samedi 9 novembre 2019

Sarabande du bonheur


Sarabande du bonheur
Ménestrels, troubadours, jongleurs, poètes et danseurs se succédaient à Beauregard pour que les festivités prévues pour les noces d’Aliénor et de Guillaume trouvent tout leur éclat.
Les cuisines retentissaient de bruits prometteurs et les parfums de diverses préparations savantes se répandaient au-delà des couloirs rutilants.
Un poète trouva les mots qui allaient droit au cœur.
Il se nommait Cédric de Belletoise et portait bien son nom car il avait la taille haute et élancée. Ses cheveux bouclés cascadaient sur ses épaules, les nappant d’un ondoiement de la couleur des blés.
Tout en déclamant ses paroles qui étaient autant de déclarations, il fixait souvent la belle Coraline dont tous les jeunes gens du royaume étaient secrètement amoureux.
Coraline ne semblait pas insensible à la musique des mots que le poète susurrait avec une infinie douceur :
« Dame d’amour, il se peut que n’explose mon cœur tant il bat au rythme des mots fous qui me viennent à l’esprit lorsque je vous regarde.
L’éclat de vos yeux illumine le jour et lui redonne une nouvelle aurore avec la beauté d’une rose qui s’effeuillerait comme un éphémère papillon d’amour.
Dame d’amour, je ne suis rien et pourtant il me semble que je pourrais vous rendre heureuse tant les partitions de mon âme sont riches en promesses des petits matins qui nous ouvrent les portes du bonheur.
Accordez moi votre main et je vous emmènerai danser, foi de poète, sur le toit du monde où nous serons les rois ».
Cédric de Belletoise disparut alors de la salle dédiée au spectacle et nul ne le revit, au grand désespoir de la jeune Coraline qui sentait un brasier se consumer en elle.
Ces poètes sont surtout de beaux parleurs, chère sœur lui glissa à l’oreille le prince Louis qui s’était aperçu de son désarroi.
Les festivités se poursuivirent et chacun en retira un grand moment.
Les danseurs furent gâtés car les musiciens étaient talentueux et infatigables.
Sarabandes et menuets se succédaient et la volte instaurait une compétition pour les plus vigoureux tant cette danse requérait des qualités sportives.
Lorsque la fête fut finie, chacun regagna sa chambre et la belle Coraline put enfin verser les larmes qu’elle avait retenues pendant tous les moments de bonheur dédiés aux jeunes mariés.
Or le lendemain, un équipage de bon aloi se présenta au château, porteur de présents à l’adresse de la belle Coraline.
C’était une demande en mariage, en bonne et due forme du prince Cédric de Belletoise qui avait préféré se présenter la veille sous les traits d’un humble poète, riche de ses mots.
Son château et son terroir étaient de bonne tenue et ses ancêtres s’étaient distingués au service du roi, ce qui constitua naturellement un atout de valeur.
Coraline fut consultée et toute rougissante, elle accepta les présents, des poulains d’allure vive et des coffrets de bijoux assortis à des tissus précieux dont elle ferait les pièces principales de son trousseau.
Elle accepta donc que le prince vienne au château lui faire la cour selon les critères du temps et le bonheur envahit son cœur au point que les larmes jaillissent de ses beaux yeux mais cette fois, c’étaient des larmes de bonheur.

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