samedi 25 novembre 2017

Le palais de la Belle Endormie


Dans le palais de la Belle Endormie, des roses de nacre éclatent comme autant de soleils et des perles de lune parent les cheveux de la princesse, déferlant en vagues blondes et bleues.
La princesse dort dans un lit à baldaquin orné de roses et se tient le plus souvent à son écritoire où elle décrit longuement le prince de ses rêves.
Il doit venir d'orient et lui apporter les parfums de la sagesse comme les Rois Mages venus adorer l'enfant Dieu.
La princesse se promène aussi dans les jardins de son domaine et elle cueille çà et là les fleurs oubliées des écrivains disparus.
Balzac a son lys, Dumas, sa tulipe noire, Colette,les jacinthes et Belle du Seigneur, les roses de l'amour.
De retour en sa demeure, la princesse Myosotis se fait servir un bol de lait et une coupe de crème de riz aux amandes puis elle regagne sa chambre aux lourds rideaux tirés et elle s'endort en rêvant aux lendemains qui se drapent d'or et de diamants.
Reine de l'illusion, elle s'apprête à dormir cent ans pour enfin renaître au jour.

jeudi 9 novembre 2017

Quand reviennent les roses Acte IV


Décor : le banc des origines
Sophie

- Cher public, chers amis, nous allons nous quitter. J’espère que nous vous avons fait passer un agréable moment. Pour les adieux, j’ai choisi le banc qui fut à l’origine de notre belle aventure.
Si vous avez aimé notre rencontre, je vous invite à nous imiter. Allez dans les parcs, installez-vous sur un banc et attendez qu’une âme en peine sollicite votre regard. Les bancs publics ont besoin d’un éclairage nouveau car ils ont un peu trop souvent à mon goût été le fief des voyous.
A peine une jeune fille s’y était-elle installée, désireuse d’admirer la beauté d’un feuillage ou de se livrer à la méditation, qu’un homme, couleur de muraille, se glissait à ses côtés.
Se rapprochant peu à peu, il finissait par déployer tout son art de prédateur, devenant de plus en plus proche voire oppressant pour se révéler tactile et dominateur à l’extrême.
La pauvre jeune fille, après avoir repoussé les attaques, réalisant que ses rêves d’idéal avaient pris fin, n’avait d’autre salut que la fuite.
Il nous faut lutter contre ces comportements indignes. Est-ce à dire, si une femme s’assoit  sur un banc,  qu’elle n’est pas capable d’autre chose que de se laisser tripoter par le premier malotru venu ?
Doit-elle se cacher dans sa demeure ? Ne peut-elle pas jouir, comme les hommes, d’un espace de liberté ?
Devra-t-elle toujours avoir besoin d’une tutelle masculine pour se déplacer ?
Mais tout cela, vous devez le savoir, aussi bien que moi, c’est pourquoi je n’insisterai pas davantage.
Je préfère vous distribuer des roses et vous rappeler le titre de notre pièce : Quand reviennent les roses.
Oui, il faut que les roses renaissent sur les ruines de toutes ces zones sombres où les contes de fées, si nécessaires au développement des enfants, n’ont pas droit de cité.
Prenez le relais, mes amis et proclamez en chantant s’il le faut, même en rap, que le temps des âmes noires ne doit plus régner en maître.
Quand reviendront les roses éternelles de l’amour, courtois et noble, notre tâche sera achevée.
Mais d’ici là, chers amis, partez avec un livre à la main et attendez, sur un banc, qu’une personne vous interpelle avec calme et loyauté pour engager une conversation qui vous liera d’amitié.
Faisons renaître une carte du Tendre rénovée et au goût de notre temps !
Rêvons, en un mot, rêvons car le rêve est créateur et sans lui, rien de noble et beau ne se construit !
Rêvons !
Et tandis que le rideau tombe, peu à peu, Sophie continue à lancer des roses dans le public, jusqu’à ce que les applaudissements retentissent dans un parfum de roses.

mercredi 8 novembre 2017

Psyché


Le tulle brodé du voile s'étira pour devenir une rivière qui emporta la mariée dans un pays étrange alors qu'elle contemplait son reflet dans la psyché du salon.
Nouvelle Alice, elle plongea outre-miroir et découvrit les facettes inconnues de la rue qu'elle croyait si bien connaître, celle qui la conduisait vers la demeure de son futur époux, Sylvain au sourire charmant et aux gestes caressants.
Alors qu'elle croyait tout savoir le concernant, elle le vit sous un autre jour, moins souriant et moins aimant.
Il était assis à sa table de travail et composait des chansons mélancoliques.
C'était un autre Sylvain, secret et énigmatique et la belle Camélia, pour la première fois, craignit de s'être trompée et elle se laissa glisser sur le tapis persan qui était au pied de la psyché.
Qui viendrait la sauver ? Un beau chevalier, son prince charmant ou un inconnu?
Et c'est la modiste qui venait lui livrer une capeline ornée de roses, destinée à sublimer son tailleur de garden-party qui la découvrit, inanimée, un sourire énigmatique au bord des lèvres.
Que l'embarquement pour Cythère soit immédiat : l'amour n'attend pas !

lundi 6 novembre 2017

Le Prince du Bengale


Dans l'ombre d'un palais vit Rosalinde, princesse d'amour.Elle vit de la sève des poèmes et de l'espérance d'un jour où les roses deviendront éternelles, poudrées d'or et des rubis du prince bengali qui l'attend en la roselière de son cœur.
Et ce jour finit par éclore et leurs amours se parent des fastes de l'orient.
Sur un tapis persan se dresse un pavillon de rêve et ils unissent leurs lèvres en un baiser ardent qui devient un brasier où meurent les souvenirs enfouis dans une enfance perdue.