jeudi 7 mai 2015

Les tambours de guerre






Les tambours de guerre sourdent en mon cœur mais mon bien aimé parvient à me calmer de ses belles mains ambrées.
Il est là, il me sourit et j’abandonne une à une ces marches guerrières qui m’entrainent dans les fondrières des vaincus.
Je pleure les idéaux perdus, mon cœur saigne à l’évocation de ces jours brunâtres où plongent les vaisseaux de l’honneur perdu.
Un joueur de djembé sonne la cadence et je souffre tant que je m’abandonne dans ce palais des Mille et Une Nuits surgi de ma mémoire avec un fol à propos.
Je m’accroche à ses colonnes, je foule le marbre, j’écoute le chant de la fontaine, je respire le jasmin et la fleur d’oranger, bref je renais et je retrouve mon paradis dont tu es l’unique amant.
Écrirai-je à nouveau ? Puisque le rêve s’est ancré dans le marbre des statues, je peux enfin me libérer de tous ces mots qui forment un carrousel magique dans mon imaginaire.
Tu es là, cher amour, tu es présent, je perçois ton parfum de vétiver, je caresse ta tunique où l’or et l’argent se mêlent au coton d’Égypte et au lin.
Je me laisse entraîner dans un univers inconnu, celui de l’amour, qu’il soit courtois ou moderne.
Eugène Guillevic, croisé jadis, m’a fascinée avec une bague qu’il portait au doigt, si élégante et si fine que je n’ai pas pu m’en détourner. Elle était si étrangère à sa poésie faite de menhirs que j’y ai vu une faille, celui de l’éternel petit garçon que sa mère rejetait, jusqu’à lui faire croire qu’il venait de l’assistance publique et qu’elle simulait d’envoyer une lettre pour que cette institution le reprenne car elle le trouvait si laid.
Il m’écrivait des lettres en m’appelant « Madame amie » à l’encre turquoise et ses mots resplendissaient en moi comme des pierres précieuses trouvées dans les remous des rivières de Brocéliande.
Mais aujourd’hui, je veux être jeune, même si le temps ne plaide pas en ma faveur, alors mon bel amour, mon amant, mon mari, je t’embrasse avec la ferveur retrouvée de mes vingt ans.

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