mardi 31 mars 2020

Ferveur


Ferveur
Flottant dans les nuages comme un talisman, la croix de Johnny nous protège, se métamorphosant en colombe porteuse d’espérance.
Nous rêvons en écoutant ses chansons et nous allons de l’avant en formant une ronde, aujourd’hui proscrite en raison du confinement mais qui sera à nouveau possible, nous enchantant comme par le passé.
La roue tourne ! Ce concept médiéval est de retour avec sa danse macabre qui va du nourrisson au vieillard, comprenant dans ses rangs la mort à la faux acérée qui fauche indifféremment le riche et le pauvre, la jolie femme aux beaux atours et la vieille paysanne édentée et pieds nus.
De Noir c’est noir à Quand revient la nuit, enchanteresse mélodie susurrée avec un ressenti perceptible, Johnny nous fait vibrer au son de sa voix, décuplée par l’amour aux mille symboles.
La croix de Johnny flotte dans l’air glacé et nous offre ce petit espoir qui nous aide à tenir et à vivre tout simplement.

lundi 30 mars 2020

Vole, vole, petit oiseau


Vole, vole, petit oiseau
Confinement oblige, je ne peux plus assister à la belle chorégraphie enseignée en maternelle et exécutée avec brio et sérieux par mon petit-fils .
La maison est désespérément vide depuis l’apparition de ce virus dévastateur.
Devenus orphelins, les jouets attendent le retour de leur ingénieux manipulateur.
Yochi attend la mise en marche du jeu fabuleux qui consiste à éviter les indésirables pour collecter les fleurs miraculeuses qui aident à franchir un palier en vainqueur.
Les playmobils sont endormis et le bureau où s’empilent cahiers de coloriage et d’écriture mais aussi de livres divertissants ou éducatifs, attend les gestes créateurs d’ Eloan, à la plume enrichie par un imaginaire créatif.
Dans le jardin, le toboggan, le bac à sable, le bateau de pirate, le trampoline et les engins agricoles en modèle réduit attendent aussi l’emploi magique et enfantin.
Quant aux voitures, quads et vélos, ils restent inemployés et les jours s’égrènent avec monotonie.
Le roi de la maison n’est plus là pour enrichir les matinées en faisant retentir rires et pleurs, au gré de l’embellie ou de la mélancolie.
« Vole, vole, petit oiseau » …Quand reviendras-tu offrir la féerie de ta présence, mon petit ange ?
Que les nuages emportent les miasmes destructeurs de ce virus, tapi dans l’ombre qui attend le moment propice pour séparer les êtres de ceux qu’ils aiment !

dimanche 29 mars 2020

La reine se meurt


La reine se meurt
Dans sa maison de poupée, la reine se meurt. Elle boit à petites gorgées une flûte de champagne et se souvient avec mélancolie de ces années folles où elle se croyait aimée.
C’était une cavalcade de princes charmants  qui se pressaient à ses côtés et les rires fusaient de partout.
Puis il y eut un grand silence et l’on n’entendit plus que le chant des oiseaux qui accompagnaient le délire silencieux dont elle était la proie.
Le rossignol de l’empereur, noblesse oblige, vint chanter à sa fenêtre et soudain, la reine se sentit mieux.
Miracle ! Elle put enfin se lever et écrire de petits mots rassurants à l’adresse de ses amis et peu à peu, les princes de ses nuits enchantées vinrent prendre de ses nouvelles, disparaissant sous des bouquets de fleurs et offrandes en cascades de perles, diamants et saphirs, sa pierre précieuse préférée.
Enfin, au moment où l’on s’y attendait le moins, la reine mourut car son heure du grand départ était tout simplement venue.
Respectant ses consignes de deuil, les princes se réunirent pour un dernier hommage et ce fut un concert improvisé de chants tsiganes et de poésies médiévales.
La reine mourut comme le font les reines, avec panache et sensibilité et elle rejoignit ceux qu’elle avait aimés et perdus dans cette longue route qui se terminait toujours de la même façon.
Elle devint une étoile qui depuis, scintille au firmament sous le nom de Cassiopée, la reine de la nuit.

samedi 28 mars 2020

Fanfan, Tulipe et la reine des prés


Fanfan, Tulipe et la reine des prés
Dédaignant les directives du coq, Fanfan, Tulipe et leurs amies à la robe festonnée comme celle des coucous, sont allées à la rencontre de leur reine bien-aimée, la reine des prés.
C’est ainsi qu’elle s’est présentée, reine en sabots, aux joues roses et aux boucles cendrées.
C’est une enfant et elle ne risque pas de vouloir les mettre au pot pour s’en régaler, en bouillon de prestige aux perles de tapioca.
Pour exprimer leur gratitude, ses dames de compagnie lui ont réservé leurs plus beaux œufs frais.
Claudine, la belle enfant, aime les manger à la coque avec des mouillettes de pain bis, beurrées à partir d’une motte portant l’estampille de ses origines poitevines.
Claudine n’est pas venue, les mains vides et elle apporte à ses amies du bon grain croquant et du pain dur.
Elle leur chante une comptine « Une poule sur un mur qui picotait du blé dur, picoti, picota, pond un œuf et puis s’en va ».
Claudine ne manque pas de lisser leurs jolies plumes et elle admire la clarté et la vivacité de leur œil prompt à repérer une proie, ver de terre ou autre gourmandise.
Puis, après un dernier câlin à ses amies, Claudine prend le chemin du retour en emportant les œufs, ce trésor, soigneusement rangés dans son fichu.
Soucieuse de ne pas faire d’omelette prématurée, elle marche à petits pas, sous les vivats du coq Hector qui marque son admiration en lui adressant son irrésistible chant.
Tandis que Claudine offre les œufs dorés à sa mère, Fanfan, Tulipe et autres dames à la robe gris perle, entourent Hector à qui elles prodiguent des marques d’amour.
Dans le vert paradis du jardin, poules et coqs magnifient les beautés de la nature et attendent qu’un peintre leur donne des armes de noblesse.
Que chante le coq à l’aube pour accueillir les bienfaits du soleil !
C’est un signe de quiétude et de symphonie astrale !

vendredi 27 mars 2020

Le jardin des merveilles


Le jardin des merveilles
Farfadets, lutins, fées et enchanteurs celtiques se sont emparés de mon jardin pour en faire un lieu de prédilection.
Je me déplace prudemment, de crainte de marcher sur l’un de ces êtres fabuleux qui sont le sel de notre vie, son miel également car avec la recrudescence des trèfles, les abeilles sont de retour.
Dans le patio qui s’élève fièrement au cœur du domaine, parmi les pommiers, les cerisiers, les cognassiers et les poiriers, une cuisine ultra moderne s’est érigée et l’on y fabrique de succulentes préparations à base de fleurs et de fruits.
Les asperges sont également au menu et elles trônent sur les tables, accompagnant de savoureuses viandes achetées aux éleveurs.
Les fraises éclaboussent de leurs robes de bal pimpantes et vermeilles des coupes de fromage blanc provenant d’animaux voisins du domaine pour faire le bonheur de nos paysans au savoir ancestral et si remarquable.
Je m’installe dans un jardin d’amour où grimpent des rosiers Ronsard et des églantiers, s’entrelaçant aux groseilliers qui apporteront leur note acidulée aux mets servis à la table des hôtes et je lis un ouvrage qui m’emporte vers des univers méditerranéens enchanteurs.
Albert Camus figure en bonne place sur ma pile de livres chéris mais il y a aussi les œuvres de Jean Giono qui donne à Manosque ses lettres de noblesse.
Un parfum de lavande me vient en lisant ses ouvrages et je le respire avec suavité et enchantement.
Les fées de La Jalousie, mon domaine, me prient de les laisser seules et j’obéis à leurs injonctions car ici, je ne suis qu’une reine sans nom et sans couronne.
Je me retire sur la pointe des pieds et je regagne ma modeste demeure pour me recueillir et songer à ceux qui ne sont plus et qui me manquent tant !