainaut disparut en même temps que l’on démantelait le château, pierre à pierre, pour redonner de la vie au village, tant de fois incendié !
C’est une petite fille qui le trouva au milieu d’un amoncellement de rosiers où Alice aurait aimé se faufiler pour rattraper le lapin blanc.
« D’or et d’azur semé de marguerites, les fleurs du non-retour »
Les fleurs ornant le blason servaient d’écrin à la devise et embellissaient ce joyau des comtes, en forme d’écu, ce qui était la preuve de son authenticité.
La petite fille, prénommée Marguerite, ce qui signifie « perle baroque » décida de n’en souffler mot à personne et elle emporta le précieux talisman dans sa chambre d’écrivain en herbe.
Maman l’avait autorisée à jouer les Colette en lui laissant le privilège de passer quelques heures dans une cabane de rondins, baptisée par Marguerite Le Donjon des Fées.
Elle les attendait chaque jour, enfermant dans une boite de coquillages des traces de leur passage, pétales de roses ou perles de rosée figées dans le cristal.
Marguerite grandit dans cet univers particulier et devenue jeune fille, elle attendit que le prince charmant lui envoie un signe.
Ce signe tardant à paraître, elle sortit l’écu, toujours caché dans le Donjon des Fées.
Elle lui rendit toute sa beauté initiale et en décora la porte d’entrée de sa modeste demeure.
Et c’est ainsi que le miracle se produisit, le prince apparut !
Il ne caracolait pas sur un cheval blanc et il avait plutôt l’allure d’un financier savant, ce qui était l’apanage des temps, dits modernes.
Marguerite n’entendait rien aux Mathématiques mais elle se comporta en parfaite compagne d’un chevalier d’industrie qui respecta, en contrepartie, le thème du blason de ses ancêtres, retrouvé pour l’éternité !

Célestes partitions


Célestes partitions
Assis au pied de l’arbre d’or, un barde sommeillait.
Soudain, venant du ciel, des parchemins où abondaient rondeaux et madrigaux, prirent place sur les branches nues, habillées de métal précieux, et devinrent ainsi la parure inédite de l’arbre devenu symbole de Brocéliande, incendiée par des mains criminelles.
Des fées se mirent à danser au clair de lune et l’une d’entre elles apporta au barde une harpe celtique en lui enjoignant de composer un air qui viendrait s’ajouter aux feuilles déjà présentes.
Un air miraculeux par sa beauté lui vint, imposant sa magie dans ces lieux familiers aux chevaliers, fées et enchanteurs.
Le barde chanta avec ferveur et lorsque ce concert inédit prit fin, on lui servit un souper fin où abondaient veloutés, pâtés en croûte et entremets aux fruits des bois.
Ce repas achevé, il eut tout loisir de se reposer sous une tente spacieuse, garnie de coussins, de duvets et de tissus précieux.
Le barde ne vit pas le temps passer dans cet endroit fabuleux que l’on nommait le miroir aux fées.
C’était l’écrin de beauté du Val sans Retour et dans ce lieu enchanteur, on ne pouvait écrire que des romans d’amour ou de chevalerie, des recueils poétiques et des opéras.
Un opéra naquit qu’il nomma Le Miroir de l’Amour.
Princesses et chevaliers s’y croisaient, vivant sans cesse des amours contrariées et lorsque la grande œuvre fut terminée, le barde s’en alla en emportant la harpe celtique dans un étui de velours.
Les célestes partitions demeurèrent attachées aux branches de l’arbre d’or et elles ne sont visibles que par les soirs de clair de lune, lorsque les fées dansent le menuet.

mercredi 27 juin 2018

Eternelle Poésie


Eternelle Poésie
«  La voix captive au loin portait un habit de grillon » Ces vers de Federico Garcia Lorca, je ne les ai jamais oubliés, regrettant de ne pas les avoir écrits tant ils me semblent revêtit les habits de la poésie, déesse en sabots le matin, éclatant, les soirs de fête, en tenue d’apparat.
Jean-Baptiste à la voix d’or apparaît en toute simplicité dans ses concerts et sa filiation vocale avec Johnny est telle que l’on n’éprouve pas le besoin de l’admirer pour la magnificence de ses vêtements, l’incroyable beauté d’une guitare, voire des randonnées en Harley Davidson.
Cependant, une fois le rideau tombé, les fans auront sans doute besoin d’un supplément de légende.
Pas question de copier l’idole des jeunes mais on peut draper le rêve sur ce jeune chanteur comme le tartan des nobles écossais.
Je suggère à Jean-Baptiste, s’il ne l’a déjà fait, de se ressourcer en terre de Brocéliande et de méditer au pied de l’arbre d’or dans le Val sans Retour.
Les fées ne manqueront pas de se manifester et elles offriront à notre chanteur inspiré l’aura charismatique des princes de Bretagne qui maniaient la harpe à l’égale de l’épée.
Lorsque Jean-Baptiste entre en scène, il le fait en toute simplicité et nous offre sa voix d’or avec le charme du prince qui distribue les pièces en métal précieux à ceux qui attendent tant de lui !
Mais nous pouvons rêver que ce génial grillon porte-bonheur nous décerne, en plus, la couronne du prince charmant, la métaphore de la poésie chère à tous les chanteurs du rêve, de Georges Brassens à Johnny Halliday !

La victoire en chantant


 La victoire en chantant
Sur un air de mazurka, le prince de la Vézère se faufila sous la courtepointe de la princesse Eglantine qu’il rêvait de voir régner à ses côtés, dans sa grotte aménagée en palais.
Il retint son souffle pour ne pas réveiller la belle endormie et tâcha de lui envoyer des rêves où il apparaîtrait dans toute sa gloire puis il finit par s’endormir.
Au réveil, ils partageaient un lit floral dans ce palais fluvial, près de la belle rivière argentée où se baignaient naïades et poissons aux écailles d’or.
La princesse Eglantine fut très étonnée d’avoir été enlevée dans son sommeil mais le prince de la Vézère était si beau, dépassant même ses rêves les plus fous, qu’elle manifesta une courte bouderie de bon ton puis elle se laissa choyer par de jolies fées qui lui apportèrent un petit déjeuner savoureux et floral. Enfin on l’aida à revêtir une tenue de rêve où primait la dentelle sur un tissu agréable à porter, souple et frais.
Couronnée de fleurs, elle était la plus belle des princesses et c’est alors que le prince, en tenue d’apparat, lui adressa une demande en mariage en bonne et due forme.
Eglantine lui donna bien volontiers sa main à baiser et le prince profita de ce moment intime pour sceller l’union d’un anneau d’or serti des plus belles pierres de sa rivière qui coulait en frémissant sur des galets encore poudrés d’or.
On prépara des fêtes magnifiques où les barques fleuries abondaient, transportant des  passagers joliment vêtus.
Des chants fusaient de partout, glorifiant la beauté des rivières, de Schubert aux mélodies populaires et les divinités fluviales manifestaient leur joie en accomplissant d’improbables acrobaties.
Ce furent des journées enchantées puis chacun se fit discret pour laisser au couple princier l’intimité nécessaire à la conception d’un bel enfant qui porterait un jour la couronne de la rivière aux reflets d’argent.