La reine des oiseaux
Dans son jardin d’amour, la reine des oiseaux offre du
millet et des graines de sésame aux tourterelles qui nichent dans le lilas des
indes et les cerisiers.
Demain, j’emprunterai les allées de mon domaine, à la
recherche des oiseaux, étourneaux, sansonnets, pinsons, rouges-gorges et merveilleux
bouvreuils dont le poitrail vermeil me rappelle la beauté de mon plus jeune
fils, lors de ses premiers pas, avec ses dents de corsaire prêtes à mordre
tandis qu’il riait aux éclats.
Je progresse et je me réfugie dans ma pergola où s’enlacent
clématites, roses et chèvrefeuille, la fleur chère aux dames médiévales qui
pratiquaient le fin’amor ou l’amour courtois.
Arthur, Lancelot, Perceval, Gauvain et vous tous, chevaliers
de la Table Ronde, vous êtes partis à la recherche du Saint Graal qui nous
sauverait de cette peste des temps nouveaux qui porte un nom codé pour
édulcorer les effets d’une crainte excessive.
Le comptage des morts nous suffit pour ébranler l’optimisme
humaniste de ceux qui veulent lutter jusqu’à la dernière minute de leur vie.
Faites vite, nobles chevaliers, rapportez-nous ce Graal qui
nous aidera à rester sur cette terre que nous aimons à la folie.
La reine des oiseaux lance à la volée le grain qui lui reste
puis elle rentre dans son foyer, jette ses pensées sur un parchemin puis elle
ferme les yeux en gardant en mémoire l’immortel chant des oiseaux.
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