jeudi 11 mars 2021

Florian mène l'enquête

 



Furieux contre lui-même d’avoir peut-être incité Aurore à se rendre à l’étang où l’attendait une personne mal intentionnée, Florian réalisa plusieurs esquisses de la jeune femme puis il passa une pèlerine et partit en direction de la longère de Pierre Dubois.

Il avait préparé une explication plausible pour sa venue mais il n’eut pas à s’en servir car il trouva porte close.

La maison semblait abandonnée car des herbes folles envahissaient les abords du perron et du courrier dépassait de la boite postale. Une lettre en provenance des Beaux-Arts de Valenciennes était prête à tomber.

Florian la prit machinalement, se promettant de la remettre à son destinataire lorsqu’il le rencontrerait.

C’était sans doute une invitation à un événement festif, Pierre étant un ancien élève des Beaux-Arts.

Florian marcha autour de l’étang et il s’apprêtait à revenir chez lui lorsqu’il aperçut une lueur dans les profondeurs d’un bras de terre ancré en forme d’anneau.

Il suivit la lumière et découvrit une maison avec un toit de chaume tout à fait avenante.

Le cœur battant, il s’annonça :

Florian, peintre à Fleur-Lez-Lys.

La porte s’ouvrit, découvrant l’elficologue, Pierre Dubois, en charentaises et robe de chambre.

Heureux d’avoir un motif en poche, Florian tendit la lettre, expliquant qu’elle était sur le point de tomber dans la boue.

L’artiste le fit entrer et Florian vit qu’il n’était pas seul.

Une jeune femme semblable à une sylphide reposait en robe de mousseline et châle en cachemire sur une bergère sophistiquée, brodée à l’ancienne.

«  Marianne », présenta Pierre sobrement en avançant un fauteuil Voltaire à son invité.

Il apporta des boissons, servit son hôte et son égérie et décacheta négligemment la lettre qu’il posa sur un guéridon.

Florian l’informa de l’absence inquiétante d’une nouvelle venue au village et brossa son tableau en quelques mots.

Chacun restant silencieux, il demanda un cahier d’esquisses et de quoi crayonner et il campa, de mémoire, la belle Aurore dont tout le monde déplorait l’inexplicable absence.

«  Mais c’est Aurore s’écria Marianne, à l’étonnement des deux hommes.

Aurore, est-ce possible ? murmura Pierre, comme elle a changé !

Pas du tout dit Marianne, elle est restée telle que je l’ai connue quand elle était une petite fille.

Elle m’a montré, un jour, sa poupée Boucle d’Or mais tout le monde, à l’école, se souvient d’elle comme une insatiable lectrice, amoureuse des contes de fées notamment ».

Dire qu’il a fallu qu’elle disparaisse pour que quelqu’un se souvienne d’elle pensa amèrement Florian.

Puis il jugea qu’il était temps de partir en laissant le couple à son intimité.

Il rentra chez lui, heureux d’avoir une information à donner à Max le lendemain.

Ce fin limier saurait faire parler les détails récoltés au hasard de sa promenade autour de l’étang mystérieux.

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