jeudi 19 septembre 2019

Le retour de l'enchanteur


Le retour de l’enchanteur
En reprenant les cours de littérature à l’école où il régnait toujours une atmosphère paisible et digne des souhaits de Rabelais, Tiphaine retrouvait la sérénité et il lui semblait que les heures noires connues lors de son rapt étaient loin derrière elle.
Or, au détour d’une allée dans le parc, elle eut la surprise de se trouver en face de son ravisseur. Sa silhouette était gravée dans sa mémoire de même que son masque vénitien, fort seyant mais portant à réflexion : que se cachait-il derrière ces dentelles ? Quel visage avait-il en un mot ?
Afin de détendre l’atmosphère et d’empêcher la jeune fille de s’enfuir, Louis tel qu’il s’était prénommé lors de son enfermement, lui tendit une liasse de feuillets qui n’étaient autres que les écrits dont elle avait mûri l’écriture dans le château devenu son habitation bien malgré elle.
« Chère Tiphaine, je tenais à vous rendre votre bien car je ne doute pas que ces écrits soient pour vous très précieux.
Depuis votre départ, je me morfonds et ne sais plus qui je suis.
J’erre dans le parc de mon château, sans but et avec une telle mélancolie que je ne tiens plus guère à la vie.
Sans vous, la vie m’est devenue un fardeau et si je peux vous aider dans une mesure possible, c’est avec bonheur et gratitude que je m’acquitterai de la dette que j’ai envers vous pour vous avoir ainsi enlevée.
La passion, aveugle j’en conviens, m’a contraint à user d’agissements contraires aux usages des honnêtes hommes et je viens à genoux vous demander pardon ».
Tiphaine releva l’enchanteur et lui proposa de s’asseoir de concert sur un banc du parc pour deviser comme des amis, à la seule condition qu’il enlève ce masque qui lui semblait être un objet d’éloignement.
Louis ôta ce masque et il apparut tel qu’il était, un fort bel homme, séduisant et agréable à voir.
« Pourquoi donc avoir caché ce visage et agir de manière étrange en me capturant ainsi ? » dit Tiphaine avec beaucoup d’à propos.
C’est un acte que je ne m’explique pas moi-même soupira le jeune homme. Je crois que je redoutais de ne pas vous plaire.
Qui peut savoir qu’il est beau si une personne aimée ne vous le dit pas ? ajouta-t-il.
Ils parlèrent peu car les cours allaient reprendre pour Tiphaine mais ils se donnèrent rendez-vous aux prochaines vacances de la jeune fille.
Tiphaine repartit en serrant sur son cœur sa liasse de feuillets et elle se promit de consacrer son temps libre à la rédaction d’un mémoire qu’elle nommerait tout naturellement Voyage au pays de l’enchanteur.

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