lundi 27 novembre 2023

Miss Marple

 


 


Avec ses petites boucles argentées, sa silhouette gracile et ses gestes mesurés, Miss Marple parvient à résoudre des énigmes complexes tout en taillant ses rosiers ou en tricotant, l’essentiel de son information lui parvenant par la presse locale, son courrier ainsi que le bavardage de son entourage, amis, aide-ménagères et médecin.

Elle se met parfois en danger car les assassins perfides s’imaginent qu’ils vont pouvoir balayer ce petit bout de femme comme un fétu de paille. Ils ignorent que Jane Marple a toujours sur son cœur la photographie de son fiancé, mort hélas sur un champ de bataille en France, loin de son Angleterre natale lors de la Première Guerre Mondiale.

Munie de ce viatique, voulant se montrer digne de l’homme qu’elle adorait, Miss Marple déjoue les pièges cruels d’adversaires prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

Dans Le cheval pâle, elle démantèle un dangereux cercle d’assassins qui procèdent au meurtre prémédité de la personne marquée d’une croix rouge moyennant finances, utilisant un habile écran de fumée. Par un tour de force similaire à ceux d’Hercule Poirot, retenu chez lui par un défi ou une impossibilité physique, elle peut démasquer un criminel avec l’aide d’une personne de son entourage, filleule, neveu ou aide-ménagère.

Leurs observations nourrissent son esprit et tout en tricotant ou en maniant le crochet voire en buvant à petites gorgées une tasse de thé, elle dénoue les écheveaux  de l’intrigue et parvient à damer le pion aux fins limiers de la police qui finissent par la redouter et tentent de limiter son action pour ne pas perdre la face.

Heureusement, elle a quelques appuis à Scotland Yard où l’intérêt de la nation prime sur l’ego masculin de la gent policière.

Que renaissent des Miss Marple sous la plume d’écrivains car ce type de personnage audacieux, féminin et plein de ressource ne peut que favoriser la difficile accession à l’égalité des sexes.

«  L’un est l’autre » écrivait Elisabeth Badinter mais ce doux rêve de partenariat devient de plus en plus lointain même si la civilisation étrusque disparue avec l’accession de Rome ait mis la femme sur un pied d’égalité avec l’homme.

Les fresques retrouvées nous montrent des partenaires : les bijoux et la magnificence des tissus habillant l’homme et la femme soulignent l’harmonie des couples allongés sur un lit d’apparat.

Quant à Miss Marple, elle est célèbre pour la modestie de sa mise. La richesse de son esprit compense ce refus de l’élégance oisive qui est souvent l’apanage de ceux qui préfèrent le « paraître » à l’être profond sans qui nous ne sommes rien.

Que vivent les Miss Marple, courageuses face à l’adversité, décidées à gagner des parties sur les nombreux échiquiers où le mal domine !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire