mardi 24 septembre 2019

Richesses Automnales


Richesses Automnales
La fée des Lumières organisa des séminaires de sommellerie pour aborder de manière concrète et ancestrale la venue de l’Automne, avec son beau cortège de fruits et de légumes destinés à la fabrication de potages veloutés et magiques et naturellement ses vendanges.
Figues, tomates et poivrons, piments, courges sous toutes leurs formes, butternut étant la plus prisée, raisin de table, pommes furent de tous les menus.
Le supplément fut mis en conserves : elles égaieraient les menus d’hiver, rendant ces derniers plus gustatifs et colorés.
La venue des vendanges fut préparée avec soin et la fée s’ingénia à mettre un terroir à l’honneur car il plongeait dans une histoire qui formait une chaîne de richesses et d’ouverture sur le monde, il s’agissait de l’Aquitaine qui avait longtemps oscillé entre l’appartenance à la France et à l’Angleterre de par les alliances entre rois et princesses, la plus célèbre demeurant Aliénor d’Aquitaine.
Des sommeliers furent conviés à l’école et des cours d’apprentissage commencèrent sous la houlette d’une fée des vendanges qui tenait sa notoriété d’une incursion dans une petite bourgade, Labastide d’ Armagnac qui se proclamait reine de ce nectar venu du fond des âges.
Mais si les alcools et les apéritifs tels que le floc ou fleur d’Armagnac tenaient le haut du pavois, les vins qui étaient à la portée de la population connaissaient un regain d’intérêt.
Les vins de Cahors, si prisés par les Anglais, que l’on acheminait par gabarres jusqu’au port de Bordeaux pour mettre la voile sur le royaume d’outre-manche, redevenaient à la mode et l’on aimait savourer ces boissons dont la couleur noire n’était pas sans rappeler les fruits des taillis, mûres ou cassis.
Madiran abritait des vignes qui étaient précieuses et offraient les possibilités de vins élaborés et pratiquement parfaits.
Tout le monde avait en mémoire la légende selon laquelle le bon roi Henri qui avait prôné la poule au pot du dimanche pour tous, avait eu les lèvres humectées par le vin de Jurançon après qu’on lui eut passé une gousse d’ail sur la bouche pour le fortifier, dès sa naissance.
Ce même roi Henri avait, dit-on, l’habitude de s’arrêter dans la ville de Labastide d’Armagnac car une beauté locale avait les honneurs de son amour et il admirait les arcades de la ville au point de les faire reproduire à Paris.
Chacune de ces villes eut une place royale et l’on peut encore admirer à Labastide d’Armagnac des maisons à colombages qui servent de relais-témoin d’un passé glorieux.
Des séances d’initiation à la sommellerie eurent lieu à l’école, sous l’égide de professeurs intéressés par cette discipline peu connue qui plonge le novice dans un état proche de l’ivresse des cimes.
Cet état singulier atteignait son nirvana sans qu’il soit besoin de boire ces breuvages car il suffisait de humer et de déguster du bout des lèvres de petites quantités pour connaître pleinement le nectar proposé.
Ces cours connurent un immense succès et l’on retint quelques sommeliers pour les cuisines car la direction pensa que l’on ne pouvait pas se passer de ces services qui avaient fait la renommée mondiale du pays.
Les richesses automnales furent également retenues pour le choix de textes littéraires qui en proclamaient la beauté et ainsi armés, les pensionnaires de l’école des enchanteurs se sentirent prêts à affronter les frimas de l’hiver qui leur apporterait certainement un charme certain, au détour de chemins de neige et de flambées du soir.

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