mercredi 4 mars 2020

Le liseron du Bois Joli


Le liseron du Bois Joli
En s’envolant vers le Bois Joli, Jacotte, la pie apprivoisée de Pénélope donna à la maîtresse des lieux l’idée de la suivre.
Laissant derrière son sillage des perles irisées, Jacotte volait avec volupté vers des aventures souhaitées : la vie devenait morne au domaine des Trois Sources et elle en connaissait à présent toutes les issues.
Pénélope marchait d’un bon pas, emmenant avec elle une valisette destinée à parer à toute éventualité et décidée à profiter d’une journée exceptionnelle, sans doute protégée par les fées de son domaine.
La fée Noisette, une habituée des lieux, la fée Cassandre, reconnue pour trouver toutes les énigmes en pure perte puisqu’on ne la croyait jamais, la fée Livre d’or qui était reconnaissable à son turban à la mode de Simone de Beauvoir et qui croyait passionnément à la vertu créatrice des mots, survolaient le chemin qui sentait bon le serpolet et la sauge.
Arrivée dans le bois, Jacotte chercha un bon emplacement pour installer son nid et Pénélope, parvenue au même endroit en suivant les indices laissés par son amie, déplia une chaise pour ne pas salir sa jolie robe Vichy à la mode Bardot.
Elle sortit de son panier un ouvrage à broder et se mit au travail, heureuse de sentir les effluves parfumés du sous-bois, jacinthes et violettes en dominante.
Un vent léger souffla sur sa nuque et un galop de soleil illumina la clairière dans laquelle elle se trouvait.
Relevant la tête, elle aperçut un liseron gigantesque qui déployait ses corolles nacrées, roses et lumineuses.
Au même instant, la fée Livre d’or lui donna la taille de la petite Poucette et elle se mit à grimper sur la liane du liseron avec l’agilité du marsupilami qui errait dans tous les livres d’aventures destinés aux enfants.
De fleur en fleur, Pénélope parvint à la cime d’un arbre gigantesque qui dominait le bois.
Un lutin charmant, tout semblable à ceux que l’on aperçoit dans la forêt de Brocéliande vint lui tenir compagnie et Pénélope se laissa conter fleurette avec délices car, pensait-elle, cette aventure n’aura pas de lendemain, ce en quoi elle se trompait puisqu’elle resta à jamais dans le bois joli sous la forme d’une fée Clochette, aux ailes diaphanes et aux pieds ornés de volutes végétales qui lui permettaient de se déplacer à la vitesse de l’éclair.
Leurs noces furent champêtres et Jacotte eut le privilège de jeter dans les sous-bois des fleurs de liseron pour célébrer l’événement.


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