vendredi 1 mai 2020

C'est le mai


C’est le Mai
«  C’est le mai, c’est le mai, c’est le joli mois de mai » : cette chanson me revient en mémoire, se mêlant à mes souvenirs d’enfance.
Mon frère Daniel, disparu en l’an 2000, un peu comme s’il pressentait que le siècle nouveau n’était pas fait pour lui, partait dans les bois, la veille ou à l’aube, pour rapporter à notre mère le bouquet éclatant et parfumé du bonheur qui lui échappait sans cesse.
Il y ajoutait la note bleue des fleurs dites Coucou que j’admirais lorsque Maman les baignait dans un vase de cristal que je lui avais offert pour la fête des mères, préférant aux courses vagabondes la tranquillité d’une boutique de province
Je partais superbement en disant : «  Papa viendra payer », ce qui était, convenons-en, le pied de nez à la facilité !
Les émissions télévisées  étaient réduites à leur strict minimum pour célébrer la fête du travail.
Parfois, on avait la chance de voir, écouter et admirer les chœurs de l’Armée Rouge et leurs chants et leurs danses inspirées du pays cosaque, en un ensemble parfait, nous comblaient de joie et nous incitaient à croire aux lendemains victorieux.
Hélas aujourd’hui, ce bel idéal s’est évanoui et des coutumes millénaires ont précipité nos civilisations conquises à la pointe de l’intelligence dans les profondeurs de la Préhistoire.
Imagine-t-on l’homme de Cro Magnon, confiné, à l’abri de la roche au lieu d’affronter l’auroch et le mammouth ? 
Cette étrange époque  que nous traversons, les yeux bandés, restera peut-être dans les annales comme le symbole de l’homme déchu, vaincu par un ennemi invisible et sournois.
Mes fils n’auront pas à courir dans les bois, ce qui, du reste est interdit, car il me suffit de cueillir du muguet dans le jardin, en regrettant toutefois que l’ineffable parfum des sous-bois se soit évanoui.
Vive le Mai et que l’espoir perdure, en dépit de l’ambiante morosité, bien compréhensible d’ailleurs !
C’est le mai, c’est le mai, c’est le joli mois de Mai !

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