mercredi 14 août 2019

Le Prince au teint de lys


Le prince au teint de lys
Il était une fois un prince au teint de lys et de rose et aux cheveux blonds comme les blés. On le prénomma Daniel.
Il grandit avec la force du héros dont il portait le nom et nul ne pouvait lui résister.
Un jour, il décida de partir au loin afin de mettre à l’épreuve ce don qu’on lui attribuait.
Il sella son cheval Sabot d’écume et partit en direction des forêts avoisinantes.
Il chevaucha longuement et finit par arriver dans une clairière habitée par un ermite qui avait fait vœu de mutisme.
Il lui confia son cheval et marcha à l’aventure.
Un lion se profila à l’horizon et alors que Daniel envisageait de l’affronter à mains nues, un chevalier à la cotte de mailles usagée apparut. Il prit ainsi la parole :
«  Je suis Yvain, celui que l’on nomme le chevalier au lion. J’errais dans la forêt, prêt à mettre fin à mes jours car la dame de mon cœur m’avait chassé pour avoir oublié la date de nos épousailles quand ce lion est apparu.
Loin de se jeter sur moi pour me déchirer à belles dents, il s’est couché à mes pieds et j’ai pu constater qu’il souffrait à cause d’une épine qu’il avait dans le pied.
Je la lui enlevai et lui passai un onguent qui le soulagea.
Depuis ce jour, il ne m’a pas quitté et nous sommes amis, soudés par une compréhension réciproque : il me garde et je lui évite les inconvénients de sa condition animale.
Daniel fut enchanté par cette rencontre et lui conta que son prénom était prédestiné à l’amitié vouée aux lions puisque le héros éponyme, jeté dans une fosse habitée par les lions avait été épargné par ces bêtes que l’on disait féroces, grâce à l’intervention d’un ange.
Tout en devisant, Yvain et son ami Daniel, suivis par le lion arrivèrent aux portes d’un château.
« Il me faut te quitter dit Yvain car j’ai fait vœu de vivre en ermite ».
La séparation se fit instantanément et lorsque les deux silhouettes ne furent plus qu’un point à l’horizon, Daniel activa le heurtoir.
Une hôtesse lui apparut, vêtue de longs voiles brodés d’or.
Elle lui accorda l’hospitalité  et ils entrèrent dans un boudoir où on leur apporta les rafraichissements d’usage.
Daniel accepta de passer quelques jours au château et ce fut une suite de jours enchanteurs où la qualité des repas fut à la hauteur des aubades charmantes, données sous de multiples formes.
Daniel se rendit compte que les arts avaient été un peu délaissés dans son éducation.
La force brute, même ciselée par l’art chevaleresque, était en quelque sorte éloignée des centres primordiaux de la vie.
Lorsqu’il quitta ses hôtes, Daniel prit la décision de se retirer dans un ermitage pour y méditer.
Il reprit Sabot d’écume, son fidèle cheval, et s’en retourna à son château pour le laisser en bonne compagnie.
Il se fit construire un ermitage où il se retira, priant sa famille de venir le chercher si besoin était ;
Il vécut ainsi quelques années et lorsqu’il connut les livres saints et qu’il joua correctement de plusieurs instruments de musique, composant des mélodies et des romans, il décida de sortir de sa retraite.
Devenu sage, Daniel désira de fonder une famille et il chercha parmi les damoiselles des alentours, celle qui aurait eu l’éducation nécessaire pour donner à leurs enfants le goût des belles lettres et du savoir.
Élodie fut choisie pour sa connaissance des langues anciennes et sa pratique de l’enluminure, de la broderie, de la peinture et de l’écriture de romances que Daniel prit plaisir à mettre en musique.
Ils vieillirent auprès de leurs enfants et une heureuse destinée les préserva de guerres meurtrières.
Yvain qui avait été convié à leurs noces eut la chance d’obtenir le pardon de sa dame.
Quant au lion, il vécut encore des jours de bonheur auprès de son ami et se contenta de promenades dans le parc, sans souci des horizons lointains et du gibier.
Daniel et Yvain devinrent des amis inséparables et l’on dit que parfois, dans la forêt, les fées se racontent leur histoire, se félicitant d’avoir assisté à l’éclosion des arts au détriment de la force, fût-elle chevaleresque, et des instincts brutaux des bêtes que l’on dit sauvages et qui manquent tout simplement d’amour.

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