mardi 31 décembre 2019

Au gui l'an neuf


Au gui l’an neuf
La fée du houx a donné le la en ordonnant aux oiseaux du jardin, mésanges, rouges-gorges, rossignols et colombes de confectionner des couronnes de houx et de gui entremêlés pour orner le centre de la table des fêtes du jour de l’an nouveau.
Tandis que les oiseaux faisaient de leur mieux pour réaliser des merveilles destinées à l’œil, aidés par les petites fées qui se cachaient dans les buissons environnants, dans les cuisines, on s’affairait pour préparer un festin royal et champêtre à la fois.
Zohra s’occupait de la semoule en la faisant voler depuis son van, après l’avoir humectée et donné du gonflant.
Aicha et Alice tranchaient les légumes tandis que Nordine découpait l’épaule d’agneau qui donnerait toute sa saveur au bouillon aromatisé de laurier et de thym.
Lise et Laura pétrissaient et étiraient la pâte de la pastilla, Azzedine faisait rissoler les pigeons et les enfants de la maison décortiquaient les amandes pour que le plat ait son allure royale des grands jours, à grand renfort de miel.
Les artistes se préparaient à donner de la voix et à jouer de leur instrument favori et ancestral.
Des coupes de fruits seraient servies en guise de rafraichissement ainsi que des sorbets.
Lorsque le moment de la fête battit son plein, des couples s’embrassèrent sous le gui en se prêtant serment de s’aimer pour la vie.
Au gui l’an neuf les amis et que l’an 2020 vous apporte mille et un petits bonheurs qui vous aideront à aller plus loin, plus haut, sous les ailes de la fée Espérance.

lundi 30 décembre 2019

Le carrosse d'or

Le Carrosse d'Or Et si l’arrière-petite-fille de Cendrillon venait à croiser le sosie de Corto Maltese ? De chasseurs de trésor à un pêcheur d’étoiles, de la place royale de Labastide-d’Armagnac à un lointain royaume africain, d’une Fleur de Sable à une Fleur d’Étoile, laissez-vous bercer par la musique des mots qui accompagnent les intrigues de la féerie et du quotidien… En ces temps de pénurie, quoi de plus merveilleux qu’un carrosse d’or ? C’est pourquoi Marguerite-Marie Roze s’est ingéniée, dans ce recueil de contes, à le faire apparaître, soit de manière fugitive, soit de façon constructive comme le signal du destin. Variant les trajectoires habituelles du conte, les respectant ou les transgressant en leur donnant une dimension onirique relevant parfois de la bande dessinée, elle nous invite à un voyage dépaysant, oscillant entre hommages et renouveau, contes et brèves poétiques.

Rêve de pierre


Rêve de pierre
Sur les chemins poudreux, les Tsiganes partent à la recherche du royaume qui leur est promis et qui s’éloigne toujours, toujours plus loin.
Lors des haltes, ils allument des feux et s’activent pour préparer le repas.
Avant de se retirer dans leurs roulottes, ils chantent et dansent.
Le folklore est empreint de gaieté et de mélancolie. Les guitares servent les danseuses qui s’envolent, pas après pas, jupes relevées jusqu’aux genoux pour faciliter leur prestation.
Lorsque chacun a terminé son répertoire, ils s’en vont à regret dans la partie réservée au sommeil et prient pour que le sommeil les emporte dans le pays fabuleux des rêves.
C’est un rêve de pierre qui s’impose à Violetta et Flora, les danseuses émérites du fandango.
Un palais de marbre s’offre à leurs yeux mi-clos et elles y pénètrent avec bonheur.
Le prince de leur rêve les y attend peut-être mais dans cette perspective, elles se pavanent sur les divans de soie et jouent de l’éventail en buvant des gorgées aromatisées aux fruits et à la bergamote.
Le lendemain, il ne restera plus rien de leur rêve de pierre et elles iront par les chemins, plus loin, encore plus loin, à la recherche de ce royaume évanoui qu’on leur rendra peut-être.


dimanche 29 décembre 2019

Les pommes d'or


Les pommes d’or
De son pas dansant, Mélissa se dirigea vers la forêt, un panier au bras, avec la ferme intention de revenir chez elle avec une belle provision de champignons et d’herbes au parfum délicieux pour agrémenter des tourtes campagnardes qu’elle irait revendre au marché.
Sa cueillette allait bon train et en s’enfonçant plus avant dans les futaies, elle découvrit un pommier qui portait de magnifiques pommes d’or.
Au moment où elle s’apprêtait à prendre l’un de ces fruits miraculeux, une vieille femme vêtue à l’ancienne, arrêta son bras :
« Ne touche pas à ces fruits qui sont mis pour servir d’appât. Tu pourrais regretter ce geste ».
L’apparition disparut, laissant la jeune fille interrogative.
Alors qu’elle se demandait si elle n’allait pas transgresser ce conseil, une pomme d’or tomba à ses pieds.
La pomme pivota sur elle-même, grandit et se transforma en sphère lumineuse qui pouvait servir d’habitat.
Mélissa s’y aventura et elle était à peine installée sur un coussin profond que la porte se referma et que la pomme monta dans le ciel, emportant la jeune fille vers un destin aventureux.
Lorsque la pomme se stabilisa, la porte s’ouvrit, laissant la jeune fille libre de ses mouvements.
Elle sortit pour découvrir un univers étrange et fascinant.
Des pommiers aux fruits d’or jalonnaient une allée de sable fin qui conduisait à un palais de nacre et de marbre.
Mélissa emprunta timidement le perron de l’entrée du palais et de jeunes serviteurs en livrée chamarrée vinrent à sa rencontre.
On la conduisit dans ses appartements qui étaient luxueux.
Délivrée de son panier qui fut emporté vers la cuisine, la jeune fille prit un bain et se vêtit d’une somptueuse robe qui était étendue sur le lit.
Elle revint dans la salle d’apparat et se laissa conduire dans une salle à manger où l’attendait un jeune prince au sourire charmant.
Il la guida vers un fauteuil réservé aux reines et le service commença, dans un ballet magique où les plats se succédaient, de plus en plus savoureux et dignes d’un festin.
Mélissa goûta ces mets avec plaisir puis elle se laissa aller à la féerie du moment.
Le prince Emilien l’emmena dans les jardins et ils se promenèrent comme deux amants qui se connaissaient depuis toujours.
Ils s’assirent sur un banc, près d’une roseraie et devisèrent de mille et un sujets qui les divertissaient.
Un souffle de vent s’abattit soudain sur le jardin, emportant la jeune fille dans un tourbillon de fleurs.
Elle se retrouva à l’endroit de la forêt où la pomme d’or était tombée à ses pieds.
Son panier était rempli de champignons et d’herbes odorantes.
Elle revint chez elle, déçue de la triste fin de son aventure mais se mit immédiatement au travail pour se distraire.
Les tourtes furent bientôt enfournées et lorsque la première, dorée à souhait, sortit du four, le prince Emilien fit son entrée, demandant l’hospitalité et le droit de savourer cette merveille venue de la forêt.
Ils mangèrent la tourte et le prince profita d’un moment de pause dans le déjeuner pour demander la main de Mélissa.
Les deux amants s’embrassèrent et la jeune fille mit la clef sur la porte de sa chaumière car un destin fabuleux la conduisait dans un palais qu’elle devait aux pommes d’or.

samedi 28 décembre 2019

L'île aux mille merveilles


 L’île aux mille secrets
Sur le rivage d’une île qui n’était répertoriée par aucune carte, le prince Édouard sentit que l’aventure était au rendez-vous.
Son voilier était solidement ancré aux abords d’une crique au sable fin et doré où se promenaient des crabes et des tortues.
L’île reposait sur un socle de jade, de quartz rose et de granit et au cœur de cette surface rocheuse, coulait une rivière qui alimentait une végétation luxuriante, colorée et peuplée d’oiseaux.
Le prince se dévêtit et plongea dans cette eau limpide. Au sortir de l’eau, il se dora au soleil, rassembla ses idées, se promettant de mener à bien le tour du monde qu’il s’était imposé pour ramener à sa princesse un cœur de jade qui lui apporterait le bonheur.
Demeurée au palais, la princesse Brunehaut espérait qu’un talisman la délivrerait d’un envoûtement maléfique qui la condamnait à un repos prolongé.
Le prince reprit sa progression dans l’île qui semblait receler mille et un secrets et sa première rencontre fut celle d’une chèvre qui se prit aussitôt d’amitié pour cet être humain.
Elle se laissa traire et le prince se régala de ce breuvage naturel et onctueux. Il cueillit quelques fruits et songea qu’il serait agréable de s’en procurer pour l’équipage de son voilier Brise de Rose.
Il envoya un message à ses matelots par le biais d’une colombe et attendit qu’une délégation de son équipage vienne le rejoindre pour procéder au ravitaillement.
D’énormes citrons, des oranges et des fruits dont il ne connaissait pas le nom furent bientôt rangés dans des paniers d’osier et prirent le chemin de la cale du navire pour agrémenter les repas consistant surtout en viande séchée et en poissons disposés dans des barriques sur un lit de sel.
L’aide de camp du prince accompagna le suzerain dans sa recherche du cœur de jade qui devait rendre à la princesse son autonomie et sa joie de vivre.
Ce jade apparent est un signal dit Alban et il se félicita de cette escale prometteuse.
Au détour d’un chemin qui semblait pratiqué par des êtres humains, les deux hommes, suivis par une petite escorte destinée à les protéger de tout incident, découvrirent avec stupeur et admiration une fabuleuse créature vêtue de feuilles et de fleurs.
« Je suis Nuage rose, la reine de cette île et je vous souhaite la bienvenue. Les dieux m’ont avertie de votre venue et je tiens à votre disposition le cœur de jade que vous cherchez pour sauver votre princesse » dit avec un accent chantant l’adorable apparition et joignant le geste à la parole, elle tendit au prince un bijou : une chaîne d’or fin et torsadé portait en son centre un extraordinaire pendentif où brillait un cœur de jade, lumineux et changeant selon les rayons solaires perçus.
Cependant ajouta-t-elle, je vous demanderai de passer quelques jours auprès de moi car je me sens parfois si seule au milieu de mes fidèles.
« Vous me raconterez les péripéties de votre voyage et , de cette manière, j’aurai l’impression de vous suivre sur ce beau voilier qui est ancré en mon royaume »
Nuage Rose les conduisit dans sa demeure faite de bambous et de fleurs.
Ils prirent place dans des sièges profonds et commencèrent leurs récits en alternant les points de vue qui n’étaient pas toujours identiques car si le prince songeait surtout à sa mission, son aide de camp devait veiller à ce que tout s’organise pour mener l’expédition à son terme.
Les jours passèrent puis chacun pensa qu’il était temps de reprendre sa route afin de sauver la princesse qui devait se morfondre en son palais.
Nuage Rose agita longuement une écharpe de mousseline brodée pour souhaiter une bonne route aux voyageurs et avant de la quitter, le prince lui promit de revenir en compagnie de son épouse lorsqu’elle serait sortie de sa torpeur et de l’aider à préparer de mémorables fêtes pour célébrer sa guérison.
Le voyage du retour fut des plus agréables et lorsqu’il arriva en son palais, le cœur de jade à la main, la princesse Brunehaut sut que le cauchemar était terminé et qu’elle allait enfin retrouver santé et joie de vivre.

vendredi 27 décembre 2019

A notre Zelda


À notre Zelda


Elle ne viendra plus jamais gratter à notre porte pour se faire câliner et nous offrir ses ronronnements de plaisir, notre princesse Zelda aux yeux d’émeraude !
La maladie l’a terrassée alors qu’elle vivait ses dix-huit ans de bonheur intégral.
Notre domaine était le sien : au printemps elle parcourait d’incroyables lieues, imitant à merveille les exploits du chat botté et m’inspirant plus d’un conte.
Elle était la grande Zelda du conte Le domaine du chat botté de A l’ombre des cerisiers en fleurs et elle s’immisçait çà et là, exploitant une lucarne entrouverte, à sa manière féline et poétique.
Cachée dans les hautes herbes de notre prairie, elle veillait à ce qu’aucun intrus ne pénètre dans notre domaine qui, en vérité, était le sien.
Elle aimait se dorer au soleil, offrant sa fourrure aux rayons lumineux.
Les yeux mi-clos, elle veillait, mine de rien, à l’équilibre de son royaume dont elle nous donnait, chaque jour, la clef.
Grande prêtresse de la Jalousie, elle repose à présent près du lilas des Indes où elle aimait grimper, à l’emplacement du pommier de la Saint-Jean qui nous offrait ses pommes d’or à l’incomparable saveur.
Désormais nous irons fleurir sa tombe et penserons, au moindre souffle de vent, qu’elle est de retour et qu’elle continue à veiller sur nous !