samedi 6 mars 2021

La fée des ténèbres

 



Dans un mouvement d’humeur, Malficia, la fée des ténèbres jeta un voile sombre sur le monde et fit éclore des fleurs vénéneuses qui s’en prirent aux humains.

Les ménagères qui avaient l’habitude de cueillir des plantes aromatiques pour agrémenter leurs plats à base de mauves , de capucines et de prêles empoisonnèrent leurs proches sans l’avoir souhaité.

Qui penserait à incriminer des fleurs ?

Cependant, Dame Aurore fut plus avisée que ses voisines et avant de confire des pétales de roses ou de violettes puis de préparer des gelées de fleurs, elle eut une hésitation. Bien lui en prit car le poison se serait infiltré par ce biais dans les veines des personnes de sa famille et de ses amis.

Malficia ne voulut pas que les peuples nordiques ne soient en reste et elle empoisonna le lichen dont se nourrissaient les rennes et elle jeta des boulettes empoisonnées dans les fonds marins, ce qui provoqua le décès de morses, phoques et poissons d’origine diverse.

Satisfaite de tous ces méfaits, Malficia se retira dans son château hanté, gardé par des loups et s’endormit.

Heureusement, la fée des lumières intervint pour que cessent les maléfices.

Elle distribua à pleines poignées des fleurs d’acacia et des branches de mimosa, demanda à toutes les fées disponibles, naïades, dryades et petites fées aux ailes de papillon, de déposer partout les fleurs qui rendraient à la nature toute sa beauté et ses valeurs nutritives traditionnelles.

Les pays nordiques furent secourus par des lutins aux patins d’argent et à des korrigans circulant en traîneau.

Ils parvinrent à arrêter le courant nocif qui tuait les animaux des forêts et les poissons en jetant dans le courant des blocs de glace où l’on avait inséré  des boules de gui «  mimosa nordique » comme le disait Francis Ponge.

Petit à petit, la nature reprit ses droits et les bonnes fées de tout acabit demandèrent aux griffons et aux centaures de neutraliser Malficia en entourant son château d’une muraille infranchissable qui la tiendrait à l’écart du genre humain et de la nature.

Et c’est ainsi que se termina la plus grande pandémie du monde qui, de chauve-souris en pangolins venus des forêts profondes en passant par d’adorables visons et autres animaux à fourrure, contaminèrent les humains qui avaient négligé les équilibres naturels d’une terre qui n’était pas inépuisable et qui pouvait tout simplement mourir comme meurent les roses et autres témoins de la beauté universelle.

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