mardi 17 décembre 2019

Brocéliande de nos amours


Brocéliande de nos amours
La forêt bruissait de mélodies nouvelles colportant le renouveau. Hortensia et ses compagnons avaient accompli un remarquable travail, au fil des réunions de la Table Ronde.
Les soucis provenant des incendies criminels s’étaient envolés et les suspects avaient été bannis de la forêt à tout jamais. De plus, il avait été décidé que l’on replanterait des arbres là où ils étaient manquants et Hortensia eut la brillante idée de mettre à contribution les élèves des écoles avoisinantes en obtenant l’accord des directeurs et des enseignants.
Chaque élève n’était pas peu fier de devenir chevalier de Brocéliande en plantant des saules, des hêtres et des chênes. Par ailleurs on sema des fleurs pour faire bonne mesure et la forêt devint si accueillante que tous rêvaient d’y venir afin de contempler la nouvelle parure de la lande que l’on disait sauvage et qui était devenue si belle.
Célio voulut un jour se rendre à la fontaine de Barenton où, disait-on, l’enchanteur Merlin et la fée Viviane s’étaient rencontrés.
Lorsqu’il parvint à la fontaine après s’être perdu plus d’une fois tant le chemin se voulait secret, il eut la surprise de constater que quelqu’un l’avait devancé et cette personne, une jeune femme d’une rare beauté chantait une mélopée qui semblait venue d’orient :
« Dans le berceau de tes bras, j’ai respiré les parfums de l’oranger et du jasmin. J’ai franchi la mer à bord d’un voilier blanc pour te rejoindre, mon doux aimé et pour ne plus jamais te quitter ».
Célio sentait une irrationnelle pointe de jalousie s’emparer de son cœur. Qui était ce rival potentiel que la belle rêvait de retrouver ?
Il prit la liberté de s’asseoir à ses côtés et attendit qu’elle consente à lui adresser la parole.
Les yeux mi-clos, il attendait que le miracle ait lieu mais ce fut en pure perte alors, dans un mouvement désespéré, il se mit à chanter et les paroles improvisées devenaient ruisseau courant sur les galets parfois semés de paillettes d’or :
« Belle de mes jours, je voudrais que tu t’attaches à moi pour jamais. Les nuits deviendront autant de rêves d’amour et je te promets de te servir et de t’aimer comme la princesse que tu es déjà dans mon cœur.
Viens mon aimée, viens me rejoindre car je me meurs d’amour et je sens que ma vie s’échappe de mes lèvres. Toi seule peux me retenir en ce monde et j’attends que tu acceptes mon baiser ».
La jeune femme parla enfin et révéla son nom en premier lieu. Elle était originaire de la lointaine Flandre et se nommait Maheut d’Artois. La chanson qu’elle avait interprétée lui venait de sa nourrice, originaire  d’Alger et elle avait été bercée, toute enfant par les parfums du jasmin et de l’oranger.
« je n’accepterai d’embrasser un jeune homme, fût-il charmant, que lorsqu’il me demandera en mariage de manière formelle, après de longues fiançailles au cours desquelles, il devra faire preuve de gentillesse et de constance, pour m’assurer de sa fidélité.
Je vous propose, gentil chevalier de venir voir mes parents en mon château de Brise d’Automne, pour me demander en mariage ».
Célio lui parla de la Table Ronde auprès de laquelle il s’était engagé comme chevalier, par serment et il proposa à la belle Maheut de rencontrer Dame Hortensia qui régentait sa vie.
Ils arrivèrent à Tréhorenteuc, firent une halte à l’église où régnait une paix hors du commun et exposèrent une demande de libération momentanée du chevalier Célio pour preuve d’amour.
Dame Hortensia se déclara charmée de l’aventure romanesque du chevalier vénitien qui était son bras droit et elle l’autorisa à se rendre dans la Flandre prospère dont on vantait les louanges et où disait-on, avait vécu le grand Chrétien de Troyes qui avait tant chanté les exploits des chevaliers de la Table Ronde, racontant notamment les amours de la belle Guenièvre et de Lancelot du Lac puis la conquête toujours remise sur le métier du Graal sacré, notamment par l’entremise de Perceval le Gallois.
« J’aurai enfin l’occasion de donner une place d’honneur à l’un des chevaliers que j’ai gardés auprès de moi » ajouta-t-elle et chacun émit un avis pour sélectionner l’un de ces preux chevaliers.
Aldebert de Roumanie fut enfin désigné à la majorité des voix et il vint baiser la main de sa suzeraine en lui promettant d’être son plus fidèle et reconnaissant vassal.
Après de jolies fêtes destinées à recevoir Maheut de Flandre dans la congrégation de chevaliers de l’ordre nouveau, le couple partit vers ce pays que l’on disait couronné de blés ondoyant au vent et de belles terres riches où paissaient des animaux destinés à fournir des produits délicieux, au nombre desquels figurait un fromage renommé que l’on savourait de mille et une manières, offrant aux enfants une belle croissance et des joues roses.
On attendit des nouvelles du couple et elles arrivèrent enfin, porteuses d’espoir et de félicité.
Célio avait été accepté à condition que la réciproque se fasse à Venise et les deux amants partirent de ce chef dans la lointaine lagune où miroitaient des trésors fabuleux.
Ce répit enchanta Aldebert de Roumanie qui prit goût à sa participation active auprès de Dame Hortensia, dans cette Table Ronde qui réservait tant de surprises à ceux qui croyaient en elle.

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