mercredi 17 mars 2021

L'Orient-Express

 



Victime et coupable à la fois, Matthias, après avoir retrouvé son équilibre, sa plaie étant cicatrisée, fut incarcéré au vu de ses méfaits et des soupçons de viols sur une personne fragilisée par des stupéfiants ingérés à son insu.

Au sortir de l’hôpital, Aurore retrouva la maison des contes avec un bonheur mitigé de douleur.

Elle pria Jade et Albertine de rester en sa compagnie, ce qu’elles firent avec plaisir.

Par courtoisie féminine, Jade n’écrivit aucun article concernant l’aventure douloureuse d’une amie mais Aurore la pria d’informer ses lecteurs.

«  Il est bon que les jeunes filles soient au courant de ma triste aventure et qu’elles se tiennent sur leurs gardes. Je n’en veux à personne, ni à Florian qui m’a fait don d’un livre merveilleux ni à Pierre Dubois, l’auteur de la fabuleuse encyclopédie.

Je n’’en veux qu’à moi-même et à mon insouciance.

L’étang mystérieux de Fleur-Lez-Lys a été fidèle à sa réputation.

Il est clair que je n’aurais pas dû m’aventurer seule sur ses rives.

Enfin ce qui est fait est fait, n’y pensons plus ».

Elle venait à peine de terminer sa phrase que des invités se présentèrent, sollicitant une entrevue.

Il s’agissait de Pierre Dubois et de Marianne qui lui tomba dans les bras.

«  Il a fallu que je traverse des péripéties douloureuses pour que quelqu’un se souvienne de moi » dit plaisamment Aurore et les deux amies s’éclipsèrent gaiement dans la maison en pain d’épices tandis que Pierre racontait aux maîtresses de maison l’une des histoires dont il avait le secret.

On prolongea ces moments agréables par une commande de couscous convivial et de pastillas à la rose.

Aurore perdit de vue, l’espace d’une soirée, les souvenirs douloureux et charnels inscrits au plus profond de son être.

Pierre et Marianne occupèrent une chambre d’amis, au vu des libations, certes raisonnables, mais tout de même alcoolisées, prises pour accompagner le repas, notamment un Nuits-Saint-Georges capiteux et délicieux.

Seule, Aurore s’en tint à l’eau et au jus de fruits, son état mental nécessitant la plus grande rigueur.

Le lendemain, au petit-déjeuner, la jeune femme fit part de ses projets à ses amis.

Pensant qu’elle avait subi un échec cuisant dans sa relation à la féerie, elle songeait à renouer avec le rêve en prenant l’Orient- Express, l’un de ses fantasmes et de laisser la distance et le temps jouer en sa faveur.

Elle laisserait sa maison des contes aux bons soins de Jade et d’Albertine qui avaient si bien su préserver le charme de ce petit royaume enchanté.

«  Nous ne vous laisserons partir qu’à condition que vous soyez accompagnée dit Albertine sentencieusement car, figurez-vous, chère Aurore, que des bandits cherchent à s’emparer des bijoux et des biens divers des riches voyageurs sur cette ligne chère à Agatha Christie et aux élégants du siècle passé ».

Florian proposa à Aurore son concours.

«  Je vous servirai de chaperon bien volontiers si vous acceptez ma présence dit-il malicieusement et je serai heureux de voyager à vos côtés.

Je pourrai dessiner à volonté. Tel Eugène Delacroix, tenant ses carnets de voyages dans la belle Alger, j’engrangerai de quoi réaliser de fabuleux tableaux à notre retour.

Quant à vous, chère Aurore, vous pourrez renouer avec l’univers des contes en imaginant de fantastiques histoires par l’observation des voyageurs et des paysages et j’espère que je serai la réincarnation d’un beau prince, éperdu d’amour pour une belle princesse cachée au fond d’un bois ou enfermée dans une tour gardée par un dragon ».

Aurore se détendit à ce discours et elle toucha la paume de son ami en guise d’assentiment.

Le calme revint à Fleur-Lez-Lys et après le départ du couple d’amis pour l’orient, chacun commenta les récents événements, mettant en garde les enfants et les adolescents contre les escapades liées à la rêverie qui pouvaient s’avérer être l’horizon de tous les dangers.

 

 

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