lundi 11 mai 2020

Au royaume des dauphins


Au royaume des dauphins
Dans un royaume gardé par des dauphins vivait une princesse dont le plus grand plaisir consistait à nager en compagnie de ces animaux aquatiques dont un ancêtre sauva le poète Arion, jeté par-dessus bord d’un navire par des marins cruels, en mal de stupides divertissements barbares.
Cindy, la princesse sportive, gagna de plus en plus de muscles tout en gardant son charme inné qui faisait d’elle la plus ravissante des princesses.
Les navires restaient au large car aucun capitaine ne voulait donner l’ordre de franchir la barrière des dauphins et c’est ainsi que naquit une légende selon laquelle il y avait une merveilleuse princesse qui ne donnerait son cœur qu’à un prince audacieux, capable de passer outre l’interdit fixé par les dauphins, sans leur causer le moindre mal.
Ce ne fut pas un prince mais un pêcheur d’éponges et de corail qui parvint à franchir la barrière des dauphins et qui posa le pied sur le sable, se trouvant ainsi face à la plus belle créature qui se puisse trouver.
Cindy lui adressa un chaleureux sourire, félicita le jeune pêcheur pour sa collecte de corail et d’éponges et l’invita à venir se détendre en son palais.
Elle donna des ordres pour que des bains parfumés suivis de massages soient offerts au jeune homme à qui l’on présenta ensuite un costume élégant.
Ainsi vêtu, Pascal avait une allure princière et c’est avec joie qu’il prit place auprès de la princesse Cindy qui lui avait demandé de la conduire à la table festive, éblouissante de cristal sous toutes ses formes et d’argenterie sans oublier de la fine porcelaine, décorée de paysages merveilleux.
Le repas fut à la hauteur de la décoration de la table et ce fut un fabuleux enchaînement de mets savoureux : huitres chaudes gratinées, Pithiviers moelleux et fondant, daurade royale sur un lit de champignons et de beignets de calamars, fromage et compotée de rhubarbe et enfin une pièce montée de choux à la crème surmontés de dragées et de mini-roses caramélisées.
De bons vins servaient à faciliter le passage d’un plat à l’autre.
Pascal croyait vivre un rêve éveillé et après avoir échangé des propos doux comme le miel, les jeunes gens se séparèrent.
Notre pêcheur, devenu prince par le bon vouloir de la belle Cindy regagna la suite qui lui était réservée.
Il s’endormit rapidement mais le réveil fut rude : il se trouvait en effet sur le sable, sa récolte d’éponges et de corail intacte à ses côtés.
Plus de vêtements princiers, plus de chaleureuse présence féminine, il était bel et bien seul !
Le cœur lourd, il se sentit incapable de franchir à nouveau le barrage des dauphins et il chercha un endroit paisible qui le protège du soleil ardent qui ne tarderait pas à lui causer des brûlures.
Un berceau de rhododendrons s’offrit à lui et il s’y lova.
Déçu par la tournure finale de sa belle aventure, il s’endormit mais ce fut un baiser qui le réveilla.
Cindy avait dû selon la tradition imposée par ses ancêtres, éloigner le jeune homme pour éprouver la solidité de son amour.
Comme il n’avait pas repris le chemin de l’océan, elle en déduisit qu’il l’aimait et qu’il souffrait de cette mise à l’écart si cruelle.
Pascal répondit au baiser avec fougue et les deux amants reprirent le sentier qui conduisait au palais avec la certitude d’ouvrir la plus belle page d’un roman d’amour qui courrait sur l’écume des vagues, célébré par les dauphins !

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