dimanche 28 avril 2013

Le Prince Charmant





Le Prince Printemps a mis son pourpoint de jonquilles, iris et muguet et s’en est allé, camélia à la boutonnière, à la recherche de la princesse du temps. Il a croisé sur son chemin les jeunes filles en fleurs de Marcel Proust et leur a offert des orchidées puis les a laissées à leurs fous rires et leurs robes à froufrous volantés.
Plein d’énergie, il a semé des rêves dans les yeux des enfants et de leurs mamans. De retour au palais, il a ordonné qu’ait lieu un gigantesque bal et a invité des musiciens et des chanteurs. Puis il s’est penché sur l’organisation du buffet et alors qu’il hésitait entre des pâtés en croûte et des sushis légers, elle est apparue, celle qu’il attendait, féerique, juchée sur des talons de verre, la taille soulignée par une étoffe fine, le corps mis en valeur par une robe moulante invitant à l’amour et des yeux couleur de mer où l’on croyait voir d’immenses voiliers blancs.
Déléguant ses pouvoirs à la déesse au cœur pur qui veillait sur son domaine, le Prince Printemps a enlacé sa belle et l’a emmenée dans ses appartements puis ils se sont aimés une petite éternité, protégés par les colombes du renouveau.

samedi 27 avril 2013

Évasion





Mon amour aux yeux de soie, quand je baisse les paupières derrière mon éventail, je sens une douce brise envahir mes sens en émoi alors je rêve d’un paradis où coulent les rivières de miel et jaillissent des fleurs au parfum inconnu. Mon amour à la taille de liane, je n’ose m’approcher de toi car il me semble que je mourrais par incandescence tant le désir brûle en moi. Alors je pars pour les chemins de Saint Jacques de Compostelle, blessée d’avoir trop aimé.
Je cueille des fleurs pour en faire des colliers que j’offrirai à la Vierge Marie et à son enfant. Cependant les rossignols, la nuit, s’emparent de mon âme et la déposent à tes pieds, toi dont le corps parfait a la souplesse d’un félin. Heureuse et repentie d’avoir douté de ce grand et bel amour, je te reviens pour accepter l’offrande de tes bras.
Des camélias s’échappent de tes doigts et nous nous endormons sur une couche tapissée de lilas dans un ciel de lit où veillent les colibris.

jeudi 25 avril 2013

Dans le miroir





Dans le miroir de tes yeux J’ai vu caracoler des cavales blondes. Des pierres précieuses ont roulé sous leurs sabots dorés. L’or des Touaregs a ruisselé sous le sable millénaire et des roses couleur de rêve ont surgi des rochers.
L’eau des sources perdues a jailli sous le soleil d’immenses pavots d’Orient, lumineux et ardents.
Dans le miroir de tes yeux j’ai vu voler des colibris. Les fées de la nuit ont protégé cet amour céleste, libérant les mille lucioles qui  guident les peuples sacrifiés.

lundi 22 avril 2013

La révolte des fleurs





Un jour, les fleurs des champs, bleuets, marguerites, coquelicots, pâquerettes et tant d’autres merveilles comme les boutons d’or se révoltèrent et décidèrent de disparaître momentanément des prairies. Ainsi on ne voulait pas reconnaître leur beauté à leur juste valeur ! Elles étaient absentes des bouquets prestigieux que des hommes offraient à l’élue de leur cœur ou des femmes et des enfants à leur entourage. Soit ! puisqu’elles étaient absentes, si ce n’est pour commémorer les morts de la Grande Guerre, Coquelicots en Grande Bretagne et Bleuets en France, elles brilleraient par leur absence.
Il se fit soudain un grand vide ; prairies, sous-bois et champs de blé perdirent leur parure et les enfants furent les premiers à déplorer cette perte. Finis les jeux enfantins « aimes-tu le beurre ? » en mettant un bouton d’or sous le menton d’un ami. Puis ce furent les amants qui ne purent continuer à effeuiller la marguerite « je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie », trichant un peu pour tomber sur « passionnément » ou « un peu » pour taquiner leur belle.
Les fleuristes poussèrent de hauts cris : le temps du muguet, ornement indispensable du 1er Mai et fleur porte bonheur allait arriver et si les maraîchers produisaient de belles récoltes, rien ne pouvait remplacer les fleurs que l’on cueillait dans les sous-bois, odorantes et fleurant bon l’or blanc des forêts.
Alors la fée des fleurs entra dans la ronde, rassura les fleurs des champs en leur annonçant qu’un grand concours en poésie et en peinture serait bientôt lancé sur le thème des ornements champêtres. Pour le bonheur de tous, la parure originelle refleurit et chacun se jura de l’honorer comme il se devait.
Des jetés de fleurs ornèrent les nappes, fleurissant sous les doigts des brodeuses et les poètes jetèrent sur parchemin les mots dorés de réconciliation des deux mondes, celui du petit peuple et l’autre, marchant en bas de soie dans les palais mondains.
Les peintres tracèrent du pinceau une valse de fleurs et l’une d’elles ! la plus talentueuse, Jocelyne Guinot, inventa le swing des fleurs pour notre plaisir le plus féerique.

dimanche 21 avril 2013

Déclaration





Ma belle orientale aux longs cheveux bouclés, je t’ai apporté les roses du matin toutes perlées d’aurore et j’y ajoute une ceinture en or pour mettre en valeur la finesse de ta taille ainsi que des croissants aux amandes et une tasse de chocolat chaud que tu boiras par amour pour moi. Il me plaît de te savoir en bonne santé, belle et libre de ton corps. Tu es ma reine, ma déesse, mon amour éternel et je veux que tu danses pour moi. La majesté et l’enfance de ton corps me plaisent tant que je deviens fou, fou de toi et des roses dont tu es la sublime expression.
Le roman de la rose a enchanté les poètes courtois puis on a oublié l’essence ineffable de cette fleur royale qui nous vient d’Orient. Alors, j’ai parcouru le monde pour y chercher la fleur souveraine et en extraire les sucs délicats. C’est alors que je t’ai rencontrée, ma rose, mon orientale, ma Shéhérazade des Mille et une Nuits et j’ai oublié toutes mes recherches puisque tu en étais l’âme et l’expression la plus vive et je suis devenu ton chevalier servant, le chevalier à la rose qui tournoie, son écu à la main, bien droit sur son destrier.
Je voudrais rencontrer les chevaliers les plus adroits du monde. Qu’ils y viennent, les Lancelot du Lac, les Arthur, les Du Guesclin et autres braves ! Je suis fort de tout cet amour que j’ai puisé en toi, ma rose, ma belle aux longs cheveux qui serpentent sur mon cœur en l’enserrant comme des lianes d’amour.