samedi 9 mai 2020

La reine des cygnes


La reine des cygnes
Dans une île lointaine habitée par des cygnes, vivait une reine toujours vêtue de blanc. Elle régnait sur ses sujets avec douceur et délicatesse et pour cause : ce sont les cygnes qui l’avaient recueillie, bébé, reposant dans une nacelle d’osier, bien calée sur des coussins moelleux et vêtue d’une robe de dentelle.
Alertée par les appels des cygnes, la fée des grèves avait agi avec célérité après avoir lu un billet épinglé sur ses vêtements : «  Prenez soin de ma petite Virginia car elle n’est pas en sécurité auprès de moi » Ce petit mot était signé Regina sans que l’on sache s’il s’agissait de son titre de reine ou si c’était plus simplement son prénom.
Peu importe se dit la fée, ce qui importe c’est l’éducation de cette adorable enfant.
Elle fit jaillir un palais près de la crique où on avait recueilli son berceau flottant et elle se fit aider par une multitude de petites fées et de lutins travailleurs et astucieux pour que cette habitation soit digne de sa royale filleule : l’enfant portait une petite couronne d’or dans son moise offert à l’océan, ce qui semblait corroborer la piste royale du prénom maternel.
Virginia vécut parmi les petites fées et les lutins et chaque soir, la fée des grèves prenait son repas avec elle, s’informant de ses progrès en lecture et écriture.
Devenue adolescente, elle obtint la permission d’organiser des fêtes à l’occasion de la naissance des bébés-cygnes et c’était un plaisir de la voir aussi maternelle avec ces bébés si charmants.
Un jour, lors d’une promenade sur la grève, elle trouva une amphore cachetée de cire. Prudemment, elle la remit le soir même à la fée et c’est ainsi que sa marraine en apprit plus sur le passé de sa filleule.
C’était un appel de Regina qui confirmait sa naissance royale : elle disait en substance que le danger était enfin écarté et que sa fille pouvait revenir en son royaume et s’y marier si elle en éprouvait le besoin.
La fée montra à Virginia le berceau dans lequel elle avait affronté les flots et les vêtements luxueux qu’elle portait ainsi que sa petite couronne, sans oublier le petit mot qui expliquait ce geste téméraire et fou.
La reine des cygnes dit enfin à sa véritable mère, celle qui l’avait sauvée des vagues et élevée avec tous les critères d’une parfaite éducation, qu’elle hésitait à se rendre dans un royaume inconnu pour y rencontrer une mère qui n’avait pas su la protéger.
La fée n’insista pas et aborda les sujets traditionnels et éducatifs : elle pensa que le temps ferait son œuvre et que la curiosité pousserait sa filleule bien aimée à en savoir plus.
De son côté, elle se livra à une enquête, renouant avec celle qu’elle avait conduite lors de la découverte du bébé mais, cette fois encore, ses pouvoirs de fée se montrèrent impuissants.
La vie reprit son cours dans l’île aux cygnes et leur reine décida de ne jamais quitter cet endroit paradisiaque qui l’avait sauvée de la mort possible et de la haine d’un inconnu.
Elle souhaita organiser un bal et fut aidée dans ses préparatifs par la fée qui ne ménagea pas ses efforts.
On envoya des invitations dans tous les royaumes voisins et lorsque le jour de la réception arriva, il vint des attelages et des barques princières de partout.
Des violonistes jouèrent des mazurkas et des quadrilles sans oublier des valses royales et la reine fut incontestablement la femme la plus courtisée car sa beauté était éclatante et lui conférait un supplément indéniable sur toute beauté singulière.
Elle passa une soirée charmante et prit plaisir à fréquenter des personnes qui ne connaissaient pas son univers marin.
Un jeune homme, vêtu avec élégance mais sans ostentation retint son attention : il se prénommait Vivien et il avait une jolie voix mélodieuse qui semblait faite pour la poésie et le chant.
Virginia se prit à songer à lui avec une sorte de langueur les jours suivants et elle fut aux anges lorsqu’une invitation à se rendre dans le royaume du jeune homme lui parvint sous la forme d’un message porté par une mouette.
La fée conçut une robe féerique pour sa filleule ainsi que des tenues annexes pour des promenades en  bord de mer. Elle attacha le plus grand soin à la confection de chapeaux assortis aux toilettes vaporeuses de la jeune fille puis la confia à un petit groupe de lutins et de fées chargés de veiller sur elle nuit et jour.
La reine Virginia connut des moments délicieux en compagnie de Vivien et ils décidèrent de proclamer leurs fiançailles. La fée des grèves apparut pour donner son accord et l’on entendit le cri des cygnes qui accordaient à leur reine leur gage d’amour pour un bonheur parfait !

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