samedi 30 mai 2020

Les lys de la vallée


Les lys de la vallée
Les lys de la vallée ont fleuri sur les rives du souvenir et les jeunes filles se sont empressées d’en cueillir pour faire des bouquets.
Jadis on les dédiait aux rois et à la reine céleste, Marie dont le mois s’achève sans qu’il y ait eu de processions ou de messes sacrées en sa mémoire.
Côté processions, on peut noter que des cinéastes ont filmé des scènes où l’on exécute un parrain de la mafia au plus fort des alléluias.
Eclaboussés de sang, les lys sont piétinés, formant un tapis végétal où subsiste encore le pistil solaire dont raffolent les abeilles.
Les lys fraîchement cueillis sont disposés dans des vases et jettent leur note de lumière.
«  J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans » écrivait Charles Baudelaire et sans oser me comparer à cet immense poète, je peux dire que je fais mien ce vers merveilleux et si parlant.
Dans la commode de mon âme, il y a de multiples tiroirs et j’en tire parfois un au hasard.
Tantôt c’est un tiroir qui mène à l’ivresse du vin, tantôt c’est la boite à souvenirs qui nous oblige à faire un retour vers l’enfance ou encore à l’amour voué à une servante disparue, plus rarement à une rêverie érotique «  La très chère était nue » bref les tiroirs de nos âmes sont innombrables et en ce qui me concerne, il y en a un, inédit, qui encense l’amour des lys grâce à un support romantique, Le Lys dans la vallée d’Honoré de Balzac et mes souvenirs d’enfance liés aux processions somptueuses, organisées pour le mois de Marie dont il reste une trace dans les chansons populaires et le cœur des officiants.
Les lys de la vallée ont fleuri sur les rives du souvenir et ont embaumé mon cœur, m’entraînant dans une valse qui me conduit au Cantique des cantiques, les tableaux de Greuze, Poussin ou Vermeer de Delft, à l’image de La jeune fille à la perle à qui un amoureux me compara jadis, allant jusqu’à orner le manteau de cheminée d’une reproduction, placée en guise d’ex- voto.
C’est seulement à présent que je mesure la qualité de ce geste car si j’ai toujours aimé les tableaux de Vermeer de Delft, notamment La Dame au chapeau Rouge dont un fac-similé patiné orne mon salon, jeune fille, je détestais toute allusion à ma supposée beauté, refusant que l’on fasse des femmes des objets de désir.
Aujourd’hui, je me promène dans les jardins du souvenir et je respire le parfum enivrant des lys, dernier rempart de la virginale douceur…


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