lundi 22 avril 2013

La révolte des fleurs





Un jour, les fleurs des champs, bleuets, marguerites, coquelicots, pâquerettes et tant d’autres merveilles comme les boutons d’or se révoltèrent et décidèrent de disparaître momentanément des prairies. Ainsi on ne voulait pas reconnaître leur beauté à leur juste valeur ! Elles étaient absentes des bouquets prestigieux que des hommes offraient à l’élue de leur cœur ou des femmes et des enfants à leur entourage. Soit ! puisqu’elles étaient absentes, si ce n’est pour commémorer les morts de la Grande Guerre, Coquelicots en Grande Bretagne et Bleuets en France, elles brilleraient par leur absence.
Il se fit soudain un grand vide ; prairies, sous-bois et champs de blé perdirent leur parure et les enfants furent les premiers à déplorer cette perte. Finis les jeux enfantins « aimes-tu le beurre ? » en mettant un bouton d’or sous le menton d’un ami. Puis ce furent les amants qui ne purent continuer à effeuiller la marguerite « je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie », trichant un peu pour tomber sur « passionnément » ou « un peu » pour taquiner leur belle.
Les fleuristes poussèrent de hauts cris : le temps du muguet, ornement indispensable du 1er Mai et fleur porte bonheur allait arriver et si les maraîchers produisaient de belles récoltes, rien ne pouvait remplacer les fleurs que l’on cueillait dans les sous-bois, odorantes et fleurant bon l’or blanc des forêts.
Alors la fée des fleurs entra dans la ronde, rassura les fleurs des champs en leur annonçant qu’un grand concours en poésie et en peinture serait bientôt lancé sur le thème des ornements champêtres. Pour le bonheur de tous, la parure originelle refleurit et chacun se jura de l’honorer comme il se devait.
Des jetés de fleurs ornèrent les nappes, fleurissant sous les doigts des brodeuses et les poètes jetèrent sur parchemin les mots dorés de réconciliation des deux mondes, celui du petit peuple et l’autre, marchant en bas de soie dans les palais mondains.
Les peintres tracèrent du pinceau une valse de fleurs et l’une d’elles ! la plus talentueuse, Jocelyne Guinot, inventa le swing des fleurs pour notre plaisir le plus féerique.

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