samedi 30 novembre 2019

Renouveau


Renouveau
Les jours s’égrenèrent au château de Beauregard avec une certaine mélancolie.
Laura sema des fleurs nouvelles dans le jardin d’amour et fit ériger une gloriette à l’emplacement de la rencontre fabuleuse qu’elle avait connue avec Gabriel d’Occitanie et elle broda de ses mains une tenture qui lui rappellerait leurs premiers baisers.
Il lui arrivait de se perdre volontairement dans la forêt de Brocéliande pour y trouver une forme de paix liée à l’aventure.
C’est ainsi qu’elle fit la connaissance d’un ermite et qu’elle prit plaisir à l’écouter.
Il parlait de manière énigmatique mais elle parvenait à décrypter ses messages.
Elle commanda une harpe celtique et entreprit de jouer de ce bel instrument qui épousait le vent.
Des sons mélodieux s’échappaient du jardin et à la demande de tous, elle fit également installer une harpe dans la pièce principale du château afin d’élever l’âme des habitants.
En se promenant à nouveau dans la forêt, elle fit une singulière rencontre : un enfant blond aux longs cheveux bouclés cascadant sur ses épaules et aux magnifiques yeux d’émeraude semblait chercher âme qui vive.
Il déclara se prénommer Dylan et selon ses dires, ses parents avaient disparu à son réveil.
Laura l’emmena au château, lui attribua une jolie chambre exposée au soleil et entama des recherches sur sa famille.
Dylan était doué pour le dessin et il réalisa des portraits signifiants de ses parents et une belle esquisse de leur château naquit de ses pinceaux.
Un guerrier de la troupe de Laura identifia ce château pour être celui de Bellerive, un château si beau qu’il avait attisé les convoitises de nombreux malfrats, toujours prêts à vouloir s’emparer des biens d’autrui dès que la défense baissait sa garde.
On se rendit en nombre au château et c’est malheureusement pour découvrir qu’il avait été dévasté et quasiment incendié après un pillage rigoureux.
Dylan constata les dégâts avec tristesse et se souvint alors d’un pan de sa jeune vie qu’il avait occultée : sa mère l’avait réveillé en pleine nuit, l’avait vêtu à la hâte et ils s’étaient enfuis par une porte dérobée du château tandis que son père combattait avec ardeur pour chasser les malandrins.
Sa mère, la belle Yveline, avait décidé de faire une halte dans la forêt de Brocéliande qu’elle connaissait à merveille. Au réveil disait-elle, nous chercherons du secours.
Mais lorsque Dylan s’était réveillé, sa mère avait mystérieusement disparu et ses appels désespérés n’avaient trouvé aucun écho.
« Nous la retrouverons, Dylan, je te le promets » dit Laura et je vais entreprendre toutes les recherches nécessaires pour cette entreprise.
Ils revinrent au château de Beauregard et la jeune femme se promit de rester sur ses gardes et de prolonger les heures d’entraînement guerrier car il s’avérait que les châteaux, aussi fortifiés qu’ils puissent être, suscitaient la convoitise de ceux qui n’avaient pour tout objectif que leur fortune personnelle.
Dans cette attente, Laura initia le jeune Dylan au métier des armes et elle fit venir un précepteur au château pour qu’il lui inculque la beauté des Lettres, de la poésie et des mathématiques.
Dylan eut également un professeur de dessin et de peinture, ce qui lui permit de réaliser de magnifiques tableaux représentant sa famille et son château en pleine gloire mais il fit également une aquarelle qui mettait en valeur la beauté singulière de Laura et ce tableau figura à la place d’honneur de la salle de réception du château aux côtés de la harpe dont il apprit également à jouer.
Au fil des jours, la peine de Laura s’amoindrissait et elle connaissait un regain de vitalité grâce à la présence de cet enfant qui lui offrait une seconde vie.

vendredi 29 novembre 2019

Une longue attente


Une longue attente
Après le départ de Gabriel d’Occitanie pour sauvegarder son château de Monségur, Laura de Beauregard vécut dans l’attente fébrile de nouvelles.
Elle trompait ces moments d’angoisse en activant ses exercices guerriers avec ses hommes de troupe car le danger était omniprésent dans le royaume.
Les premières lettres de Gabriel parvinrent au château, offrant un peu de douceur à la jeune femme. Elles étaient écrites sur parchemin, dans une élégante cursive tracée en lettres turquoise et , de plus, elles étaient accompagnées de somptueux bijoux célébrant l’Occitanie sous forme de bagues, de colliers et de croix richement travaillés et ornés de rubis et de grenats.
Pour ne pas être en reste, Laura commanda un assortiment d’armes aux forges de Brocéliande et elle broda une chemise de lin destinée à son bien aimé. Roses, pivoines et églantines s’entrelaçaient pour former le plus beau tapis floral qui soit.
Elle se retirait parfois dans le jardin d’amour pour relire les missives qui étaient toutes des chants passionnés destinés à raviver les flammes passionnées qui les avaient embrasées.
« Dame d’amour, chère Laura, il s’en faut de peu que mon cœur ne se brise lorsque je pense à vous, ce qui est une constante, même lorsque je pars avec mes guerriers, revêtu d’une armure sombre pour ne pas être remarqué, afin de constater l’avancée de nos ennemis.
Si d’aventure, je devais quitter ce monde, je vous demande de ne pas sacrifier votre jeunesse et votre beauté et de choisir celui qui saura vous entourer de tendresse et d’amour.
Dans le cas où vous n’en feriez rien, je vous donne rendez-vous dans la Jérusalem céleste où je vous attendrai en chevalier servant.
Belle Laura, je vous aime tant que mon esprit s’égare et que j’embrasse le vent en croyant vous serrer contre mon cœur.
Soyez assurée de ma fidélité et de mon amour incommensurable.
Je m’en remets à Dieu pour que ma destinée soit liée à la vôtre et j’espère pouvoir sauver Monségur qui connaît une période périlleuse.
Je vous quitte en souhaitant que les roses de votre cœur s’épanouissent sous mes baisers ardents.
Votre Gabriel ».
Le temps s’écoula avec l’implacable rigueur du sablier et les lettres s’espacèrent, faute de cavaliers, tous requis pour la sauvegarde du plus beau des châteaux.
Laura avait commandé une cotte de mailles robuste et élégante car elle projetait de se rendre à Monségur pour prêter main forte au chevalier mais elle n’eut pas à mettre son projet à exécution : une terrible et dernière nouvelle lui parvint par la grâce d’un parchemin transmis par une palombe, l’oiseau mythique de l’Occitanie : son bien aimé était mort en livrant une dernière et terrible bataille avec toute la bravoure dont il était capable.
Le château de Monségur avait été pris par l’ennemi.
Les derniers habitants avaient péri dans un horrible bûcher dressé pour l’exemple et ses murailles avaient été démantelées, faisant de ce beau château, altier et superbe, une ruine que chacun viendrait hanter au fil des jours.
Laura ajouta un liseré noir à sa tenue de guerrière et se mura dans un chagrin muet, se promettant d’attendre les derniers moments de sa vie terrestre pour rejoindre son bel et unique amour.

jeudi 28 novembre 2019

Une belle rencontre


Une belle rencontre
Chaque année, Laura de Beauregard organisait de belles fêtes au château dont les hommes d’armes et ses chevaliers étaient les hôtes de choix.
Les cuisines retentissaient de bruits de casseroles et de marmites et les effluves qui en émanaient promettaient de nombreux délices.
Les distractions, événements musicaux et poétiques, les danses étaient aussi très attendus mais le clou du spectacle consistait en un tournoi où s’affrontaient les grands guerriers de la région ainsi que des invités venus d’autres provinces pour pimenter les combats.
Cette année-là, un chevalier inconnu retint toute l’attention des chevaliers et des dames revêtues de leurs plus beaux atours.
Il arborait une armure pourpre et or qui étincelait au soleil.
De haute taille, il dominait tous les autres chevaliers et chacun se demandait s’il n’allait pas emporter la récompense suprême, une couronne d’or qui sortait des forges de Brocéliande et qui était, chaque fois, une création inédite.
Les combats allaient bon train et régulièrement, le chevalier à l’armure pourpre sortait vainqueur.
Le bras droit de Laura, excellent combattant, le chevalier de Saumur, à l’armure turquoise, fut le dernier adversaire et s’il combattit avec panache, il fut néanmoins défait.
Le vainqueur reçut des mains de Laura la fameuse couronne d’or et pour s’incliner devant sa dame, il se débarrassa de son heaume et l’on vit alors qu’il était le plus beau chevalier qui se puisse trouver.
Ses cheveux blonds cascadaient sur ses épaules et des yeux d’azur étincelaient au soleil.
Il déclina son identité, Gabriel d’Occitanie et revendiqua des terres qui se situaient près d’un château légendaire, celui de Monségur.
Plus tard, dans les jardins de Beauregard, se noua une romance entre le preux chevalier et la belle indomptable, Laura la guerrière.
«  Dame d’amour, je vous demande votre main, à genoux. J’ai eu connaissance de vos exploits et depuis je rêve de vous rencontrer et je dois dire que la réalité va au-devant de mon imaginaire : vous êtes si belle que j’en suis tout ému.
Me donnerez-vous un espoir, gente dame ?
Asseyons-nous sous la tonnelle de ce jardin d’amour et tout en respirant le parfum des roses, donnons-nous un peu du bonheur d’aimer. »
Laura accéda à ce désir et reçut son premier baiser, ce qui lui procura une émotion à nulle autre pareille.
Après avoir succombé aux jeux de l’amour, les amants revinrent au château et se promirent de réfléchir à une issue digne de leurs rangs respectifs.
Le lendemain, Laura, revêtue de sa plus belle tenue d’apparat apparut dans la salle de réception du château mais elle eut la désagréable surprise d’apprendre que le chevalier était parti précipitamment.
De mauvaises nouvelles émanant de Monségur réclamaient impérativement sa présence.
Il avait laissé sa couronne d’or avec ces mots : « Dame d’amour, je vous considère comme mienne et je viendrai vous quérir, avec ma couronne que je vous laisse en gage si Dieu me prête vie. »
Toute languissante, Laura garda ce parchemin d’amour et rangea la couronne dans son coffre en espérant pouvoir ceindre à nouveau la chevelure aimée du beau chevalier.


mercredi 27 novembre 2019

Coeur de jade


Cœur de jade
Tel le commandeur, Johnny règne sur nos cœurs !
Les mèches rebelles de ses cheveux jouent dans le vent et deviennent cithare tandis que les grands saules s’inclinent pour pleurer.
Et nous, dans cette ambiance mélodieuse, nous sentons qu’un cœur de jade vibre en nous, vif et ardent, indestructible, grâce à un amour millénaire, empreint de tristesse et d’espoir.

lundi 25 novembre 2019

Laura de Beauregard


Laura de Beauregard
Le château de Beauregard se vidait de sa substance vive au fil des mariages et il ne resta bientôt plus dans la plus belle des demeures qui suscitait tant de convoitises que le couple à l’origine de la longue lignée, Lilian et Linda, Aubépin, le chevalier aux fleurs toujours amoureux de la flore et à la recherche de plantes inouïes.
Laura, désormais nommée la reine guerrière, peaufinait ses talents d’attaque et de systèmes défensifs et elle songea que, seule, elle courrait de grands risques en cas d’attaques du château.
C’est pourquoi elle se rendit en forêt de Brocéliande, chargea le maître forgeron d’une tâche spécifique : il s’agissait d’agrandir la forge et de former des adeptes du métal pour qu’une petite armée puisse être équipée d’armes sans égales.
Puis elle se mit en quête de recruter des jeunes gens capables de la seconder avec efficacité et son renom était tel qu’il en vint de partout, chacun se félicitant d’être au service d’une noble dame dont les mérites étaient déjà exprimés dans les chansons de geste.
La jeune femme fit construire une aile adjacente au château afin d’y loger sa troupe d’élite et des cuisinières furent recrutées pour préparer des plats roboratifs et vitaminés.
Aubépin ajouta sa note florale aux menus des guerriers et chacun se trouva bien des préparations énergisantes qui entraient dans la composition des plats.
Tous ces préparatifs ne furent pas mis en œuvre de manière vaine car soudain le bruit courut que le terrible Dragan était de retour et qu’il semait la terreur dans les parages.
Il s’était évadé de la mine où il avait été placé et à la tête d’une bande de voyous, il détroussait et tuait sans distinction les malheureux qui se trouvaient sur son chemin.
Laura fit renforcer l’enceinte du château et des gardes alternées eurent lieu sans relâche pour préserver le joyau du domaine.
Il lui arrivait de parcourir les alentours pour vérifier que les villageois qui relevaient du château ne couraient aucun danger.
Un jour, la rencontre entre la bande de malfrats et sa troupe se produisit et Dragan s’efforça de se ménager un tête à tête meurtrier avec la reine guerrière car son souhait le plus vif consistait à s’offrir sa destitution.
C’était sans compter sur la vaillance de la jeune femme qui fit tout simplement voler la tête du renégat de sa botte secrète qui resta dans les annales sous le nom  de botte de Beauregard.
Les malfrats se dispersèrent mais un bon nombre d’entre eux passa de vie à trépas.
On fêta cette belle victoire au château et l’on couvrit de fleurs la terre qui avait été le théâtre du combat homérique de la belle Laura, reine de Beauregard !