lundi 1 mars 2021

Consternation à Fleur-Lez-Lys

 



C’est sous bonne escorte que partit Aurélien de Malestroit. Celui qui était venu au village, auréolé de la figure du héros, semblait être devenu subitement un ennemi de la patrie, traître à son armée, quoi qu’il en soit.

« A-t-on idée de tomber amoureux d’une Djamila, fût-elle d’une beauté éblouissante, quand on traque des djihadistes ? C’est tout de même incongru » murmurait-on dans le rang des militaires chargés d’emmener le suspect vers une destination qui n’avait rien d’une villégiature.

Des anciens du village qui avaient participé, bien malgré eux, à la guerre d’Algérie, guerre qui ne voulait pas assumer ce nom puisqu’on l’affublait du mot «  Pacification », prirent fait et cause pour celui qui préférait le piano et les arts à la discipline militaire.

Ils tentèrent de s’opposer à l’enlèvement du pacifiste mais ce fut en vain et les véhicules partirent dans une envolée de poussière.

«  Si j’avais pu rencontrer une Djamila dans le djebel, j’aurais déposé les armes sans hésiter et je serais resté à ses côtés pour l’aimer » dit Henri Lespagnol qui avait gardé de son séjour forcé en Algérie un souvenir cuisant, au point qu’il ne s’était jamais marié, causant le désespoir de sa famille.

«  J’ai vu trop d’horreurs là-bas disait-il pour se justifier. Ma vie s’est brisée et je la poursuivrai, avec ses chaos, jusqu’à ce que Dieu me la retire ».

Le colonel Axel des Tournelles dut promettre aux anciens combattants que l’usurpateur présumé serait bien traité et il fit une annonce qui mit un peu de baume au cœur de tous les habitants.

«  Lorsque l’affaire sera tirée au clair et si elle l’est, ce sera surtout grâce à vous qui vous êtes montrés si hospitaliers, j’offrirai les services de mon unité à la commune pour qu’elle organise une belle fête, dans l’esprit des ducasses, avec le banquet approprié et nous vous révèlerons ce que nous avons appris.

Je viendrai également, quoi qu’il arrive, décorer Florian, ce grand artiste qui a permis de trancher le nœud gordien de l’énigme. Nous ferons connaître son œuvre et, s’il le souhaite, il pourra devenir le peintre attitré de notre compagnie ».

Sur ces mots réconfortants, le colonel partit, non sans avoir remercié Lisa-Marie à qui il envoya, par la suite, de somptueux bouquets de fleurs pour avoir si bien contribué à l’enquête par sa souriante présence et sa généreuse participation.

«  L’armée que je représente vous sera infiniment reconnaissante » dit-il en baisant galamment la main de la romancière qui se retrouva ensuite bien seule.

Je n’ai plus de prétexte, à présent, se dit-elle, pour ne pas achever Les Larmes du Soleil !

«  A nous deux, héros aztèques d’un empire disparu ! Il est temps de vous faire ressurgir des espaces où fleurissent les cactus et la poésie » !

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire