mercredi 6 mai 2015

La Reine du Muguet





Avec sa jupe et son corselet de soie noire, elle m’est apparue comme la prêtresse d’un monde disparu.
Des imprimeurs, des forgerons, des orfèvres l’escortent tandis qu’elle jette des roses et du muguet aux spectateurs venus l’admirer.
Elle prend place dans une calèche tractée par un quadrige, porte une capeline ornée de clochettes parfumées et telle une reine, envoie des baisers à la foule qui grossit pour l’applaudir.
La calèche s’arrête devant un hôtel particulier à la façade sculptée de dieux et de nymphes et s’engouffre sous la porte cochère après avoir offert des bouquets de muguet et de roses miniatures. Je m’élance sur les ailes d’un gigantesque papillon et m’introduis dans une pièce à colonnades par une vitre semi-ouverte. Allongée, les yeux mi-clos, sur un fauteuil Récamier, la reine du muguet attend que sa femme de chambre lui serve du thé à la rose et des biscuits aux pavots.
Elle prend place à la table où l’on a déposé le contenu d’un plateau gourmand et boit le thé à petites gorgées.
Puis un bel homme romantique portant une chemise à jabots et des manchettes garnies de volants s’installe au piano et enchaîne des nocturnes.
La nuit tombe. Je prends place dans la chambre de la reine, sur un fauteuil réservé aux intimes et lorsqu’elle arrive, dans un déshabillé de soie brodé de roses d’or, je sens mon cœur battre à tout rompre et digne fils de Peynet, je dépose sur ses mains blanches des brassées de lilas tandis que les tourterelles forment notre cortège nuptial.

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