vendredi 8 novembre 2019

Brocéliande et ses sortilèges


Brocéliande et ses sortilèges
Les jours passaient au rythme des saisons à Beauregard et Florian tâchait de sortir d’une langueur singulière qui s’était emparée de lui.
La prévision d’une naissance annoncée par son épouse Ondine, rayonnante de bonheur et les prémices d’un mariage entre la belle Aliénor et le comte Guillaume de Malestroit ne parvenaient pas à chasser la mélancolie profonde qui s’emparait de tout son être.
Il décida de partir en forêt de Brocéliande. Il usa d’un prétexte, à savoir une visite de courtoisie au forgeron qui avait fabriqué son épée Royale, devenue légende et crainte de ses ennemis pour son efficacité. Seul un acte de traitrise de l’un de ses valets d’épée lui avait valu de tomber aux mains de l’ennemi mais grâce à son épouse Ondine, il avait pu se défaire de ses chaînes et retrouver sa liberté, reprenant au passage ses armes quasi sacrées.
Depuis son retour, fasciné par l’amour des fleurs, de la liberté et de la paix prôné par son fils Aubépin, il avait accompli un pèlerinage intérieur qui le conduisait peu ou prou vers l’abandon de la force armée qui faisait bien des dégâts collatéraux sur la route des conquêtes.
Cheminant ainsi et rêvant tout éveillé sur son cheval Foudre de guerre, il fut soudain alerté par la silhouette gracieuse d’une jeune fille vêtue d’un robe rouge. Elle appelait au secours, ses cheveux noirs en désordre. N’écoutant que son bon cœur, Florian s’apprêtait à descendre de cheval pour lui apporter l’aide demandée mais il fut devancé par un cavalier qui n’hésita pas à fouler sous les sabots de son cheval la créature éplorée.
Furieux et prêt à en découdre avec ce cavalier aux velléités assassines, il descendit de cheval, ce que l’assassin présumé fit également.
Quelle ne fut sa surprise de constater que ce cavalier n’était autre que son fils Aubépin dont il admirait l’amour des fleurs et de l’harmonie !
Aubépin l’embrassa tendrement et lui donna la clef de son étrange conduite :
«  Père, vous n’avez pas reconnu la fée Morgane qui enferme les chevaliers de son choix dans le Val sans Retour, leur ôtant la mémoire après les avoir attirés dans un guet-apens dont elle a le secret.
Constatez par vous-même qu’il n’y a pas de corps à l’endroit où j’ai foulé cette sorcière : seule une fumée rouge s’est échappée de ce corps voué aux démons.
Je vous ai suivi avec discrétion car j’avais remarqué qu’un souvenir vous tenaillait.
Vous n’avez jamais parlé de vos combats, ce qui est l’indice d’un remords refoulé.
Sachez, cher père, que vous avez accompli votre devoir et nous vous devons la quiétude qui nous berce à Beauregard.
Soyez fier de votre épée et de vos armes : sans elles nous serions peut-être captifs de ces personnes qui nous envient notre réussite et notre bonheur ».
Heureux d’avoir pu engendrer un tel fils, Florian retrouva enfin cette paix de l’âme qui l’avait quitté, et ils repartirent vers le plus beau des châteaux en se promettant de revenir ensemble remercier le forgeron qui avait conçu des armes dignes de celles du divin Achille..

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