dimanche 29 septembre 2013

Cavalcade





J’ai dans le cœur des milliers de princes qui chevauchent à la recherche d’une princesse égarée dans ce monde.
Ces princes sont si beaux que des roses naissent spontanément à leur passage.
Cependant mes princes préférés sont les hommes bleus au regard droit. Leur poignard étincelle et tandis qu’ils avancent hardiment dans le désert, des sources jaillissent des pierres cristallines. Je me prends à rêver d’un dernier voyage. Sous la tente, je boirais du thé et mangerais des galettes sucrées tandis qu’un poète me lirait les épopées de l’époque où les hommes blancs n’existaient pas encore.
Pourquoi les forces divines n’ont-elles pas empêché leur progression ? Pourquoi se sont-ils imaginé qu’ils étaient chez eux dans un pays qui ne leur appartenait pas ? La mort dans l’âme, j’accepterais les présents et demanderais mon congé avec beaucoup de tact.
Je sais gré à tous ces princes de m’avoir aimée envers et contre tout. Ils se sont aperçu que mon cœur battait à l’unisson du leur et que jamais je ne pourrais nuire à leur image si belle et si pure.
J’ai dans le cœur des princes qui chevauchent et qui veulent leur liberté car ils savent que le monde a besoin de leur force et de l’amour de leur terre qui s’égrène au fil des roses qui naissent et meurent sous le grand ciel bleu.

samedi 28 septembre 2013

Mon pote le Gitan





Dans notre imaginaire, les gitans occupent une place de choix, témoin l’admirable chanson magnifiant leur goût du voyage.
De plus, ils sont présents dans la littérature française notamment in Le Grand Meaulnes et sont magnifiés dans la cinémathèque. Porte des Lilas reste un monument à la gloire de ceux qui préfèrent vivre à la marge de la société qui les a rejetés. Toutes ces situations nous sautent au visage aujourd’hui, en ces jours où l’on n’accepte plus de côtoyer les exclus.
J’ai vu un jour, sur une petite aire dans un village breton une jolie roulotte, pimpante, au repos afin de permettre au cheval de brouter un peu. Le couple était assis dans l’herbe. Un homme très séduisant et bien vêtu, à la mode du voyage, portant fièrement un chapeau, brossait amoureusement les cheveux de sa compagne tandis que leur petite fille jouait à faire des bouquets de fleurs. J’aurais aimé leur parler mais que dire ? Devant tant de beauté, je me sentais si misérable avec de pauvres mots pour unique paysage. Je les sentais si  impérieux, si riches de toutes ces images engrangées au cours de leur périple que j’ai baissé la tête, consciente de mon infériorité. Que dire du prince des gitans, Django Reinhardt dont on aime toutes les compositions ? Alors aujourd’hui, alors que l’on chasse ces pauvres gens pour prétexte de leur misère, ne sait-on pas si l’on expulse un petit garçon plein de génie ou une fillette au talent qui nous fait défaut ?
Je vois, parmi ces flots de voyageurs expulsés de leur camp de misère, quelques hommes qui ont un accordéon sur l’épaule et j’ai envie de les retenir et de leur dire : de grâce, apprenez-nous à en jouer !

Le château de brume





Ourlé de pourpre, un énorme nuage couleur ivoire abrite en son cœur un château de brume où se pressent chevaliers, princes et princesses, des brigades de serviteurs, des orfèvres, des artisans, un petit peuple industrieux et une nuée d’enfants qui jouent à cache-cache dans les massifs du parc.
Lorsqu’ils sont fatigués d’avoir couru dans les méandres des bosquets, ils s’arrêtent au pied d’un buisson et lisent des contes qui les transportent dans des univers exotiques.
Ils rêvent des Samouraïs, des Geishas, des rois Peuls et bien sûr, de la légendaire cour du roi Arthur. C’est à qui se déguisera en Arthur, Lancelot ou Perceval, Guenièvre, Tristan et Yseult à la cour du roi Marc et pour les plus fantaisistes, Renart  et Ysengrin à la cour du roi Lion. Chacun se plaît à créer un décor, une scène et imagine une suite à des histoires inachevées.
Pourquoi ne pas inventer le retour du roi Arthur ? Il est parti, pour le royaume d’Avallon en compagnie de déesses sur une nef mais ne serait-il pas possible de l’imaginer en fier chevalier, dans ce royaume présent, celui des enfants ?
Chacun croit l’avoir vu et c’est une véritable joie que de concevoir des épisodes nouveaux à cette fabuleuse légende.
À la demande des enfants, l’ébéniste de la cour conçoit une majestueuse table ronde, des fauteuils qui seront recouverts de velours et ornés de coussins brodés au point de croix.
Quand la table et ses accessoires seront terminés, Arthur reviendra, siègera en majesté et tous les chevaliers partis à la recherche du Graal reviendront dans le château de brume où tout un peuple attend que renaissent les temps celtiques des légendes oubliées.

jeudi 26 septembre 2013

Le cygne aux ailes d'or





Abritée par un rideau de pluie, la reine des cygnes mit au monde un bel enfant aux ailes d’or.
Lorsqu’il glissait sur l’eau, il y avait un miroitement doré qui apaisait les forces telluriques. Un jour, il croisa sur sa route une princesse à la robe couleur de soleil. Ses cheveux d’or cascadaient sur ses épaules nacrées poudrées de fines particules de bois de rose.
Soupirant, le cygne déplorait de ne pas être un prince pour faire la cour à cette créature de rêve et soudain son vœu fut exaucé : les ailes d’or fondirent en un brouillard solaire et son corps s’étira tant et si bien qu’il devint le prince le plus beau de la terre.
Il surgit à la faveur d’un détour du chemin et offrit à la belle des roses couleur de feu. Toute rose de plaisir, la princesse Ornella orna les buissons de cette profusion de bonheur, accepta la main du prince qui l’emmena dans un palais de marbre à l’image de ceux qui sont décrits dans les livres de contes.
Un dîner de gala leur fit servi où abondaient tartelettes de légumes, dômes de riz, choux garnis de fromage ou de crème pâtissière selon les goûts, corbeille de fruits nature, en pâte sucrée et gélifiée ou confits.
Heureux, les jeunes gens dégustèrent ces préparations fines, firent honneur ensuite à la soirée contes et musique qui leur offrit un bonheur intense.
Le lendemain, au réveil, Ornella eut la surprise en voulant se contempler dans un miroir de constater qu’elle avait subi une métamorphose. Elle était devenue un cygne royal qui glissait sur les eaux d’un bel étang en compagnie d’un époux attentionné aux ailes d’or.
Le prince la présenta à sa mère qui inclina gracieusement son joli cou en signe d’affection. Depuis les époux alternent les apparences et mettent au monde avec un égal bonheur petits cygnes et princes ou princesses.
Tout ce petit monde fraternel évolue avec plaisir dans un monde féerique où ils sont les seuls à connaître une telle harmonie.
Tel est le conte du cygne aux ailes d’or !

mercredi 25 septembre 2013

L'ange du Rwanda





Un ange jeté sur le bitume avec pour signe de reconnaissance une perle fichée dans un lobe d’oreille, une silhouette d’elfe et un talent immense, une voix du plat pays et une interprétation voisine de la perfection, tel m’apparaît Stromae, anagramme de Maestro, le titre qui lui convient superbement !
 Oui, c’est le Maestro sans conteste, le prince de la chanson actuelle, le Mozart des adolescents avec je ne sais quelle réminiscence des tambours rwandais qu’il n’a jamais écoutés.
Stromae, l’ange du Rwanda nous rappelle, si c’était nécessaire, l’horreur du génocide qui s’est abattu comme un fléau biblique sur une population désignée pour le massacre, les Tutsis aux traits fins et délicats.
Ton père n’a pas voulu te reconnaître, Stromae, tant mieux ! Il fut seul à mourir sur la terre rwandaise et nous t’avons gardé dans la patrie de Jacques Brel et nous savons aujourd’hui que le prince tant attendu depuis sa disparition, c’est toi, Stromae, pour notre grand bonheur.
Pourquoi ne reprendrais-tu pas ton prénom de baptême, Paul, celui qui nous rappelle l’apôtre du Christ qui marcha encore et encore pour faire entendre la voix de l’amour ?