vendredi 2 août 2019

Représailles


Représailles
Le comte de Prunelé convoqua à nouveau au château de Trecesson son ban et son arrière ban afin de convenir d’une stratégie destinée à mettre un terme aux agissements des coupe-jarrets et autres bandits qui sévissaient sur la belle terre de Bretagne.
Un banquet mit chacun en condition de réflexion constructive. Des groupes se constituèrent et chaque stratège se mit en devoir d’élaborer un plan.
Art oratoire, recours aux témoignages historiques furent de la partie mais finalement un plan proposé par Morgan de Cast et ses alliés fut retenu tant il semblait ingénieux.
La démarche consistait à envoyer seul, en avant-poste, un guerrier revêtu des armes du seigneur.
Il se laisserait encercler par les bandits et à ce moment final, le chevalier et ses compagnons surgiraient pour les défaire.
Le comte renvoya ensuite chacun dans son manoir ou son château et une date fut fixée pour l’exécution du plan.
« Malandrin, Tord-boyaux, Diable Rouge, Gueule d’enfer, Venimeux et autres sbires auront du souci pour se défaire de chevaliers en nombre. Ces lâches aiment s’en prendre aux voyageurs esseulés mais, sous le nombre, ils plieront sans conteste et les survivants seront pendus pour servir d’exemple »dit le comte en les quittant.
Dans tous les comtés, duchés et baronnies on se mit en devoir de fourbir les armes.
Le chevalier de Ponthus choisit Jehan de La Bruyère pour endosser son armure et son écu et chacun agit de même, choisissant avec soin celui qui le représenterait.
Enfin le signal fut donné.
Le piège fonctionna à merveille et de nombreux bandits furent mis à mal. On dénombra une centaine de corps et l’on réserva la corde pour leurs chefs afin que ce châtiment dissuade de futurs bandits de s’en prendre aux seigneurs ou aux voyageurs esseulés.
Cependant certains d’entre eux vendirent cher leur peau et quelques chevaliers furent sévèrement  blessés .
C’est ainsi que l’affrontement entre le chevalier de Ponthus et une bande de gueux dirigés par Malotru, célèbre pour sa ruse et son art de la dissimulation se termina de manière tragique.
Malotru fit semblant de prendre la fuite et alors que le chevalier félicitait Jehan pour l’avoir si bien secondé, le bandit revint sur ses pas et décocha une flèche enflammée sur le seul endroit sensible du défenseur de la fontaine, causant une blessure mortelle.
On le ramena au château, moribond. Jehan pourchassa le criminel jusqu’à ce qu’il lui fasse rendre gorge.
Comme c’était le chef le plus virulent de tous les bandits, le comte de Prunelé s’empara de sa personne pour préparer une exécution spectaculaire.
Ainsi fut fait mais si l’on envoya sur les lieux de l’exécution un représentant de la maison de Ponthus, Jehan eut à cœur de mener le deuil du seigneur après qu’il ait rendu son âme à Dieu.
Blanchefleur n’avait plus de larmes tant sa peine était immense.
Elle s’ingénia cependant à sourire pour ses enfants Amour, Aurore et Lilwen et leur conta une belle histoire destinée  à magnifier la valeur et l’héroïsme de leur père .
Elle confia le sort du château et la sauvegarde de la fontaine de Barenton à Jehan de La Bruyère car c’était le souhait de son époux et lorsque les funérailles de ce grand chevalier, son dernier grand amour, furent achevées, elle se retira avec ses enfants et une suite de serviteurs dans l’abbaye de Paimpont où elle recomposa, jour après jour, la trame de sa destinée.

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