Conseil de guerre à la maison des contes

 

Florian alla de bon matin chez Max pour l’informer des petits riens qu’il avait glanés la veille.

Max fut vivement intéressé par la personnalité de Pierre Dubois, trouvant étrange qu’il ait laissé sa longère à l’abandon pour vivre dans une chaumière avec une jeune femme qui, ô chance, avait connu Aurore enfant.

Les deux amis décidèrent de rendre visite à Jade dans la maison des contes pour lui faire cadeau de ces données qui, pour l’instant, faisaient de l’elficologue le meneur de jeu de l’intrigue.

Jade fut heureuse de recevoir leur visite et elle se déclara honorée d’être tenue pour une personne de confiance.

En présence d’Albertine de Montmorency, Max qui avait l’habitude des synthèses relata sobrement la démarche poétique et artistique de Florian qui avait permis d’établir une sorte de toile d’araignée dont un elficologue était la pièce principale.

«  Je vous épargnerai bien des démarches dit Albertine en vous disant que Pierre Dubois ne peut être soupçonné si ce n’est d’un romantisme étoilé. Lors de son arrivée dans la commune, nous avons travaillé sur son profil car nous avions tous la hantise de revivre un drame similaire à celui de la petite Elisabeth.

Les bons bourgeois se méfiant toujours des artistes, nous ne voulions pas être taxés de laxisme.

Je vous confirme que rien, dans le parcours de ce poète fantaisiste, n’a attiré notre regard de manière défavorable.

Il nous a semblé qu’il cherchait, par tous les moyens, à réparer une enfance brisée et que son mode de vie visant à mettre en lumière le monde des lutins concourait à lui rendre une harmonie des origines conforme à son idéal.

Quant à sa compagne, Marianne Leleu qui fut, dans sa prime jeunesse, meneuse de revue dans un cabaret lillois, il n’y a rien à dire si ce n’est qu’elle a été l’amie de notre disparue, Aurore Beaupin.

Les petites filles étaient à ce point inséparables que l’institutrice de l’époque fit tout pour les empêcher de se voir. Elle présentait Aurore au concours d’entrée en sixième du lycée de Douai et elle jugeait l’emprise de Marianne sur sa candidate néfaste à la réussite de son entreprise.

Aurore réussit le concours et partit au lycée, ce qui simplifia la rupture entre les deux enfants voulue par des adultes, parents des fillettes compris.

Albertine de Montmorency, vous nous avez considérablement éclairés reconnut Max et nous allons explorer toutes ces pistes, y compris celle qui mène au lycée de Douai ».

Jade trouva que l’affaire devenait passionnante et elle remercia chaleureusement Albertine pour son concours.

Florian fit une esquisse représentant les personnes présentes à la réunion puis il réalisa un portrait d’Aurore, si beau que chacun voulut en avoir une copie.

Jade commanda un repas pour tous au cuisinier ambulant et chacun se prépara à passer un moment de détente face à l’énigme haletante causée par l’absence d’Aurore.