lundi 18 juillet 2022

Olympe aux yeux de myosotis



Dans un royaume insulaire baigné par des eaux propices aux ébats des dauphins, vivait une princesse nommée Olympe.

Ses yeux myosotis et caressants semblaient refléter les mystères du ciel et chacun rêvait d’avoir le droit de s’y plonger.

En guise de couronne, elle portait une coiffe de jacinthes dont le subtil parfum enivrait quiconque l’approchait.

Elle aimait danser et plaisanter avec ses dames d’honneur et elle se plaisait à entendre les poèmes d’amour chantés par les troubadours.

Elle en composait elle-même, destinés à un prince imaginaire à qui elle prêtait toutes les vertus.

«  D’où qu’il vienne, il sera le bienvenu pourvu qu’il m’aime » disait-elle à l’encan.

Ce fut un prince noir qui activa le heurtoir de son manoir.

Noire était son âme même si son visage était beau.

« Quelle étrange alliance » pensa la princesse mais elle n’en dit mot et fit semblant de prêter l’oreille favorablement aux propos amoureux du prince.

Ce dernier ne visait en réalité que les trésors du royaume, ses coffres de perles, d’or et de pierres précieuses.

Alors que le prince Volodia entreprenait de séduire la princesse lors d’une promenade dans les jardins, une tourterelle se posa sur l’épaule d’Olympe et déposa délicatement dans ses mains formant une coupe une petite clef d’or puis elle disparut en laissant dans son sillage des plumes arc-en-ciel.

«  Voilà qui est singulier, Madame !  Avez-vous l’idée de ce qui peut correspondre à cette clef ouvragée demanda le prince, dissimulant son avidité à grand-peine.

Je l’ignore mais je prends ce cadeau avec tout le bonheur qu’il sous-tend et je demanderai à ma dame d’atour d’attacher la clef à un ruban que je porterai sur mon cœur ».

Le prince s’assombrit en constatant qu’il n’était pas associé à cette merveille et il souhaita se retirer dans ses appartements en prétextant un refroidissement.

Il échafauda un plan qui lui permettrait de s’emparer de la clef.

Il fit parvenir à la dame d’atour de la princesse, Roxane la bien nommée, des présents fastueux et lui fit une cour pressante, rêvant de mettre la main sur la clef au moment où elle attacherait cet objet à un ruban selon les désirs de la princesse.

Fine mouche, Roxane évita les approches du prince, trouvant bien étrange qu’il s’intéresse subitement à sa personne.

Soupçonnant qu’il souhaitait s’emparer de la clef d’or et ne pouvant s’en ouvrir à la princesse du fait de son statut de servante, elle décida de ne jamais quitter la princesse sous quelque prétexte que ce fût.

Dès que cette dernière lui eut remis la clef d’or, elle envoya une femme de chambre chercher un nécessaire à couture ainsi qu’un échantillon de rubans.

Le choix de la princesse se porta sur un ruban couleur de feu et Roxane se mit immédiatement au travail.

L’ouvrage terminé, elle attacha elle-même le précieux ruban au cou de la princesse et se retira dans ses appartements.

Olympe parcourut son palais à la recherche de la serrure qui correspondrait à la clef mais c’est dans le jardin qu’elle eut une révélation : elle se souvint d’une petite porte qui lui rappelait l’histoire d’Alice au pays des merveilles et que nul n’avait pu ouvrir, faute de clef.

C’est effectivement cette petite porte qui s’ouvrit, découvrant un jardin magnifique qu’elle parcourut avec ravissement.

Près d’une fontaine, il y avait un petit banc de pierre qui incitait à la rêverie.

Elle s’y assit et attendit la révélation suivante.

C’est alors qu’un charmant prince, l’exacte réplique du prince noir aux intentions sournoises, lui demanda avec le plus beau des sourires la permission de s’asseoir à ses côtés.

Elle accepta cette chaleureuse présence avec bonheur et le prince lui conta le sortilège dont il avait été l’objet.

Il avait fait la connaissance, lors d’un bal, d’une jeune personne qui avait jeté son dévolu sur lui. Comme il n’éprouvait aucun sentiment amoureux en dépit de sa beauté, il la raccompagna à sa place, la danse achevée et fit semblant de ne pas comprendre les messages muets qu’elle lui envoyait, sourires, soupirs et battements de cils entre autres.

Dépitée, la jeune personne qui avait les dons d’une fée lui jeta un sort en l’enfermant dans ce jardin que nul ne connaissait et elle créa un avatar de sa personne, le dotant d’une âme maléfique.

Au comble de l’émotion, Olympe posa délicatement sa tête sur l’épaule du jeune homme et à cet instant on entendit un grand bruit de tonnerre : l’avatar maléfique du prince Volodia disparut dans un orage de grêlons tandis que le prince délivré embrassait sa promise, la belle Olympe aux yeux myosotis qui désormais ne brilleraient plus que pour lui !

 

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