mardi 17 juillet 2012

La Fée des Poètes


 
 Un papillon sur la joue et un nuage sur l’épaule, la Fée des Poètes marchait sur un tapis de roses. Une pergola où se nichait une balancelle enrichie de coussins filés or sur fond de pourpre où se détachaient des oiseaux en strass apparut au bout du sentier.
La Fée s’y installa, légère et rêveuse car elle attendait un ou plusieurs hôtes. Où étaient les poètes ? Elle se promettait de leur offrir des écritoires luxueuses et enluminées. Sur le dos de son éventail qu’elle maniait avec dextérité, il y avait quelques phrases essentielles tenant aux secrets de la vie, la mémoire des mots, leur usage dans le quotidien et leur action sur le monde. Toutes ces questions avaient été posées par Arthur Rimbaud mais, nouvel Icare, il s’était brûlé les ailes à l’approche du soleil.
Il arriva pourtant, il en reste toujours un, le poète des rues et des champs. Refusant de suivre la Fée sur le chemin ô combien difficile, il tenta de l’embrasser « J’ai embrassé l’aube d’été ». Ces vers cascadaient en lui comme une chanson vivifiante mais la Fée lui donna quelques coups secs de son éventail, devenu un objet punitif.
Calmé, le poète s’assit à ses côtés, lui demanda pardon en couplets versifiés puis s’endormit.
Au réveil, il ne restait de la Fée qu’un peu de poudre d’or et une écritoire magique où le poète commença un recueil enrichi d’images solaires.  

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