jeudi 27 février 2020

L'enchanteur aux mains étoilées


L’enchanteur aux mains étoilées
C’est ainsi qu’on le nommait, l’enchanteur, en raison de ses mains étoilées, de son regard d’émeraude et de sa voix prenante, aux accents rocailleux.
Sa haute taille et son talent oratoire faisaient de lui un prophète, parfois terrifiant quand on voulait le contredire.
Il lui arrivait de rire mais c’était exclusivement en compagnie d’une dame chérie et il lui arrivait aussi de s’assombrir en songeant à son enfance et les jours de pauvreté qui l’avaient singularisée.
Il se souvenait amèrement des vêtements usagés que l’on donnait à sa mère et qu’il portait à contrecœur car ils faisaient de lui une sorte d’épouvantail à moineaux et ses camarades de classe  reconnaissaient les vieux habits déchirés que la pauvre mère avait rapiécés, ce qui ajoutaient à sa honte.
C’est dans le château de Montségur, en ruines depuis le passage des chevaliers du Roi de France que ses ancêtres avaient péri, certains sur des bûchers et l’on dit que l’odeur pestilentielle du supplice avait longtemps hanté la mémoire des pauvres.
L’enchanteur avait plusieurs fois entrepris le voyage à Saint Jacques de Compostelle mais il s’était toujours arrêté en chemin, peu certain de l’utilité de ce voyage.
Il écrivait des poèmes, privilégiant la forme mise à l’honneur par les écrivains de la Pléiade et en ces moments d’écriture, il connaissait une forme de bonheur.
Je l’ai rencontré, admiré mais une forme de retenue m’a empêchée de le suivre sur les chemins caillouteux qu’il avait empruntés.
Les cieux déracinés, son œuvre principale, restent dans ma mémoire et il m’arrive de citer quelques strophes comme une nouvelle aurore.

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