mercredi 13 mai 2020

La reine Saphir


La reine Saphir
Dans un royaume azuréen, d’un bleu éclatant tant au niveau de l’océan qu’à celui des constructions d’un blanc de nacre peint de motifs turquoise, naquit une petite princesse que l’on prénomma Saphir car ses yeux semblaient avoir été sertis de cette pierre précieuse.
Saphir grandit en intelligence et en beauté et lorsqu’elle devint adolescente, il se passa malheureusement, dans son royaume, des événements dramatiques qui la propulsèrent à la tête de l’état.
Des guerres survinrent, assortis de massacres. Le roi, son père, mourut au combat et la reine le suivit dans la tombe, succombant à un noir chagrin.
C’est ainsi que Saphir devint reine et qu’elle gouverna le royaume d’une main ferme.
Elle revêtit une cuirasse, mania l’épée avec dextérité, monta à cheval avec fougue et c’est sous son commandement qu’en poussant des hurrahs énergiques et virils, les soldats terrassèrent l’ennemi, repoussant les survivants aux extrémités de leurs frontières et incendiant quelques maisons pour laisser un témoignage de leur détermination.
Saphir ordonna que l’on sauve les femmes, les vieillards et les enfants et de retour dans son royaume, elle fit construire un village pour les accueillir en se promettant de veiller à ce qu’il ne devienne pas un foyer séditieux.
Des femmes se marièrent et eurent des enfants, ce qui les incita à oublier les épisodes douloureux de la guerre et chacun aspira à la paix et à ses délices.
La reine Saphir restait vigilante, exploitant le vieil adage : « qui veut la paix prépare la guerre ».
Des tournois furent organisés et le métier des armes trouva ses lettres de noblesse.
Elle ne négligeait pas le versant culturel et de nombreux enfants furent élevés dans l’amour de la lecture, de la littérature, des débats reposant sur la rhétorique, sans oublier l’écrit : on pratiqua la calligraphie et l’on incita les élèves à prendre la plume pour se lancer dans des compositions personnelles.
Roman, expression poétique, satire, essais, tous ces genres furent abordés et l’on accorda une importance particulière au théâtre qui devint une source d’inspiration et de réflexion.
Des pièces naquirent sous la plume d’un jeune homme inspiré et la reine Saphir le décora de l’ordre Turquoise du royaume pour faire de lui un exemple.
Devenu comte, Almeda  fut logé dans une aile du palais et il ne manquait pas de donner lecture à la reine de ses scènes dramatiques ou romanesques selon son inspiration.
Les soirées devinrent scintillantes du fait de ces lectures qui rafraîchissaient l’âme et les personnalités essentielles, écrivain et personnage royal, montèrent une troupe digne du grand Molière.
Les sciences ne furent pas négligées et sous la conduite d’un célèbre mathématicien, Calixte, dont les tenues excentriques faisaient parfois jaser, on ouvrit un salon de mathématique appliquée et ce fut à qui créerait un robot magique ou une ébauche de voiture futuriste.
Bref, on était heureux sous le règne de la reine Saphir et pour ne pas revivre les épisodes du passé, des troupes examinaient avec soin les moindres mouvements étranges qui se produiraient dans tous les points stratégiques du royaume.
C’est dans ce contexte paisible que la reine Saphir décida de ne pas se marier à la hâte et pour ne pas laisser le royaume à la merci de séditions dans le cas où elle disparaîtrait prématurément, elle adopta un enfant né dans le village qu’elle avait fait construire et l’éleva selon les principes princiers.
Calixte et  Almeda devinrent ses précepteurs et l’enfant, prénommé Louis pour la circonstance, grandit en sagesse et discernement et l’on se réjouit de la précaution prise par la reine à qui l’on souhaita longue vie dans le plus beau des royaumes, redevenu azuréen et baigné par une mer aux eaux turquoise où les dauphins venaient se baigner en poussant des cris de bonheur !   

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