jeudi 30 novembre 2023

La princesse aux yeux d'azur

 



Dans un royaume inconnu des géographes, vivait une princesse nommée Marjolaine mais que tout le monde connaissait sous l’appellation de Princesse aux yeux d’azur.

Lorsque l’on croisait son regard, on percevait l’éclat de deux saphirs enchâssés dans des orbites mordorées et chacun comprenait la justesse de son titre.

Or, un jour, la princesse disparut sans laisser la moindre trace et tout le royaume sombra dans les ténèbres.

C’est sa dame d’honneur, Gwendoline, qui découvrit l’absence de la princesse en lui portant son petit déjeuner.

Au vu du désordre qui régnait dans la chambre, elle en déduisit que la princesse avait été enlevée.

Elle nota que ses ravisseurs l’avaient habillée de façon qu’elle passe inaperçue : robe de laine, cape de voyage, bottes fourrées et loup pour dissimuler ses beaux yeux reconnaissables entre mille avaient disparu de l’armoire et de la coiffeuse.

Dom Louis, le gouverneur du palais, prit tout de suite des mesures pour qu’un rapide retour en son foyer soit assuré pour la princesse.

Des émissaires, armés par mesure de prudence, furent dépêchés aux quatre coins du royaume.

Dom Louis s’adressa aux fins limiers du palais pour qu’ils passent les alentours au peigne fin afin de récolter un ou plusieurs indices.

Des crins de chevaux camarguais inconnus dans le royaume furent trouvés ainsi que l’empreinte de leurs sabots.

Le sable était martelé par les traces d’un débarquement.

C’est à bord d’une chaloupe rejoignant sans doute un voilier mouillant au large que la princesse avait été exfiltrée de son palais.

Une mouette déposa sur le lit de la princesse un cheveu d’or qui appartenait sans aucun doute à sa chevelure.

L’oiseau avait profité d’une fenêtre ouverte pour délivrer ce message.

Sans attendre le retour de ses émissaires, Dom Louis affréta un navire et il embarqua en compagnie d’une petite troupe d’élite prête à mourir pour que les yeux d’azur soient rendus à leur royaume.

lundi 27 novembre 2023

Miss Marple

 


 


Avec ses petites boucles argentées, sa silhouette gracile et ses gestes mesurés, Miss Marple parvient à résoudre des énigmes complexes tout en taillant ses rosiers ou en tricotant, l’essentiel de son information lui parvenant par la presse locale, son courrier ainsi que le bavardage de son entourage, amis, aide-ménagères et médecin.

Elle se met parfois en danger car les assassins perfides s’imaginent qu’ils vont pouvoir balayer ce petit bout de femme comme un fétu de paille. Ils ignorent que Jane Marple a toujours sur son cœur la photographie de son fiancé, mort hélas sur un champ de bataille en France, loin de son Angleterre natale lors de la Première Guerre Mondiale.

Munie de ce viatique, voulant se montrer digne de l’homme qu’elle adorait, Miss Marple déjoue les pièges cruels d’adversaires prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

Dans Le cheval pâle, elle démantèle un dangereux cercle d’assassins qui procèdent au meurtre prémédité de la personne marquée d’une croix rouge moyennant finances, utilisant un habile écran de fumée. Par un tour de force similaire à ceux d’Hercule Poirot, retenu chez lui par un défi ou une impossibilité physique, elle peut démasquer un criminel avec l’aide d’une personne de son entourage, filleule, neveu ou aide-ménagère.

Leurs observations nourrissent son esprit et tout en tricotant ou en maniant le crochet voire en buvant à petites gorgées une tasse de thé, elle dénoue les écheveaux  de l’intrigue et parvient à damer le pion aux fins limiers de la police qui finissent par la redouter et tentent de limiter son action pour ne pas perdre la face.

Heureusement, elle a quelques appuis à Scotland Yard où l’intérêt de la nation prime sur l’ego masculin de la gent policière.

Que renaissent des Miss Marple sous la plume d’écrivains car ce type de personnage audacieux, féminin et plein de ressource ne peut que favoriser la difficile accession à l’égalité des sexes.

«  L’un est l’autre » écrivait Elisabeth Badinter mais ce doux rêve de partenariat devient de plus en plus lointain même si la civilisation étrusque disparue avec l’accession de Rome ait mis la femme sur un pied d’égalité avec l’homme.

Les fresques retrouvées nous montrent des partenaires : les bijoux et la magnificence des tissus habillant l’homme et la femme soulignent l’harmonie des couples allongés sur un lit d’apparat.

Quant à Miss Marple, elle est célèbre pour la modestie de sa mise. La richesse de son esprit compense ce refus de l’élégance oisive qui est souvent l’apanage de ceux qui préfèrent le « paraître » à l’être profond sans qui nous ne sommes rien.

Que vivent les Miss Marple, courageuses face à l’adversité, décidées à gagner des parties sur les nombreux échiquiers où le mal domine !

jeudi 23 novembre 2023

Le royaume des enfants perdus

 

 

 


Dans le royaume de Peter Pan, des voiliers se croisent, chargés de souvenirs, de regrets et d’amours enfantines.

Le voilier de Johnny a mouillé dans la crique du capitaine Crochet.

Seul maître à bord, Johnny toise le capitaine pirate et se charge de sauver les âmes des enfants perdus.

Jadis il en fit partie mais ne s’envola pas pour autant par la fenêtre pour arriver dans un royaume imaginaire.

Ses petites bottes bien ancrées sur une scène, il joua bravement sa partie en interprétant La ballade de Davy Crockett  lors du changement de costume des danseurs vedettes.

Il participa ensuite à des films, notamment un chef d’œuvre absolu, Les Diaboliques, en qualité de figurant, ce qui est tout à son honneur.

Rien d’étonnant au fait que des réalisateurs de renom aient fait appel à ses services dans sa vie d’adulte et de star incontestable, Jean-Luc Godard pour n’en citer qu’un.  Ils n’ont pas eu à lui indiquer des jeux de scène : il était déjà un routier du métier !

Délivré de toute contrainte aujourd’hui, Johnny vogue pour son plaisir et celui d’autrui, rêvant d’un imaginaire chanté pour rendre aux enfants perdus leur part d’enfance volée, leur offrant ainsi un nouveau royaume enchanté !

dimanche 19 novembre 2023

La Vestale

 




Des langues de feu sont tombées du ciel et m’ont embrasée, moi , la Vestale investie par Johnny et je chante comme si le dieu Apollon s’était emparé de ma personne.

Ma longue robe parsemée de lys blancs et de rubis reflète l’incendie qui allumait les cœurs lors des concerts mythiques du chanteur.

Craignant de brûler et de me consumer intégralement, j’en appelle aux déesses des rivières, les naïades  qui m’ont toujours soutenue.

Des bateliers s’approchent de la rive où je les attends, mes longs cheveux croulant sur mes reins à la manière de serpents lacustres.

J’embarque et je me laisse bercer par le murmure de l’eau et du vent jusqu’à ce que Johnny apparaisse, au loin, nimbé d’or et de lumière.

L’âme en paix, je sais alors que je suis bien dans le pays du rêve et je me laisse envahir par une force divine qui m’offre la clef de l’espérance  et de l’amour.