vendredi 5 mars 2021

La force du destin


La force du destin

Déterminé à connaître la vérité, soucieux de rétablir Aurélien de Malestroit dans ses droits, de lui rendre honneur et amour et enfin décidé à poursuivre un homme pour son usurpation d’identité, Max rentra à Fleur-Lez-Lys.

Son premier travail consista à la tenue d’un document circonstancié, faisant montre de ses doutes et il envoya cet opuscule au colonel Axel des Tournelles.

Il en adressa une copie à Romuald à qui il fit part de son hypothèse.

Pour une raison qui restait à préciser, Arthur Louis avait propulsé Aurélien de Malestroit dans le monde militaire dont il ne voulait plus faire partie et s’était mystérieusement évaporé, sous une fausse identité vraisemblablement.

Un mandat d’arrêt à son nom d’origine pourrait être lancé à Interpol afin de mettre la main sur le malfaiteur.

Le plus urgent consistait à soustraire Aurélien des services spéciaux de l’armée qui devaient déployer des ruses subtiles et féroces pour lui faire cracher le morceau comme on le dit vulgairement, ce qu’il ne pouvait faire, étant donné qu’il était totalement innocent et qu’un être maléfique, son double diabolique l’avait jeté, pieds et poing liés, dans une guerre qui n’était pas la sienne, encore moins que pour tout autre soldat de la grande armée de l’ombre chargée de ratisser le désert.

Certains titres de romans lui revenaient à la mémoire, Le désert des Tartares, Antinéa et tant d’ouvrages dans lesquels il était question de guerres perdues d’avance, le mot « désert » contenant en soi la certitude de la défaite.

Evidemment, pour le colonel, il faudrait fournir une preuve.

Une hypothèse géniale, étayée par des éléments subliminaux, ne restait qu’une illusion.

Il suffisait, au départ, de vérifier les empreintes digitales du malheureux jeune homme à qui l’on demandait des comptes en perdant de vue l’hypothèse, vérifiable, qu’il n’était qu’une victime dans cette aventure.

L’affaire fut menée rondement par un colonel déterminé à laver l’honneur de l’armée.

Les empreintes parlèrent : Aurélien de Malestroit avait joué, bien malgré lui, le rôle d’un homme de paille tandis qu’un déserteur l’avait livré à un destin qui n’était pas le sien.

On libéra Aurélien avec maintes excuses et le colonel l’emmena lui-même dans son manoir où l’attendait fébrile ment la belle Djamila qui n’avait pas usurpé la métaphore de perle du désert.

En revoyant sa femme bien aimée, Aurélien retrouva la mémoire et tous les pans de l’iceberg cérébral qui étaient enfouis dans une mer glacée resurgirent, provoquant un geyser de bonheur.

Le colonel se fendit en excuses, promit des dédommagements substantiels et il reprit la route pour Fleur-Lez-Lys afin de préparer la fête promise.

On retrouva un corps poignardé dans une maison de plaisir à Bangkok et l’étude du cadavre et de ses empreintes digitales, confrontée à la description précise contenue dans le mandat d’arrêt international, établit formellement qu’il s’agissait bien d’Arthur Louis.

Soulagé de ne pas avoir à poursuivre le renégat en justice, le colonel prit sur lui de régler le problème des obsèques et il clôtura le dossier, ajoutant néanmoins un fait d’armes personnel à Aurélien de Malestroit qu’il décora de la légion d’honneur.

La force du destin ayant penché pour la morale et l’honneur, le colonel, après avoir participé aux fêtes qu’il avait financées, rejoignit son régiment, heureux d’en avoir terminé avec une inextricable histoire qu’un portrait avait dénouée.

Fleur-Lez-Lys retrouva sa quiétude.

Lisa- Marie se demanda si l’aventure dont elle avait été le témoin n’était pas supérieure à l’intrigue historique dont elle ne voyait pas la fin et elle rangea définitivement Les larmes du soleil dans sa boite d’archives. Ce serait ainsi le roman inachevé de sa vie.

Elle devint, plus que jamais, une figure centrale de la commune et il lui arriva même de se rendre au café «  Chez Marius » où elle rencontrait Max et Florian avec plaisir.

«  A quand la prochaine enquête, lança le vieux Léon ?

Laissons le sort en décider répliqua placidement Max et il conclut en disant : Buvons à la perle du désert dont chacun pourra rêver et gardons l’idée qu’il ne faut jamais envier le bonheur d’un voisin, a fortiori celui de son meilleur ami » !

 

 


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