samedi 14 décembre 2019

Hortensia, la gardienne du Graal


 Hortensia, la gardienne du Graal
Les jours filaient à vive allure et les rendez-vous quotidiens au Miroir aux Fées étaient devenus quasi sacrés pour Hortensia et ses amis.
Un jour, il advint que la jeune fille arrive à l’aube pour méditer en solitaire sur les rives de l’étang dédié aux fées.
En pleine méditation, elle vit une silhouette lumineuse sortir de la pièce d’eau. Celle-ci déposa à ses pieds un calice de belle facture, en or pur, serti de pierreries avec ces simples mots : c’est le graal, prenez-en grand soin.
La silhouette disparut, laissant Hortensia pensive, prête à l’action après en avoir décidé avec son groupe d’amis.
Les commentaires allèrent bon train et Anna n’eut de cesse de raviver les mémoires de son auditoire concernant la quête du Graal, lancée jadis par le roi Arthur pour remédier aux fléaux divers qui s’étaient abattus sur le royaume de Brocéliande.
A l’issue de ce conseil exceptionnel, Hortensia décida de renouveler les conditions de l’étiquette royale, notamment l’édification d’une table ronde.
« Une fois le décor posé, nous entrerons dans le vif du sujet et nous trouverons ce qu’il convient de faire puisque nous, nous avons la chance de disposer du calice sacré » dit Hortensia puis elle rentra rapidement chez elle pour prendre les mesures nécessaires à la réalisation de ce beau projet.
Elle convoqua un architecte et lui demanda d’établir des plans pour ériger une structure quasi princière auprès du Miroir aux Fées, de forme circulaire si possible.
Puis elle commanda à un tailleur de pierres réputé, de construire une table ronde en marbre rose.
Cette table où elle siégerait avec ses douze chevaliers, comprenant, il va de soi, des femmes, ce qui était la principale nouveauté, verrait naître des édits et des projets susceptibles de conserver toute sa beauté à la légendaire forêt.
L’architecte lui apporta des plans qui furent approuvés par le conseil.
La réalisation du palais fut mise en œuvre et bientôt on vit surgir de terre une éblouissante rotonde qui retenait la lumière et la renvoyait à des kilomètres à la ronde.
Laura de Beauregard capta cette lumineuse nébuleuse et elle vint voir de près cette réalisation digne de l’époque du Roi Arthur.
Elle fut enchantée de constater qu’elle n’était plus seule, désormais, à vouloir protéger la forêt et elle promit son appui à Hortensia, adolescente d’exception qui honorait la terre de Brocéliande de sa bienfaisante présence.
Elle proposa de fournir de l’argenterie et des armes ciselées aux chevaliers de la nouvelle table ronde.
« Certes nous vivons en paix mais l’expérience m’a prouvé que l’on n’était jamais sûr de maîtriser l’adversité. Il faut donc s’y préparer, respectant l’adage des Romains Si vis pacem para bellum » dit avec beaucoup de sagesse la Dame qui régissait le château de Beauregard.
Elle rentra au château, fière de voir qu’une jeune fille suivait en quelque sorte la voie qu’elle avait choisie autrefois puisque, de toute évidence, c’est elle et non un homme qui siègerait à la place qu’occupait jadis le Roi Arthur.
Les temps changent se dit-elle et nous vivons une petite révolution.
De son côté, Hortensia était heureuse de se sentir épauler par une dame de haut lignage, doyenne et administratrice d’un château dont la renommée était immense.
Les jours passèrent et enfin le palais apparut dans toute sa beauté.
C’était un ouvrage étincelant, digne de la tradition hors norme des chevaliers de la Table Ronde et il s’avéra que chacun y vit la présence d’un légendaire roi qui s’avérait immortel dans une reconduction de sa charge, inédite et charmante.
« C’est la revanche de Guenièvre : aujourd’hui on ne conduit plus les femmes dans un couvent lorsqu’elles ont cessé de plaire » dit sentencieusement Anna et chacun d’applaudir à l’apparition des temps nouveaux.
Rien ne se fera sans une grande fête d’intronisation dit Hortensia, grande initiatrice du projet et j’attends de mes parents qu’ils autorisent mon frère Arthur pour qu’il nous rejoigne et soit le Lancelot de notre table. Il aime les arts de la chevalerie et il sera complémentaire dans notre belle et illustre assemblée.
Chacun applaudit le magnifique et audacieux projet et l’on attendit la venue de ce beau chevalier qui donnerait à la cour princière ses lettres de noblesse.

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