mardi 29 septembre 2020

La Rhapsodie de Lilian

 



En cueillant les dernières roses du jardin, Lilian réalisa de magnifiques compositions et souhaita les pérenniser en créant une rhapsodie.

Il se mit au piano et chercha les accords magiques susceptibles de charmer l’oreille à la manière de Liszt ou d’Erik Satie.

Ne voyant pas le temps passer tant il se passionnait pour cet imaginaire créatif, il fut surpris, un jour, en entendant sonner à sa porte.

En ouvrant, il eut un choc : la beauté, sous une forme divine, demandait l’asile.

Lorelei au nom de sirène, trempée par la pluie, entra chez lui en grelottant.

Lilian la conduisit à la salle de bains, lui offrit un peignoir, des serviettes de bain, des mules en éponge et pour se vêtir, au sortir de la douche, un kimono qu’il avait acheté un jour, en pensant à la reine de sa vie qui ne manquerait pas d’apparaître à l’orient de ses amours.

Lorsqu’elle entra dans le salon, vêtue de ce kimono de rêve avec des mules brodées assorties, ses beaux cheveux lavés, séchés, brossés et coiffés en un élégant chignon, Lilian trouva l’arpège qui  lui manquait et mit le point final à sa rhapsodie, point d’orgue de sa recherche qui s’avérait aussi sentimentale que musicale.

Lorelei avait apporté avec elle, en dépit de la pluie, un soleil d’or et l’amour.

Les jeunes gens devisèrent aimablement auprès du feu de bois que Lilian avait allumé pour réchauffer définitivement la merveilleuse jeune fille envoyée par la pluie.

Un titre pour la rhapsodie s’imposa à l’esprit du compositeur, celui de Rhapsodie de la pluie couleur soleil.

Il ferma un instant les yeux et lorsqu’il les rouvrit, il était seul, Lorelei avait disparu, laissant sur le dos du fauteuil le kimono, soigneusement plié.

Aucune trace visible de la présence d’une baigneuse dans la salle d’eau.

Lilian dut reconnaître qu’il avait rêvé.

Il remercia la divinité qui lui avait envoyé l’apparition, lui permettant ainsi de terminer sa rhapsodie sur une note lumineuse, prometteuse d’amour.

C’est en interprétant sa Rhapsodie de la pluie couleur soleil, sur scène, qu’il aperçut, au douzième rang, la belle Lorelei, vêtue et coiffée comme une geisha.

Elle lui sourit et l’idylle se noua à la fin du spectacle dans un restaurant vietnamien, illuminé par des lanternes rutilantes, à l’abri d’un paravent laqué qui garda leurs secrets.

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