samedi 26 septembre 2020

Miroirs, perles et poudre de riz

 



Dans les miroirs de nos grands-mères, les perles de leur âme se mêlaient à la poudre de riz pour en faire un nuage précieux.

Ainsi parées, elles voguaient à l’infini et leurs broderies s’inspiraient des fantastiques voyages qu’elles entreprenaient sans jamais sortir du patio où murmurait l’eau de la fontaine près d’un bel oranger.

Elles respiraient le parfum du jasmin et des roses, élixir d’amour.

Peu leur importait si le prince de leurs rêves ne venait pas demander leur main, elles épousaient celui qu’on leur avait choisi et tâchaient de s’en faire aimer.

Elles rêvaient cependant à des ailleurs bleus, tapissés de lys blancs et de boutons d’or ou de cyclamens.

Les volubilis, les liserons et les églantines devenaient pour elles un thème de l’amour inaccessible, celui qui entoure un palais d’ivoire où se meurent l’ancolie, la fleur des poètes et les iris symbolisant le désir avec les glaïeuls.

Entourées de fleurs, elles devenaient les grandes prêtresses de l’immense prairie où s’ébattent les chevaux sauvages et les biches.

Dans leur miroir, nos aïeules se voyaient telles qu’elles auraient voulu être, belles, libres et se mouvant avec grâce dans un paysage féerique.

Mais la réalité les rattrapait sur ces chemins de l’évasion alors vite, elles saisissaient une houppe soyeuse pour se draper dans la poudre de riz parfumée qui leur donnait ainsi l’illusion de la féerie qui voile d’un nuage doré la mélancolique réalité de la vie.

 

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