mercredi 24 décembre 2014

Un écrivain à découvrir...



Qui est Marguerite Marie Roze ?  Voir blog de Marguerite-Marie Roze
Je suis née dans le Nord de la France et j’y ai passé toute mon enfance, rêvant à des ailleurs bleus. Lectrice assidue, j’ai marqué une préférence pour la féerie, ce qui affleure dans tous mes ouvrages. Mon autre passion consista à pratiquer l’enseignement de la langue française. Je suis entrée dans l’Education Nationale en 1967, croyant n’y rester que quelques années, ignorant que le bail serait de plus de 30 ans! Enfin libre, je trouve le temps d’écrire, puisant dans le quotidien et l’univers légendaire mes sources principales d’inspiration.
Comment êtes-vous devenue écrivain ?
Je crois que je suis née écrivain car à l’école primaire déjà, je faisais l’admiration de mes institutrices.
Lectrice assidue, avec une préférence pour la féerie, ce qui transparait dans vos ouvrages, Pourquoi exactement le monde des fées surtout que c’est un monde qu’on trouve excentrique ?
Pourquoi les fées ? C’est simple, elles me semblaient être les seules à pouvoir changer les destinées néfastes. Très jeune, j’étais frappée par les injustices que je percevais dans les actualités cinématographiques. De jolies femmes bien vêtues faisaient valoir la beauté de coupés dernier cri et je m’interrogeais : comment se faisait-il qu’il n’y avait pas de ces jolies voitures dans notre village et l’on nous recommandait de bien travailler à l’école pour avoir un modeste emploi. Pourquoi des personnes, peu douées, peu travailleuses bénéficiaient-elles du travail d’autrui pour s’offrir toutes les merveilles du monde ?
Quels sont vos lectures favorites ? Les livres (romans, recueil de poèmes) que vous aimez le plus ?
J’admire énormément un roman chinois de l’époque impériale intitulé Le Rêve dans le Pavillon Rouge; j’aime beaucoup les romantiques français, Les Misérables de Victor Hugo, toute l’œuvre de Balzac avec une grande préférence pour Les Illusions Perdues et la suite Splendeurs et Misères des Courtisanes, les romans de Dostoïevski, notamment L’idiot et ceux de Tolstoï, Anna Karénine et Guerre et Paix. Quant à la poésie, j’aimais beaucoup, en ma jeunesse Rimbaud, Verlaine et Baudelaire sans oublier le grand Hugo dont je me sens si proche. C’est l’écrivain que je cite le plus souvent dans mes écrits. oui j’ai eu une élève écrivain, Florence Ruffin, mais je n’y étais pour rien; j’étais juste son professeur de latin. Elle était surdouée, écrivant de terribles poèmes à l’âge de treize ans. Son père écrivait des romans de science fiction : Constant Ruffin. Tous deux faisaient partie du Cénacle Froissart que je fréquentais à Valenciennes, la ville où je suis devenue bachelière.
Vous avez pratiqué l’enseignement, avez-vous eu des élèves écrivains ?
C’est en musique que j’ai croisé des élèves devenus célèbres aujourd’hui : Yvan Cassar, notamment, très connu dans les milieux artistiques mondiaux pour ses arrangements musicaux et sa participation active à des concerts
Peut-on apprendre à quelqu’un à écrire ? Si oui, comment ?
Oui on peut aider quelqu’un à écrire, juste en le persuadant que tout le monde, sans exception, peut le faire, il suffit d’y croire et de prendre son stylo
Trente ans d’enseignement, quel est le souvenir le plus marquant ?  
Voici un souvenir charmant que je ne raconte pas dans mon dernier livre Mémoires en Dentelles !
1994…J’étais professeur de Lettres-Histoire au Lycée professionnel de Coetlogon à Rennes et je tâchais de lutter contre le désamour des élèves pour la Littérature. Je me suis transformée en véritable comédienne, menant mes cours à la manière d’une meneuse de revue ! J’avais un public souvent hostile, ne l’oublions pas et mes stratégies variaient avec la dominante professionnelle de mes élèves. Passant des Imprimeurs aux comptables et aussi aux élèves destinés à la Vente, les plus difficiles, je me « reposais » chez les futures Secrétaires, avides d’histoires d’amour, de symboles et de beau langage…J’ai réalisé mes meilleurs cours chez les Imprimeurs et, sauf exceptions, j’ai réussi à instaurer un climat équilibré chez les Vendeurs : le plus bel homme de la classe s’est mis à genoux le jour de mon anniversaire pour m’offrir une rose qu’il avait, selon la conseillère d’éducation, trimballée sur le porte bagage de son vélomoteur avant de la lui confier pour que le secret ne soit pas éventé ! Joli souvenir; j’avoue que sur le moment j’étais assez décontenancée parce que j’avais sans doute prévu d’inscrire dans ces cerveaux rebelles la notion de métaphore, grand classique des épreuves du Baccalauréat !
Quel est votre public ? Qui sont vos lecteurs ? Les jeunes, les adultes, les vacanciers ? 
La réponse à cette question, se trouve dans mon dernier livre intitulé Mémoires en Dentelles, actuellement sous presse.

Marguerite-Marie Roze, conteuse, a  pratiqué l’enseignement du français pendant 3 décennies. Quand on lit ses textes, on a envie de devenir son élève tant son style inspire, émeut. Ses contes, « qu’elle puisse dans le quotidien et l’univers légendaire sont des contes pour enfants, pour adultes, pour tous les âges. Des contes qui vous endorment par la musique des mots, la force des images et surtout la tendresse que l’on sent tout le long de l’histoire. Mais aussi des contes qui vous tiennent éveillés : avec des titres envoûtants comme la valse des hussards, le voyageur des âmes, les amants, les roses de Damas et beaucoup d’autres encore, les textes de Marguerite ne vous laissent pas vous endormir. Il n’y a pas moyen d’éteindre la bougie quand on ne sait pas si l’amant va rentrer, si on ne sait pas la destination du voyageur des âmes.
Extrait de Le voyageur des âmes
Il est parti, le voyageur des âmes. Il a pris le ferry puis une modeste barque qui glisse entre les roseaux humides. Protégé par un chapeau de paille ourlé de groseilles picorées par les oiseaux, il rêve du temps où il était un jeune homme passionné…
Et moi d’ajouter : Le voyageur des âmes, il est passé par ici aussi, il portait sur ses épaules une calebasse pleine de mots de tendresse et il écoutait les paysans lui raconter leur vie, le travail des champs et les pêcheurs du lac Tanganyika lui parler des catamarans…
Et ce qui touche le plus, c’est le caractère poétique des contes de Marguerite-Marie Roze. Je vous invite à découvrir Marguerite-Marie Roze dans ses beaux textes que vous pouvez lire ici.
Tous ses livres sont publiés par Publibook.je vous souhaite bonne lecture et n’oubliez pas de raconter les contes de Marguerite à vos proches et amis.

vendredi 12 décembre 2014

La fée de l'oued perdu





En marchant dans le désert, j’ai vu surgir, au-delà d’une dune, une oasis merveilleuse où dattiers, orangers et jasmins s’élevaient au bord de l’eau répartie par la noria pour alimenter des jardins enchantés.
Je me suis assise sous la tente et j’ai bu une coupe de lait de chèvre, mangeant des gâteaux de miel et de sésame.
Je me suis assoupie dans un opéra régi par les oiseaux.
Un énorme orage s’est élevé, chassant mon rêve et me propulsant dans une ville du nord fréquentée par des ombres.
Je me suis réfugiée dans un café, le seul endroit où je rêvais en mon adolescence un cahier d’écolière à la main.
J’y jetais tous les soupirs de mon âme, certaine que le bonheur n’existait que par les mots.
Mais une extravagante créature, vêtue d’une robe de bal, ornée de bijoux d’apparence baroque et coiffée d’un chignon d’où s’échappaient des mèches blondes m’a demandé l’autorisation de siéger à mes côtés.
J’ai accepté, heureuse d’apporter un peu de bonheur à une personne qui apparemment était en manque mais la jolie femme me détrompa en me révélant son identité : elle était la fée des oueds perdus et elle en fit jaillir un de mon verre, créant une cascade qui me ramena dans mon univers, celui de l’oasis où m’attendait le prince éternel  des amours éperdus.

Le Prince Amour





Un jour de beau froid, le prince Amour reçut un étrange message. Il était ainsi libellé : « Vous qui êtes mon amour et mon amant de rêve, j’aimerais goûter le miel de vos lèvres et m’ouvrir à vous comme les rubis d’une grenade ».  Au moment où il achevait la lecture du parchemin orné pour tout indice de reconnaissance d’une rose nacrée, il entendit le heurtoir de sa porte d’entrée. Se précipitant dans l’espoir de rencontrer la belle du message, il ne vit qu’un nuage ocre ourlé de pourpre et de turquoise.
À ses pieds, une corbeille de fruits lumineux, noix et dattes enrobées de pâte d’amande colorée, d’ananas, grenades et mangues mûres et d’une rare beauté lui apprit qu’il y avait connivence harmonieuse entre le message et l’offrande, les grenades en étant l’éclatante preuve.
Le prince se retira dans son jardin d’hiver où brillaient les oranges et les citronniers tandis que la fontaine murmurait des mots d’amour. Il resta ainsi des heures durant, mangeant tour à tour fruits et sucreries et au moment où la lune se refléta dans l’eau bleue de la fontaine, apparut une femme d’une grande beauté, l’émissaire merveilleux du serment d’amour alors leurs lèvres s’unirent et ils connurent une nuit de miel et d’étoiles filantes.
Le lendemain le prince Amour, eut la surprise de se retrouver seul. De la corbeille de fruits, plus traces, le mot d’amour n’était plus que des cendres mais un parfum de réséda flottait dans le jardin et le prince sut alors qu’il n’avait pas rêvé et que bientôt un bel enfant blond aux yeux d’amande claire frapperait à la porte du château, son fils et il le prénomma Azur et éleva des poulains pour fêter le bel événement !