Dans un royaume d’Occident vivait
un chevalier dont les innombrables exploits lui valurent un cadeau royal de la
part de son suzerain, une armure en or massif, sertie de rubis et d’émeraudes.
Bertrand d’Aigues –Vives devint
le chevalier à l’armure d’or pour le reste de ses jours.
On se signait à son passage et
les jeunes filles rêvaient d’attirer son regard.
Or le chevalier avait une âme
timorée et le doux regard des demoiselles le plongeait dans un état de
confusion qui lui ôtait toute velléité audacieuse.
La main sur le pommeau de son
épée Jézabel, il chevauchait fièrement, rêvant de rencontrer l’amour dont on
disait mille merveilles mais qu’il ne connaissait pas.
Un jour, au sortir d’un bois de
saules, il aperçut, près d’un étang, une jeune fille tout à fait
extraordinaire.
Vêtue d’une longue tunique de lin
blanc brodée de roses couleurs de feu, ses longs cheveux blonds flottant sur
ses hanches moulées dans un fin pantalon de soie, elle avait un visage
raphaélique que l’on ne pouvait oublier.
Seules une poupée de porcelaine
ou une star des temps anciens ou encore un modèle ayant posé pour le peintre
Auguste Renoir offriraient cette impression de jamais vu et de céleste beauté
au premier regard.
Bertrand d’Aigues-Vives sentit
son âme s’envoler et il sentit que son armure d’or pâlissait au soleil tandis
que la jeune fille s’auréolait de paillettes étincelantes.
Lorsqu’elle se présenta, Garance
de Bréhat, ce fut d’une voix si mélodieuse qu’il lui sembla entendre un ange.
Après avoir attaché sa monture ;
le chevalier défit son armure et l’offrit en gage d’amour à cette beauté à
nulle autre pareille.
« Grand merci, mon doux
seigneur mais que ferais-je d’un tel objet aussi merveilleux qu’il apparaisse ?
Un rouet ou un tambour de brodeuse me seraient plus utiles.
Vous aurez ce que vous voudrez.
La soie, le satin, les perles, le fil d’or vous seront livrés en abondance
chaque mois.
Surtout, ma mie, vous serez si
vous le voulez bien, ma dame de cœur pour l’éternité en acceptant ma demande en
mariage ».
Garance de Bréhat tendit sa jolie
main au chevalier et tous deux prirent la route qui menait au château du
prétendant, la lune les éclairant d’une douce lueur aux couleurs de l’espoir.