lundi 26 février 2024

Réveil fleuri

 




Gwendal et Bertrand s’éveillèrent d’excellente humeur, sentant que leur quête était en bonne voie.

Un délicieux arôme de chicorée leur chatouilla les narines. Une flambée complétait la chaleur du petit déjeuner.

Tartines beurrées, miel, confiture de sureau furent de la partie.

Angélique, leur hôtesse femme-fleur leur avait laissé un message.

Elle leur donnait le feu vert pour l’utilisation de sa demeure car elle se rendait à un colloque féerique organisé par la fée des bois.

Les festivités et les réunions de travail se prolongeraient sans nul doute de sorte que le prince et son écuyer avaient carte blanche avant son retour.

Heureux de ne plus redouter les aléas du voyage, les deux hommes prirent un bain et se vêtirent de neuf.

Bertrand bouchonna les chevaux, se livra à des travaux de jardinage, récoltant de beaux choux pommés qu’il remit ensuite à la cuisinière.

Dora, maîtresse femme en sa cuisine dirigea les manœuvres pour préparer une potée, recette paysanne qu’elle tenait de sa mère.

De son côté, espérant trouver un indice pour leur quête, Gwendal feuilletait les livres enluminés de leur hôtesse.

C’est ainsi qu’un roman l’intrigua : Le roman de la rose !

Il se plongea dans l’univers du livre, découvrant un art d’aimer qui relevait de l’exception.

Il me faut donc découvrir ce jardin merveilleux où m’attend une rose qui est, sans nul doute, celle que je dois rapporter à la cour.

Il fit honneur à la potée et après une gelée de fruits rafraîchissante, il fit part de son projet à Bertrand : entreprendre une quête en solitaire au vu de ses lectures.

Il laissait la demeure aux bons soins de Bertrand.

Il partirait le lendemain matin en laissant des indices pouvant permettre de retrouver sa piste en cas de non-retour.

Sur ce, chacun s’adonna à ses occupations, travaux d’entretien pour Bertrand et  préparatifs de voyage pour Gwendal.

 

jeudi 22 février 2024

La rose miraculeuse

 

Décidés à rester sur leur garde, le chevalier et son écuyer redoublèrent de prudence sur la route de l’orient.

Escortés par des oiseaux, ils se sentaient protégés par une force miraculeuse et lorsqu’ils aperçurent au loin une rose à taille humaine, ils n’en furent guère surpris.

En s’approchant de l’apparition, ils purent la détailler : c’était une femme-fleur dont la beauté était sans égale.

« Noble dame, j’admire votre incomparable beauté et je vous demande, à genoux, l’autorisation de vous aimer » prononça Gwendal, une main sur le cœur.

Le femme-fleur sourit puis elle invita le prince et son serviteur à pénétrer dans sa demeure.

C’était une jolie maison entourée d’hortensias. Ils entrèrent à sa suite et découvrirent un local charmant où tout semblait avoir été étudié pour connaître le bonheur.

La femme-fleur utilisa une clochette d’argent et commanda un souper à base de végétaux : bouillon aux algues, salade de pousses printanières, gâteau de tubéreuses à la crème et une magnifique pièce montée ornée de roses en sucre et de violettes.

Nos deux voyageurs mangèrent avec appétit, burent modérément et écoutèrent un troubadour qui chanta la romance de Tristan et Yseult avec infiniment de poésie.

Cet intermède musical dénoua les langues et chacun se mit à parler à cœur ouvert.

Leur hôtesse se prénommait Angélique et elle leur confia que cette soirée resterait dans sa mémoire comme un moment privilégié.

Bertrand parla peu car il était conscient de la modestie de son statut et Gwendal livra une partie de sa vie, notamment sa venue à la cour après un passage dans un buisson de roses.

Angélique trouva cette venue au monde de la chevalerie tout à fait remarquable et promit d’aider les deux voyageurs à trouver la rose sublime qu’ils recherchaient.

 

mercredi 21 février 2024

Gwendal, prince de Damas

 


L’un des chevaliers de la reine Zoé, Gwendal, prince de Damas, prit la route en direction de l’orient.

Il devait son nom au fait qu’on l’avait trouvé dans un berceau de roses rapportées de Damas par un croisé.

Bel enfant blond aux yeux clairs, il avait sur le bras un tatouage, une rose incrustée dans un cœur. Une boucle d’oreille, une rose, ornait son lobe gauche.

« Cet enfant est une véritable énigme » dit le seigneur à qui on le présenta et il le confia à un ermite qui vivait au fond des bois.

Digne pendant de Lancelot du Lac, il fut nommé Gwendal des Bois du fait de sa vie auprès de l’ermite Etienne qui avait des points communs avec l’enchanteur Merlin.

Le prénom de Gwendal s’était imposé du fait de la racine «  Gwen » qui signifie « blanc » en langage celtique : l’enfant étant d’une spectaculaire blancheur, ce prénom s’imposait !

Par la suite, lors de ses rares apparitions à la cour, on le trouva si beau que le titre de prince lui fut tout naturellement attribué.

Les roses de Damas, son berceau originel, complétèrent ce titre qui devint officiel.

Le prince de Damas, donc, prit la route, persuadé que l’objet de sa quête devait être très certainement une rose miraculeuse qui offrirait au monde la paix et l’amour.

L’ermite chargé de son éducation, conscient de la haute destinée de l’enfant, avait accepté qu’il apprenne le maniement des armes et le code de la chevalerie.

Juché sur son alezan Prodige, équipé d’armes traditionnelles et pourvu d’une bourse d’or, Gwendal était accompagné par son fidèle écuyer Bertrand, entièrement dévoué à sa cause.

Après une longue chevauchée, les deux hommes firent une halte dans un ermitage. Le père Jean leur servit un bol de soupe d’herbes sauvages, du fromage de chèvre et du pain bis qu’il cuisait lui-même dans un four attenant à sa maison de pierre.

Une paysanne lui avait apporté une brioche et un pot de miel : les deux hommes purent s’en régaler avant de s’endormir, prières faites.

Le lendemain, Gwendal tint à offrir quelques louis d’or au brave ermite ; comme ce dernier refusait ce don, le prince usa d’un argument décisif «  Vous pourrez commander une statue afin de sacraliser votre ermitage et en faire un lieu de pèlerinage ».

Sur ces mots, les deux hommes retrouvèrent leurs montures pour poursuivre leur chemin.

Lors d’une halte près d’un ruisseau pour abreuver les chevaux et manger l’en-cas préparé par l’ermite, pain, fromage, confiture et miel, une apparition qui semblait venue du pays des rêves leur demanda s’ils acceptaient sa compagnie, ce qui lui facilement accordé car Dame Viviane avait la beauté des anges.

Elle sortit de sa besace une galette fourrée de crème d’amandes et une gourde de vin aromatisé à la gentiane.

Elle versa le breuvage dans des gobelets d’argent et les leur tendit avec grâce.

Nos deux voyageurs s’endormirent après leur collation et lorsqu’ils s’éveillèrent, Dame Viviane avait disparu ainsi que la bourse du prince !

«  Ne nous fions plus aux jolies femmes dit sentencieusement le prince, elles sont parfois plus redoutables que des brigands sous leurs atours charmants ».

Bertrand acquiesça puis il tendit sa propre bourse à son maître en souriant.

«  J’avais cru bon de distraire quelques louis d’or de votre bourse dans la perspective de parer à un coup dur ».

Gwendal fut heureux de posséder à nouveau de quoi payer leur écot.

Trouvant la parade de Bertrand judicieuse, il divisa la somme en deux : ainsi chacun pourrait suppléer à l’autre en cas de besoin.

Ils reprirent leur route en guettant un signe du destin.