samedi 27 juin 2020

Au coeur des magnolias


Au cœur des magnolias
Dans un royaume où abondaient des magnolias aux larges fleurs nacrées et veloutées, des oiseaux se relayaient, donnant des concerts pour célébrer les multiples beautés de la nature.
Il advint que des chasseurs eurent vent de ces rassemblements musicaux et alléchés par la perspective de captures d’oiseaux dont la chair délicate était prisée des gourmets, ortolans, grives et autres prises de choix, ils organisèrent un voyage à des fins meurtrières.
Une fée, heureusement, fut avertie par les ondes de ce projet funeste et elle constitua une brigade de lutins habitués au combat pour défendre de justes causes.
Leur chef assigna chacun à un poste d’observation dans les althéas et les lilas des Indes, muni de filets et de frondes dignes de Robin des bois pour arrêter les criminels en puissance.
Quelle ne fut la surprise de ces chasseurs lorsqu’ils se retrouvèrent suspendus dans les airs comme un vulgaire gibier !
La fée Oriane qui était à l’initiative de ces prises réunit les chasseurs dans une tente et les invita à un repas festif d’où les viandes étaient exclues.
Des tourtes aux légumes et des beignets de fleurs, acacia, hibiscus, rose, mauves et violettes charmèrent les convives à qui l’on fit ensuite jurer de renoncer au massacre des oiseaux, quel qu’en soit le prix proposé par un gourmet.
De retour chez eux, après avoir prêté serment et paraphé un document officiel, cérémonial célébré par de l’hydromel et du jus de pommes artisanal, les chasseurs vendirent leurs armes afin de ne pas succomber à la tentation de reprendre le sentier de la guerre, installèrent un salon de jardin spacieux près des magnolias et se surprirent à éprouver de la félicité en écoutant le chant des oiseaux.
Définitivement dégoûtés par les appâts carnés des repas de chasse qui attiraient bon nombre de convives dans leur région landaise, la chasse à la palombe étant le sport favori, les chasseurs convertis devinrent mélomanes et organisèrent des réunions dédiées à la musique.
Les repas servis à la clôture des fêtes étaient un modèle d’ode aux produits de la terre.
Pommes de terre farcies au fromage de chèvre aromatisé à la ciboulette et au coriandre, salades de tomates et de mozzarella décorées d’olives aux amandes, pastilla de légumes anciens et de miel, beignets d’agrumes, tartes aux fruits, aux noix et aux noisettes firent oublier les agapes rabelaisiennes auxquelles les convives étaient accoutumés et ce fut le lancement d’une mode qui permit enfin aux oiseaux et aux animaux de la forêt de vivre en paix.
Ils avaient déjà fort à faire pour lutter contre les caprices du climat pour devoir encore se garder de la folie des hommes qui consiste à se faire plaisir en tuant d’innocentes créatures.
Espérons que cette fable donnera à réfléchir aux amateurs d’armes : lorsqu’on en possède, on est toujours tenté de s’en servir, sans réfléchir et sans état d’âme.
Que le chant des oiseaux sublime cette histoire, donnant des ailes aux promoteurs de la paix !

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