mercredi 11 décembre 2019

Le chevalier du Miroir aux Fées


Le chevalier du Miroir aux Fées
Devenu fréquentable depuis le départ de la fée Morgane, le Val-sans-Retour était devenu le lieu de rendez-vous des poètes, des amants et des personnes en quête d’inspiration.
C’est d’un pas alerte et décidé que Céleste, la jolie et talentueuse brodeuse de Tréhorenteuc se rendit au Miroir aux Fées, emportant dans un sac son matériel à broder et son album d’aquarelles.
Pressée de bénéficier de la lumière du jour qui était de qualité, elle sortit son tambour à broder et reprit un ouvrage commencé chez elle en songeant au prochain qu’elle réaliserait si la chance lui souriait.
Et c’est alors que le miracle se produisit : un ballet de libellules exécuta des arabesques de manière si artistique que Céleste voulut pérenniser  l’instant .Elle abandonna sa broderie pour réaliser des esquisses du ballet  dans son album. Entrelaçant des L stylisés et des reproductions des libellules dont elle s’appliqua à soigner l’aspect translucide de leurs ailes, elle ne vit pas s’approcher d’elle un chevalier qui se trouvait de l’autre côté du miroir et qui avait été subjugué par sa beauté.
« Vous qui semblez être une fée, permettez-moi de vous présenter les hommages d’un chevalier, soucieux du bonheur d’autrui. Je suis Philippe d’Amboise et tout ce que je possède, je vous l’offre si vous acceptez de m’aimer ».
Surprise et intimidée par cette déclaration, Céleste remercia le chevalier de ses aimables propos mais elle ajouta, au risque de le décevoir, qu’elle n’était qu’une villageoise qui travaillait à la commande pour ses compatriotes et qu’assurément, la vie de châtelaine n’était pas prévue dans son destin.
Philippe d’Amboise, loin d’être déçu, lui assura qu’elle deviendrait sa dame avec gloire et honneur si elle y consentait et qu’elle serait l’indispensable joyau de sa vie si elle lui accordait sa main.
Il ajouta malicieusement que joignant l’utile à l’agréable il lui passait commande d’une chemise brodée de gala et il lui demanda l’autorisation de se rendre en son domicile afin qu’elle puisse lui prendre les mesures et qu’il choisisse un motif susceptible de plaire à sa dame d’amour.
Ils partirent d’un bon pas vers le village.
Céleste offrit des rafraichissements au beau chevalier qui lui promettait un si bel avenir. De son côté, Philippe d’Amboise put noter que l’intérieur de la maison de Céleste correspondait en tous points à son image et il se dit qu’il avait eu la chance de trouver au Miroir aux Fées, la dame qui illuminerait ses jours.
Lorsque le temps de la bienséance fut passé et qu’il se trouva doté de la plus belle chemise de marié qui se pût trouver, le chevalier épousa Céleste dans la petite église de Tréhorenteuc puis il l’emmena dans son château d’Amboise pour la présenter à sa parenté et à ses amis.
Il fit donner de somptueuses fêtes pour célébrer son mariage avec faste.
Chacun admira les broderies de la jolie mariée mais à ceux qui osèrent passer commande, le chevalier rétorqua que, dorénavant, son épouse ne broderait plus que pour lui, le château d’Amboise et ajouta-t-il avec tendresse, pour nos enfants qui ne tarderont pas à naître tant mon amour est immense pour Céleste, la si bien nommée.
L’histoire de la rencontre entre une jeune fille modeste et talentueuse et un beau chevalier se propagea dans son village natal et s’ajouta aux légendes qui entouraient le val-sans-retour et le miroir aux Fées.
Plus d’une jeune fille se rendit dans cet endroit magique, espérant y faire une rencontre extraordinaire mais, comme l’histoire, la légende ne se renouvelle jamais et chaque jeune fille renonça à courir l’aventure et revint sagement à la maison, espérant que le destin leur réserverait peut-être une agréable surprise.

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