vendredi 12 mars 2021

Amours fabuleuses

 



Réduite à sa taille de poupée, Aurore s’habituait peu à peu à son nouvel environnement et elle attendait fébrilement la venue d’Orlando, ce charmant lutin toujours plein de prévenance à son égard.

Petites fées et korrigans tâchaient de lui rendre la vie agréable.

On baignait Aurore puis on enduisait son corps d’une crème à base de roses qui la faisaient voyager dans une vallée célèbre pour ses fleurs royales. Ensuite, on lui passait délicatement de ravissantes toilettes brodées et on brossait ses cheveux pour la coiffer, toujours différemment et avec beaucoup d’élégance.

Elle se nourrissait le plus souvent de bouillons savoureux, d’omelettes mousseuses et de salades composées. Des crèmes légères et des gâteaux fleurant bon le beurre et des parfums subtils complétaient ces plats qui n’avaient rien à envier à ceux qu’elle commandait au cuisinier ambulant de Fleur-Lez-Lys.

Lorsqu’Orlando pénétrait dans la pièce, une odeur de sous-bois, de jacinthe et de muguet flottait comme un voile de liberté.

Il offrait un peu de ce voile à Aurore et tous deux voguaient dans un espace passionné.

Un soir, Orlando s’attarda plus que de coutume, demanda à Aurore la permission de participer à sa toilette du soir, ce qu’elle accorda, non sans rougir.

Lorsqu’elle fut vêtue de sa chemise de nuit, Orlando se changea derrière un paravent et se glissa avec beaucoup de naturel dans le lit où reposait sa dame d’amour.

Il lui caressa le corps avec infiniment de délicatesse, l’embrassa voluptueusement et cueillit la fleur charnelle de son être.

Aurore s’évanouit presque de bonheur et lorsqu’elle s’éveilla, elle était étroitement enlacée au corps mutin de son elfe d’amour.

Ils passèrent de merveilleux moments, chacun croyant défaillir de bonheur.

Lorsqu’Orlando partit, Aurore crut qu’on lui arrachait le cœur et des larmes turquoise jaillirent spontanément de ses beaux yeux.

«  Ne pleurez pas, ô ma douce, dit l’elfe amoureux, je vous adore, vous êtes ma reine, ma déesse et je ne pourrai plus vivre sans vous.

Cependant, mes fonctions, celles du Prince Lutin de Madame d’Aulnoy, m’obligent à surveiller les abords boisés de l’étang mystérieux où nous nous sommes rencontrés.

Je reviendrai, les bras chargés de présents collectés dans la nature, je couvrirai votre corps de perles et de fleurs et je vous aimerai encore, à vous faire défaillir.

Je cueillerai sur vos lèvres vos promesses d’amour et j’en ferai un collier que je porterai, pour vous, en un acte passionné pour l’éternité ».

Aurore n’eut pas le loisir de répondre car Orlando avait profité d’un rayon lumineux pour se fondre en lui, comme un témoin poudré d’or.

Cependant, les jours passèrent sans que revienne l’elfe aimé.

Après s’être inquiétée, Aurore pensa qu’il en allait dans le monde des elfes comme dans celui des humains et qu’après avoir juré un amour éternel, l’être passionné passait à d’autres activités.

Elle se repentit ensuite d’avoir eu ces pensées peu amènes car des korrigans apportèrent le corps de son bien-aimé sur un brancard.

Il avait perdu connaissance et portait une plaie à la tête.

Une fée spécialisée dans l’usage des plantes lui apporta les premiers soins, nettoya la plaie, lui appliqua un cataplasme cicatrisant et banda la plaie avec une toile végétale.

Elle parvint à lui desserrer les lèvres pour lui faire absorber un élixir de vie.

Orlando bougea les lèvres et dit «  Aurore » dans un soupir, prouvant ainsi à sa bien-aimée qu’elle n’était pas oubliée.

Aurore lui prit la main et la couvrit de légers baisers.

Le miracle eut lieu : Orlando ouvrit les yeux et tenta de prendre Aurore dans ses bras.

Les korrigans le déshabillèrent, lui passèrent une chemise de lin, le mirent au lit puis s’éclipsèrent, laissant le couple à la redécouverte de leurs corps et de leurs amours.

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